A priori ce n’est pas très facile, parce que, quand la voiture t’emmène, aucune prévisibilité du lieu qui accueille. Et très peu de renseignements aussi sur les participants. Là, après le 4ème mini stage, je commence quand même à prendre mes repères. Ce matin, à Tanger, s’agit de ce qui correspond à nos défunts IUFM, et les gens qui sont là ont charge d’enseignement de la langue française dans les collèges. Une grande salle polyvalente à l’acoustique pas facile, mais la densité d’écoute compensera, et ils sont trente. Mon sac est trop lourd, parce que je me réserve la possibilité au dernier moment, une fois qu’on a fait connaissance, de partir dans telle ou telle direction. Demain, à Meknès, ce sera le même groupe sur deux journées, donc la possibilité de construire. Ce matin, à Tanger, juste droit à 3 heures ensemble. Alors partir d’Espèces d’espaces, dire la démarche, les exemples de thème, comment nous on construit (mais pour nos jeunes de collège, le français n’est pas langue étrangère). Pas facile la plongée. Quelques-uns et quelques-unes restent les bras croisés, ou plongés dans ma photocopie exemple (à Meknès, j’ai décidé que je n’en userai pas). J’ai aussi un appui, pour ces stages, un livre découvert ici, le très beau La boîte à merveilles d’Ahmed Sefrioui (1954). Et puis voilà, une vingtaine de minutes plus tard, ce silence, cette plongée. On en émergera progressivement, en lisant un à un les textes, avec la même émotion, et, comme lorsque on aborde l’écriture pour la première fois, les morts, les voyages et les nuits. Des pétales de fleurs. Ou le grand-oncle qui réveille l’enfant parce qu’un serpent s’est glissé sous son bras, qu’il ne faut surtout pas bouger, le temps que la bête glisse sur son visage et disparaisse. Et soudain tout fait sens, on se quitte amis. J’aurai tant appris.