
pour en finir avec la vie joyeuse, 28
Un des exercices qui rendit si fameux ce prestidigitateur était celui-ci :
il était devant vous, sur scène, seul et en pleine lumière, et sans accessoire ;
alors, se touchant le bras gauche depuis la main droite, le bras gauche disparaissait ;
ensuite, se touchant l’épaule droite de son menton, le bras droit disparaissait ;
ensuite, levant le genou droit, la jambe droite disparaissait ;
puis, poussant le bout du pied gauche, se supprimait la jambe gauche ;
enfin, agitant transversalement le ventre, le tronc s’effaçait ;
il jouait un instant avec le public, fasciné littéralement par cette tête suspendue, dont le bon sourire s’accentuait – par exemple, roulant des yeux, il faisait semblant avec la bouche d’aspirer des bulles de savon ou autres corps invisibles à proximité, puis la tête disparaissait elle-même ;
l’instant, qui aurait pu prêter à confusion, ne durait pas si longtemps, confrontant les spectateurs à une scène vide : on le retrouvait parmi eux, les spectateurs, émergeant du fond des rangs de fauteuil, saluant tandis qu’ils applaudissaient à tout rompre, bondissant souplement vers la scène pour d’autres exercices.
1ère mise en ligne et dernière modification le 31 janvier 2014
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