d’une île d’enfance avant recouvrement de la ville
Je me prends à m’attacher à la vieille ferme des Granges, la halle majestueuse du stockage de grain, derrière le mur les rigoles qui partent pour Versailles et rappellent qu’ici on revient loin dans le passé. Les radars surplombent la vieille cour carrée. La première fois que nous y étions venus, j’avais parlé avec ce vieux monsieur qui réparait un tracteur Massey-Ferguson hors d’âge, puisque les bâtiments maintenant appartiennent aux Domaines et que la ruine s’y installe. Le vieux monsieur n’était pas là ce matin, mais son atelier restait ouvert, le poste à arc posé dans l’entrée. Je me suis permis ces images. Non pour les lui voler, mais parce qu’il n’y avait pas là une odeur, une matière et une forme qui me soient étrangères, qui ne me soient pas enfance. J’ai posé la main sur l’étau, la meule, le manche de la vieille faux. Respiré les vieux caoutchoucs de chambre à air, la graisse de la perceuse à colonne, et la rouille des clous. La terre battue du sol aussi comptait. Tout cela, je le connaissais d’avance. Rares sont les lieux que je dis ainsi nervaliens, dans la pleine acception de ce que Nerval y a laissé de vie. Et moi pour cela il me faut ces mécaniques. Hommage au vieil homme de l’atelier, salut à celles et ceux qui ont eu ici part de leur vie. Nous y exposons, du 9 à fin du mois, les travaux d’écriture réalisés avec la classe de 1ère Bac Pro Commerce de Palaiseau, bienvenue. Et vous apercevrez l’atelier, juste entre l’expo et la batteuse. Partout autour de la vieille ferme, bretelles et ronds-points, laminage de la ville, bâtiments gris qui poussent leurs franges, les cheminées et toits aperçus des centres de recherche. Que deviendra l’atelier, au temps du recouvrement ?
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1ère mise en ligne et dernière modification le 8 novembre 2012
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