l’intervention de Daniel Bourrion à l’université d’été du CLEO, images sans le son
Merci à l’université de Montpellier de nous avoir rejoints parmi les bibliothèques universitaires abonnées à publie.net. Peu à peu, dans tout le pays, de Montpellier à Strasbourg et retour par Arras et Poitiers, des dizaines de milliers d’étudiants, en se connectant à leur BU, ont potentiellement accès à la totalité de notre catalogue, fictions, ensembles critiques...
Dans la prestation de service ou d’accès que constitue notre abonnement, nous incluons travail commun pour accès à distance [1], l’intégration des notices du site publie.net (incluant ISBN et métadonnées) dans le catalogue de la bibliothèque (système UNIMARC) par simple flux depuis une adresse fixe.
Si les bibliothèques s’abonnent à publie.net, une seule raison : non pas directement pour l’intérêt des textes (encore que !) mais parce que, avec le numérique, le travail de la bibliothèque change – l’essentiel, la médiation, l’orientation, la prescription passent à l’avant. L’ouverture, la curiosité, l’aide à la recherche [2]. Suivre la création contemporaine, dans sa diversité, dans ses expériences, et notamment dans l’apport de jeunes auteurs, dont c’est parfois le premier accès à la diffusion, c’est de toujours le rôle de l’édition, qu’elle soit numérique ou papier, et c’est longtemps passé par le biais des revues littéraires. Si nous faisons le pari de cette forme coopérative d’auteurs [3], avec un abonnement à tarif volontairement modeste au regard des autres ressources bibliothèques, mais accès à totalité du catalogue, c’est le fond politique de notre pari.
C’est aussi des modes de consultation différents : l’ordinateur fixe de l’établissement, l’ordinateur portable du visiteur, le balayage rapide du catalogue ou des ressources depuis un téléphone portable... Et maintenant, dans l’établissement lui-même, sur place ou à emprunter pour chez soi, des lecteurs numériques [4].
C’est dans ce contexte que je remercie Hubert Guillaud d’avoir immédiatement répercuté dans La Feuille (ce blog historique !) les deux interventions à l’université d’été du CLEO de Virginie Clayssen sur les modèles économiques de l’édition numérique [5] et surtout de nous proposer le très étonnant diaporama dont Daniel Bourrion a accompagné son intervention : Daniel Bourrion, B U ballade.
J’ai fait la connaissance de Daniel via le projet publie.net, mais il en est devenu un des plus sûrs conseils. Et nous lui devons, ainsi qu’à l’équipe de la BU Angers, sous l’impulsion d’Olivier Tacheau (merci aussi à l’équipe de la BPI et à Colette Bergeal), le défrichage et la mise en place de ces outils, dont chacun – via notre bras armé l’immatériel-fr – a nécessité des heures de mise au point et d’essais, avant que la machine en place puisse s’exporter d’un clic. Sans doute que si l’ami Daniel n’était pas aussi impliqué dans l’écriture, tout net et sans complément d’objet direct, on n’aurait pas été si vite au même endroit. Voir les récentes recherches de son blog Terres, avec essais Etherpad où on voit le texte s’écrire... et lire ses textes sur publie.net, dont En ce soir.
Et vous verrez la façon dont publie.net apparaît dans le diaporama, c’est cela, notre justification... (Photo du haut : quai de gare, Saint-Raphaël, janvier 2009, Daniel Bourrion.)
[1] L’accès à distance me semble un pivot de la bascule en cours, accéder depuis chez soi, ou n’importe où que soit son ordi, via son n° de carte de lecteur, aux ressources numériques proposées par la bibliothèque, mais étonnamment peu de bibliothèques territoriales se sont déjà lancées dans l’aventure, via serveur CAS par exemple... A distinguer de l’accès aux différentes annexes de l’établissement, qu’il s’agisse d’établissements universitaires, ou de points d’accès d’une bibliothèque départementale, ainsi les 17 bibliothèques en zone rurale de CherMedia / DLP18 sont-elles reliées à publie.net via simple adresse mail, ainsi les établissements universitaires partenaires de la Casa de Francia à Mexico, etc...
[2] C’est la première question de nos abonnés : aurai-je accès aux statistiques de consultation ? La réponse est oui, bien sûr, accès personnalisé en temps réel. C’est bien normal, puisqu’il s’agit d’une dépense d’argent public. Et cependant, j’ai tout de suite envie d’ajouter : ce que nous proposons, c’est un outil de médiation, construisons-le ensemble pour vos usages. Développer un miniscript Java pour affichage individualisé, selon votre maquette graphique, de telle ou telle part des ressources publie.net, à intégrer dans votre site principal, c’est l’affaire d’un instant... Dans la logique de profusion d’Internet, mettre à disposition sans médiation une ressource de plus suppose que, juste par sérendipité l’étudiant tombe sur notre catalogue : notre but est plutôt que cet outil ait un fonctionnement exogène, utilisé dans vos pratiques de médiation, qu’il permette l’accès à autres sites, autres écritures, et même, bien sûr, livres papier des auteurs que nous publions !
[3] Ici, au Québec, c’est un de mes gros points d’attention, la façon dont les coopératives sont un outil aussi répandu et accepté.
[4] Gros point de discussion entre nous, en ce moment : nos bibliothèques partenaires nous sollicitent pour acheter de façon pérenne tel ou tel titre numérique qu’ils proposent sur liseuses ou tablettes. Cela veut dire : ressource fixe, qui restera à demeure sur la machine, et sera choisie parmi les « valeurs sûres » de notre fonds ? – Nous faisons le pari que, d’ici quelques mois, ces appareils seront devenus wi-fi ou 3G ou autre : donc que la bibliothèque, en quelques clics, pourra actualiser, mensuellement ou à la semaine, les ressources présentées sur la tablette, ou permettre que la navigation, comme depuis un ordinateur fixe, donne accès à la totalité d’un catalogue comme le nôtre, d’où découvertes, chemins à la Holzwege dont parlait Heidegger (ces chemins de bûcherons qui s’enfoncent dans la forêt sans destination précise). Alors, pour l’instant, nous créons un accès laboratoire aux établissements qui font ces expériences avec Sony Reader ou CyBook, mais j’ai décidé de faire l’impasse sur modèle (concurrent, suivez mon regard...) du livrel sous licence, vendu plus cher comme les DVD, modèle qui me semble condamné parce que trop basé sur transposition du livre papier. C’est l’accès au catalogue qu’il faut privilégier, même sur les supports de lecture mobile, et nul doute que d’ici quelques mois tout cela sera opérationnel... Merci, en tout cas, à tous ceux (La Roche/Yon, BPI, BU Angers, La Trinité, Bagnolet) qui mènent ces expériences.
[5] qui cite une réponse par boutade (« notre modèle n’est pas économique, il est poétique ») à Virginie qui sollicitait de connaître, pour cette intervention, les chiffres de téléchargement et abonnements de publie.net : non, très simplement, compte tenu des efforts quotidiens de l’équipe, de la jeunesse de notre expérience, et du contexte pas très aidant (!) de l’édition classique, je ne souhaite pas qu’on évalue notre projet en chiffres. Ils sont bons, rassurez-vous, on tient le coup, tout est réglo, cabinet d’expert comptable, impôts et taxes. Mais la seule justification d’un tel projet c’est clairement : Pourquoi estimons-nous nécessaire de proposer l’accès à ce et ces textes, en quoi notre lien à la littérature nous semble justifier AUJOURD’HUI cet effort ? – c’est là où naît l’idée de coopérative. On est assommés de discours économiques sous le prédicat qu’ils sont un dogme, qu’on ne fait ce genre de projet qu’en fonction du fric qu’il rapporte, ou du prix qu’on va revendre son site à plus gros que soi : eh bien non. Hier soir j’ai encore dépensé des sous de l’EURL pour acheter la licence d’une police de titrage qui me semblait d’un coup arracher mieux que ma Garamond, je ne fais pas d’étude marketing préalable...
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1ère mise en ligne et dernière modification le 11 septembre 2009
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