dimanche 3 blogs, 28

les rêveurs du texte, et de l’irréductible espace du blog


 

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Le petit monde de Nicolas Esse me paraît très grand. Liberté de pensée et d’écriture, quand les gens meurent trop longtemps. Et, mort ou pas mort, ou juste avant ou beaucoup avant (on le souhaite), qu’il est temps de se préoccuper de son épitaphe et vous aurez ça ici : épitaphes utiles pour ne pas être pris de court en cas de mort imprévue et c’est un régal – mais peut-être vous connaissez déjà. Il y a aussi boulots de con et d’autres rubriques, c’est un WordPress très simple (mais sur hébergement perso), tout est très bien indiqué pour la circulation. Quant à savoir qui est Nicolas Esse, on fait aussi le cadeau de l’autobiographie de ce bon gars qui le mérite, ce serait dommage que chacun n’en fasse pas autant sur son blog, avec même son roman les hommes préfèrent les guerres. Sur Twitter @NicolasEsse.

 

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Diégèse, de Pierre Oudart, c’est d’abord un affichage de chiffres qui force le respect : ainsi, pour le dernier billet « ce travail est commencé depuis 5464 jours et son auteur est en vie depuis 19921 jours (19921 = 11 x 1811 jours) ». Et la première date accessible semble être – souvenez-vous – ce fameux bug de l’an 2000, il y a donc 15 ans de cela : « En 2000, c’est demain. C’est une sorte de journal, le plus quotidien possible où j’écris ce qui s’est passé demain. Puis j’écris aussi ce qui s’est passé hier et ce qui se passera. Mais, en fait, il ne s’est rien passé. En 2000, c’est le temps à jamais perdu d’une écriture où les aspects se mêlent. » Et comme Nicolas Esse, petit tour chez les morts possibles avec cette idée du J’ai passé un siècle au Père Lachaise, ça fait partie des choses qui vous font immédiatement vous dire qu’on aurait aimé les faire soi avant qu’un autre s’en charge ! Il y a aussi un tour de Paris en 2007 qui plaira à cher Pierre Ménard, voir le programme général du site dans la page des explications qui est aussi une prouesse à elle seule. Et on vous laisse finir par la performance en cours (suivre aussi sur Facebook), une reprise augmentée bilingue français-français d’un roman de Zola, La fortune des Rougon, avec transposition temporelle, on y prend goût très vite (l’Émile en prend un petit coup de vieux, même quand on l’aime bien). À noter que parfois cela se recoupe (tiens, via Monory par exemple) avec les messages professionnels @Oudart_Pierre sur Twitter, et d’autres fois pas : espérons que ce ne sont pas les fonctions très névralgiques du second qui imposent sa discrétion à cette aventure blog à la fois ancienne et majeure – ce grand écart entre l’expression créatrice privée et la réserve professionnelle vaut pour chacun d’entre nous et est certainement un enjeu central du web (discussion prévue sur ce thème avec Milad Douehi en mars prochain) –, en tout cas elle ne doit pas intervenir dans nos parcours de lecteur.

 

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Singapour toujours de Denis Couet : un bon Tumblr comporte toujours une proposition de navigation au hasard, c’est probablement le meilleur moyen de découvrir ce blog à l’imagerie plutôt iconoclaste, soit photo presque seule, soit texte avec image, comme ici carrément les panthères du jardin des Plantes, lieu simonien par excellence, ou aller avec lui jusqu’en 2034. À force de croiser Denis Couet le Rennais (sur Twitter @DenisCouet) sur les chemins du web, il était grand temps qu’il avoue en être aussi acteur.

 

| et coda |

En dehors : coda aujourd’hui, fait d’exception, pour un blog à un seul billet : or, combien de fois cette blogueuse – celle-là même – a promis en tête de billet qu’elle s’y remettait et ne lâcherait plus. Mais cette fois c’est d’un vrai saut qu’il s’agit, et je ne devais pas être le seul, pour l’amitié et la densité du personnage, à souhaiter qu’elle le fasse et le lui avoir exprimé. L’occasion, c’est la possibilité d’acheter un nom de domaine en .paris. Je vous promets que dès qu’on peut aussi s’acheter un domaine en .indreetloire j’y colle mes ronds-points. Quant au passé de blogueuse de Virginie Clayssen, le premier billet date de 2006, et c’est à peu près à ce moment-là qu’on a fait connaissance, voir archicampus – Alain Pierrot aussi bloguait, et bien sûr l’historique La feuille de Hubert Guillaud, au destin plus nomade. C’était le temps aussi de nos bookcamps : il n’était pas rare, au moins jusqu’en 2011, de voir se succéder 40 à 50 commentaires sous des billets concernant le devenir numérique du livre. Voir janvier 2011 pour mesure de l’intensité de la réflexion, ou sur l’impression à la demande en février 2008 pour l’anticipation, ou les 41 commentaires sur ce billet de janvier 2009, conseil aux éditeurs (j’en étais – des commentaires, pas des conseils) pour le foyer nodal qu’a pu être alors ce blog [1]. Virginie nous jurera (croyons-la) que ses responsabilités professionnelles dans un grand groupe d’édition et les fonctions qu’elle assume à ce titre au Syndicat national des éditeurs, au CNL et dans de multiples instances tout aussi officielles ne sont pour rien dans la réserve progressive et le retrait d’un blog portant sur des questions où on a appris peu à peu comment l’élan numérique de la création littéraire et la conversion de l’édition traditionnelle seraient forcément le double deuil d’un destin séparé. Si heureux donc de ce retour, cette fois côté création, à preuve qu’en même temps que je rédige voilà son deuxième billet : façade sans mode d’emploi – avant de rejoindre l’édition au temps des CD-Rom, Virginie Clayssen (sur Twitter @v_clayssen) était architecte.

 

Photo ci-dessus : chantier, Shenzhen, 30 novembre.

[1Et question adjacente à cette grande professionnelle qu’est Virginie : comment ne pas rassembler ces 7 années d’un blog décisif en vue synoptique, contrer le syndrome de la fosse à bitume au moins par une table des matières ou index regroupant les billets par thèmes ? – sans parler de la possibilité d’un livre numérique, quand même bien placée pour ça ?...


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1ère mise en ligne et dernière modification le 20 décembre 2014
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