A propos de Philippe Castelneau

Ma mère, professeure de danse, à l’adolescence, je me rêvais directeur de revue. Finalement, ayant aussi le goût des livres, plus tard je contribuais à créer une revue littéraire : La Piscine (aujourd'hui disparue). Je vis à Montpellier où je suis libraire. Ce métier me permet de partager quotidiennement ma passion pour les livres, tout en poursuivant mes activités d’écrivain et de photographe. Mon site : https://philippe-castelneau.com

#rectoverso #15 | composition circulaire

  1. L’atelier a toujours été prétexte
  2. L’atelier précède le texte
  3. L’atelier prétexte à procrastination
  4. Procrastiner, c’est écrire aussi
  5. L’ennui est propice à l’écriture
  6. Vraiment ?
  7. Pourquoi toujours préférer repousser plutôt que se coltiner le boulot ?
  8. Écriture photographique du réel. Couleurs, reflets, jeux de lumière. Odeurs. Matières. Clair-obscur. Appliquer le vocabulaire de la peinture aux matières qui forment le texte. Sfumato. Aplat. Lavis.
  9. Je dois faire attention à ne pas me laisser enfermer dans une sorte de boucle narrative.
  10. Je voudrais avoir fini le premier jet de ce roman fin août.
  11. Est-ce même raisonnable ? Non. Mais il faut se fixer des objectifs, sinon on n’avance pas.
  12. L’atelier permet le surgissement d’une matière inattendue, textes et idées qui ouvrent des pistes nouvelles.
  13. Tout cela, ensuite, il me faudra l’organiser dans l’ensemble général du livre, tracer les lignes directrices, fixer un plan d’ensemble.
  14. Si tu écris depuis toi, tu n’écris pas
  15. On écrit toujours depuis soi
  16. Soi n’intéresse personne, pas même toi
  17. L’universel non plus, n’intéresse personne
  18. Les livres les plus vendus sont plein de platitudes
  19. Qu’est-ce qui, dans ton récit, porte plus loin que toi ? C’est ça que je dois creuser
  20. L’écriture, c’est la mine !
  21. Tu te prends pour qui ? Tu as déjà vu des mineurs ? Fais preuve d’un peu de décence, s’il te plaît !
  22. L’écriture, c’est l’archéologie de l’intime !
  23. Tu n’en as pas marre, des points (d’exclamation, d’interrogation) ?!
  24. Tu n’en as pas marre, des phrases péremptoires ?
  25. Je me fatigue moi-même : écrire, c’est écrire, point.
  26. Commence déjà par écrire
  27. Savoir d’où j’écris
  28. Arrêter de prétendre comprendre quoi que ce soit
  29. J’écris, soit, depuis moi. Seulement en ai-je le droit ? Les souvenirs sont partagés.
  30. Écrire, c’est trahir
  31. Tu aimes bien ça, hein ? Les phrases définitives
  32. Écrivant depuis moi (entendons-nous là-dessus), j’abolis le temps
  33. Je relativise
  34. Je n’invente pas, je mets en perspective
  35. J’invente pour donner sens au réel
  36. Le passé est présent
  37. Le passé n’est qu’une reconstitution a posteriori d’un présent passé trop vite
  38. Même lieu, même figure, à l’envers. Plusieurs pistes narratives qui se dessinent.
  39. Un possible saut temporel vers l’âge adulte, pour voir comment cet innamoramento a façonné l’existence des deux protagonistes.
  40. France s’est imposée dans le livre. Je dis qu’elle n’existait pas avant, c’est faux. Elle n’avait pas ce rôle.
  41. France ne s’est imposée nulle part : c’est moi, le démiurge qui commande à mon livre
  42. Je transpose des faits. Je transmue l’eau en vin. Parfois l’eau a meilleur goût que la piquette que je sers
  43. Y revenir, au texte
  44. Le problème, avec France, c’est qu’elle a le même prénom que la soeur d’un ami très proche.
  45. France a presque le même prénom que ma soeur !
  46. France a existé. Il y a eu une fille appelée France, qui n’est ni ma sœur, ni celle de mon ami
  47. Je ne sais pas ce que France est devenue. Elle va bien, j’imagine
  48. France ne ressemblait pas vraiment à France
  49. France ne ressemble pas vraiment à France
  50. Ne l’appelez plus jamais France !
  51. France, prénom prétexte à l’écriture
  52. Seulement maintenant, elle a pris corps : j’écris France et elle existe dans mon livre. Elle a pris chair.
  53. Elle a pris cher, France !
  54. Les textes qui précèdent l’atelier n’allaient pas dans cette direction
  55. Légère variation de cap ou bien naufrage ?
  56. Merci François. Merci bien ! Je fais quoi, maintenant ?
  57. André Breton parlait de phrase tremplin, une phrase qui amorce un livre, une phrase mystérieuse, étrange, qui libère la conscience, le flux automatique des mots. L’atelier joue ce rôle pour moi : la mise à jour d’amorces de textes.
  58. Une photo, non pas une description, mais montrée à travers les émotions qu’elle suscite. « Aller au bord du gouffre qu’est la langue poétique ».
  59. La possibilité d’une anamnèse, quand Alex et Claire prennent conscience qu’ils ne sont pas fait pour être ensemble. Une autre vie les attendait, à côté de laquelle ils sont passés. MAIS : ils peuvent inventer leur futur.
  60. Écrire, c’est réécrire
  61. Je ne relis pas.
  62. Je ne numérote pas
  63. Si vous voyez des numéros, je les ai ajouté après coup
  64. À la relecture, donc
  65. Je fais mon numéro
  66. Je fais mon maximum
  67. Je suis fatigué
  68. Écrire me fatigue presque autant que le reste
  69. Le reste, je n’en parlerai pas (pitié, pas de pathos !)
  70. Écrire me fatigue mais me maintient debout
  71. Écrire pour écrire plus
  72. Écrire pour écrire plus : ça ne veut rien dire
  73. Peut-être que pour moi, si
  74. Conseil de François : « Spirale ouverte, et non parcours linéaire », ce qui n’est pas sans me rappeler la composition circulaire chère à Mendelsohn et qui m’obsède tant : « technique, fondée sur le lumineux principe méditerranéen qu’il y a bel et bien un lien entre toutes choses », écrit-il dans Trois anneaux.

#rectoverso #13 | Dissection

À l’envers, la phrase. Réminiscence patiente, qu’il dit. Ça vient comme ça. Petites touches, petites tâches dans le texte. Du réel en contrebande, caché derrière la fiction. Procédé holographique. Comme on entre dans un tableau, les détails presque invisibles qui vous sautent au visage. Bloc compact. Mais ça pousse dedans, ça remue. Ça remugle même. Ça cogne, et ça sue, Continuer la lecture #rectoverso #13 | Dissection

#rectoverso #12 | Pretty in pink

Le lit a été livré hier. Un futon deux places, qui occupe presque tout l’espace de la chambre. Je commence à m’habituer à dormir seul.J’ai fini de déballer les livres, déplier et ranger les vêtements. J’ai branché dans le salon la chaine hifi que je trimbale au gré des déménagements depuis plus de 20 ans. Claire n’en voulait pas, de toute Continuer la lecture #rectoverso #12 | Pretty in pink

#rectoverso #11 | Manière d’écrire

1er jour. D’abord, la lecture attentive de la proposition. Puis la vidéo. Les deux se font, accompagnés de prises de notes, à la main, dans un carnet. Ensuite, lecture des textes d’appui. 2e jour. Notation, toujours à la main dans le carnet, des idées qui viennent. En marge, les intuitions pour la suite (le travail sur le livre à venir, dont participe Continuer la lecture #rectoverso #11 | Manière d’écrire

#rectoverso #10 | persistances

La photo est toujours invisible, ce n’est pas elle qu’on voit. (Roland Barthes) ce que l’oeil voit : un buste de marbre blanc abimé par les intempéries, recouvert de graffitis et de mousse, posé sur une sépulture. Mégots. Bouteilles vides. Fleurs fanées. Des lichens crustacés gris-argenté forment des rosettes irrégulières sur les surfaces verticales du monument. Des touffes d’orpin aux Continuer la lecture #rectoverso #10 | persistances

#rectoverso #09 | café, photo, livres et croissants

l’odeur du café n’est pas toujours celle du café c’est l’anis du Ricard le fruité du petit blanc au comptoir le beurré des croissants le grillé de la cacahuète salée mais c’est aussi celle du cafél’objet n’est pas la table ni les chaises ni les tasses blanches en céramique dont les bords gardent l’empreinte légèrement grasse et un peu de Continuer la lecture #rectoverso #09 | café, photo, livres et croissants

#rectoverso #08 | L’innamoramento

France est arrivée dans ma classe en terminale. Trois ans que je l’observais de loin, sans oser lui parler.Elle avait cette façon incroyable de contracter légèrement sa lèvre supérieure, qui lui donnait un air dont on ne savait jamais si elle souriait ou faisait la moue et qui maintenait tout le monde à distance.Les garçons lui reprochaient son allure androgyne, Continuer la lecture #rectoverso #08 | L’innamoramento

# rectoverso #07 | Les années-lumière

Il suffit d’une minute à la lumière pour parcourir 18 millions de kilomètres, le temps qu’il me fallait pour me préparer le matin quand toi c’était vingt fois plus, une minute pour que naissent 275 nouvelles étoiles, et tu disais qu’aucune n’égalait celle que tu voyais dans mes yeux pour te foutre de moi, et ça nous faisait rire toutes les deux, Continuer la lecture # rectoverso #07 | Les années-lumière

#rectoverso #6 | Claire et ses fantômes

Je me lève toujours à l’aube. Le réveil indique 6 h 30, mais je suis déjà réveillée. J’essaie de ne pas faire de bruit en préparant mon café dans la kitchenette. Je le bois debout, face à la fenêtre qui donne sur la cour intérieure. Basquiat est-il venu à Paris ? Je ne sais pas. Il faudra que je lui demande…France apparaît dans Continuer la lecture #rectoverso #6 | Claire et ses fantômes

#rectoverso #05 | La pièce manquante

J’y étais déjà revenu, et déjà j’avais trouvé porte close. Les deux battants vert bouteille me paraissaient moins impressionnants que lorsque j’étais enfant, mais c’était bien la même entrée, le même sas derrière, sans aucun doute, puis la porte vitrée qui menait à l’escalier enroulé autour de l’ascenseur. Nous habitions ici, au premier étage, ma sœur et moi, avec ma Continuer la lecture #rectoverso #05 | La pièce manquante