comment plier Tugny en 19 secondes

dans l’imprimerie d’Hachette Livre à Maurepas, la première matérialisation de notre collection publie.noir, émotion...


Ce matin, avec Gwen Català, moment important. Tester une maquette, c’est pour la première fois tenir matériellement en main l’objet qui doit créer une familiarité avec le texte. Puis, accessoirement, notre signature, le pacte qui se crée et s’appelle collection.

La taille et la prise en main, tout d’abord, le rapport de la base à la hauteur dans le rectangle. Et puis, dedans l’équilibre des marges et des blancs. Pour la couverture, la teneur des noirs et des à-plat, l’équilibre des masses, logo de collection, code-barre et ISBN, et tout simplement le plaisir physique du livre.

Pas rien, puisqu’il s’agit de notre projet publie.noir, avec des auteurs français, textes inédits (à venir : Le dernier Codex de Patrick de Friberg) ou reprises de publications indisponibles (les Moussa Konaté initialement parus en Série Noire, mais ils ne savent pas leurs propres trésors, tant pis pour eux, qui ont rendu ses droits à l’auteur au lieu de réimprimer), ou parutions pour la première fois en France d’auteurs étrangers, comme le mythique John Barnett et son Histoire secrète de l’Amérique des Sixties, dont nous avons acquis les droits pour les 6 premiers volumes, lancement avril des 2 premiers, puis 1 par mois ensuite.

De Benjamin Durosau nous apprenons en continu – le papier vit ici comme dans n’importe quelle imprimerie moderne, avec sa sensibilité à l’hygrométrie, et pour les machines des calages en permanent dialogue avec nos maquettes. Nous venons de le constater sur une série d’exemplaires de Le jeu continue après ta mort de Jean-Daniel Magnin, imprimés dans l’unité-soeur, en Angleterre – des réflexes d’encrage un peu différents et c’est un 2ème livre, tant l’objet résulte de ce dialogue entre la subjectivité des réglages fins de Benjamin et ce que Gwen en établit pour les teneurs en noir, équilibres des titres, de ses propres templates. Tout est vivant et mouvement, ici, pour que se réalise l’objet fixe : le livre.

Et personne ici pour opposer le numérique au print : nous on sait bien que c’est la même exigence qui est requise pour les deux.

Et nous assistons à l’impression des pages intérieures, puis de la couv, enfin pliage et façonnage de Le souverain bien d’Emmanuel Tugny, qui inaugure cette maquette. Je vous assure que ça se vit avec intensité. Et que caler le dos de couv pour une tranche impeccable c’est un sacré tour de main même ici où l’électronique la plus sophistiquée est en permanence présente. Merci à Benjamin Durosau, mais aussi à Jennifer et Julien.

Et, quelle que soit la modernité des installations Hachette, avec ce coup de génie d’Arnaud Nourry, installant ce dispositif au coeur même du lieu névralgique de l’expédition, on se retrouve avec Gwen dans la situation la plus basique et la plus permanente de l’apprentissage du métier d’édition : l’imaginaire même de l’objet naît de ce contact physique avec la machine bien sûr, mais encore et toujours, bien sûr, le geste humain qu’elle appelle et suscite à la fois.

Et quand nous passerons la porte, la première chose que nous verrons passer dans un carton c’est pile une commande de 3 Joyce et 3 Virginia Woolf pour Ombres Blanches à Toulouse. Il n’y a pas de coïncidence – there’s something going in the air.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 27 février 2013
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