le tumulte comment pourquoi
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ou un autreTumulte au hasard  : l’appartement que je cherche

ce site est une remise en ligne à l'identique
du site tumulte.net, tenu au quotidien
sous forme de performance web de mai 2005 à mai 2006
et ayant fait l'objet d'une publication imprimée aux éditions Fayard
mise en page et base de données actualisées, contenus inchangés
{{2006-2007, prochaines performance Tumulte}} - fac Nanterre, samedi 13 mai, sur thème "bibliothèque" - Tarbes, fête du livre, samedi 20 mai - Poitiers, Carré Bleu, vendredi 9 juin, avec Pifarély, Groleau, Boisseau - Théâtre Ouvert, fête remue.net, samedi 17 juin - à suivre (Manosque septembre, bib Bagnolet octobre)... {{lectures et performances publiques du Tumulte }}
Pont-à-Mousson, Mousson d'été, août 2005, 5 x 20', FB | Théâtre 71, Malakoff, 18 nov 2005, FB | Musée du Temps, Besançon, 21 nov 2005, FB&DP | Pantin, médiathèque, 25 nov 2005, FB&DP | Paris, théâtre du Rond-Point, 17 janv 2006, FB | Rennes, le Triangle, 18 janv 2006, FB | Argenteuil, 3 mars 2006, FB&DP | nous contacter... F Bon présente les performances Tumulte soit seul (voix + électronique) soit en compagnie de Dominique Pifarély, violon électrique ---- Note du 17 avril 2006 :
On trouvera ci-dessous l'histoire des différentes conceptions du Tumulte. Au terme de cette première année, les éditions Fayard ont accepté de publier les fictions mises en ligne au quotidien. Les textes concernés ne sont plus visibles dans la partie publique du site, mais nous travaillons à une forme qui en permette l'accès et la consultation à partir du livre. L'expérience continue avec de nouvelles directions. ---- Note du 25 janvier 2006 :
Ce matin, seuls restent consultables en ligne les 48 articles les plus récents du Tumulte _ désormais, chaque nouvel article mis en ligne fait passer un article plus ancien de sa catégorie dans la partie immergée du site _ la totalité de Tumulte reste cependant dans la base de données, contributions et images comprises (test possible en entrant un nombre de 1 à 374 dans la barre de votre navigateur) _ des systèmes de consultation en ligne seront expérimentés si éventuelle publication graphique sous forme de livre _
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du tumulte

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{texte librement utilisable et adaptable pour présentation publique} Tout écrivain connaît ces livres recherche, ces livres atelier où s'invente une écriture : le {Journal} de Franz Kafka par exemple, ou les {Carnets} d'Henry James. Est-il possible de s'organiser volontairement pour entrer dans ces zones imprévisibles, et des directions où on ne se serait pas engagé de soi-même ? Depuis le 1er mai 2005, je me suis donné comme contrainte d'écrire chaque jour un texte bref. Certains récits prennent une teneur fantastique, d'autres sont liés à l'observation du monde. Il y a le retour sur soi-même, notes autobiographiques, rêves. Et des réflexions sur l'écriture. L'autre contrainte : sitôt écrits, mettre ces textes en ligne (voir www.tumulte.net ). En s'engageant dans la lecture à voix haute, on met en partage cette question de l'invention : visite de chantier. - François Bon est né en Vendée en 1953. Il a publié {Sortie d'usine}, son premier livre, aux éditions de Minuit en 1982. Sur Internet : [www.tierslivre.net->https://www.tierslivre.net]. - {Du tumulte}, lecture/performance, sera présenté en duo par François Bon et [Dominique Pifarély, violon->https://www.pifarely.net].

une révision du projet _ version 6

Ce qui se confirme : le goût pour ces œuvres de grande dimension à entrées multiples, et qui se révèlent tout entières dans l'approche même extrêmement locale du fragment donné à lire. Ainsi le Journal de Kafka, les œuvres complètes de Borges ou Gracq, mais aussi mes vieux volumes Pléiade de Maupassant, Edgar Poe ou Montaigne. Le principe d'avancer en explorant : l'écriture quotidienne contraint à inscrire ce qui resterait sinon une intuition vague, qui disparaît à mesure qu'on entame un autre travail. La volonté autobiographique : à pointer un après l'autre les nœuds, les tensions, les glissements, on évacue progressivement les plus confortables, ceux qui sont à distance du risque principal de soi-même. C'est à palper et frôler ce risque qu'on sent la fiction émerger, se dresser. Les fragments purement autobiographiques qui ne convoquent pas ce marteau de fiction vont plutôt se réfugier dans d'autres rubriques, prenant le masque d'acteurs. Ce n'est pas l'écriture dramatique qui m'est nécessaire, c'est que l'écriture puisse être portée par autre voix et autre corps. Ce qui me fascine chez Maupassant, c'est la possibilité, même au bout de vingt ans de lecture (je lis par ce que je nomme mes « cures », périodes de deux ou trois semaines où je reviens à tel auteur, et qui me permettent, sur un cycle plus vaste - deux ans par exemple-, d'avoir relu une bonne masse de Stendhal, Balzac ou Proust, comme je relis aussi régulièrement Jules Verne ou Julien Gracq), lorsque donc je réouvre l'un ou l'autre de mes deux tomes usés de Maupassant, la difficulté, voire l'impossibilité, de retrouver avec rapidité et précision l'histoire que je cherchais, mais qu'au passage se réenclenche ailleurs la lecture, qu'elle commande un nouvel itinéraire dans les deux tomes de nouvelles, et qu'à nouveau la lecture remplace le monde. Est-ce qu'on peut s'appuyer volontairement sur une telle lecture pour construire, erratiquement, par l'écart, une œuvre fragmentée qui reste narrative, ou bien c'est forcément un effet rétrospectif d'une condition d'écriture arbitraire, comme pour Maupassant la livraison quotidienne des nouvelles au Gaulois une nécessité parfois uniquement d'intendance ? Savoir où se situe, dans sa relation à l'écriture, l'instance de volonté : là où on pèse. Peser sur la volonté d'écart. Si s'installe une habitude d'écrire en deux feuillets ou trois, se contraindre à baisser la barre à quinze ou vingt lignes, voire moins (les {Quatre versions de Prométhée} de Kafka, moins de dix lignes, pèse autant que {L'Amérique}). Peser aussi sur l'écart des contenus : exercices ou contraintes sur la rubrique des vies, sur les paysages villes, et ne pas se laisser absorber par le miroir, comme ici, de l'écriture qui se regarde elle-même. Le désir de fantastique : je n'aime pas ce qu'on nomme science-fiction, pas plus que le roman de genre. La sensation la plus vertigineuse du fantastique peut rester liée à la tension la plus exacte appliquée à l'écriture du réel. Chez Borges, écrire l'intention des livres crée le couloir très énigmatique où le livre devient sien (de {Pierre Ménard} à {L'immortel}). Chez Gracq, décrire avec précision la couleur de {Sylvie} ou la géographie de {Béatrix} devient comme insensiblement l'effet-lecture qui produit la même sensation du vertige fantastique. Chez Edgar Poe, quand avant-hier j'ai relu Usher, un instant j'ai eu l'impression d'une peinture presque impressionniste, faite de touches chacune monodiques et séparées, où les tentures de la chambre, le visage de Roederick Usher, les instruments de musique à cordes dont la présence est obsédante, sont chacun traités pour soi-même, et c'est seulement l'assemblage, l'élan cinétique de la première phrase, avec les nuages déplaçant le reflet de la vieille maison sur l'étang où elle s'écroulera, qui crée cette sensation de vertige et d'effondrement par quoi {La chute de la maison Usher} devient le texte fantastique par excellence. Ceci, je le sais bien, ne peut advenir que rarement (magnificence du {Roi Cophetua} chez Gracq), et indépendamment de toute volonté d'auteur : est-ce que toute cette écriture déroulée en tapis ne serait que créer la possibilité d'exister de ces ruptures ? Le goût que j'ai de lire en public se confond de plus en plus avec l'idée d'improviser selon une durée, avec une composition de cette improvisation : ses passages repérés et précis, ses tensions, les moments où on sait pouvoir jouer sur une attente, un paradoxe, livrer un fait réflexif, et les dérives qu'on s'autorisera. Je parle d'Antonin Artaud, je sais qu'à tel moment j'improviserai sur ce que je sais de quelques recherches actuelles sur le cerveau, mais le contenu de cette digression je ne le prépare pas. Je parle des surréalistes et du rêve, je sais qu'à tel instant je parlerai des classifications du rêve, mais ne m'en refais pas la liste d'avance, de même que je citerai un certain nombre des exercices classiques concernant le travail du rêve, mais certainement n'en développerai qu'un seul en l'amenant, pour le public que j'aurai préparé, à ce que ce soit, sur quelques minutes, une pratique du rêver ensemble. En entamant ce projet, je pensais qu'il me rapprocherait de quelques cassures lyriques, que j'accueillerais tout aussi volontiers : il m'en éloigne, en cartographiant des histoires et encore des histoires. On ne nous sollicite pas assez, nous les écrivains, pour ce qui notre plus haut bonheur : lire La grande Bretèche ou lire {Le Roi Cophetua} en public, je suis sûr que ce faisant on partage le meilleur de ce qui nous induit à écrire. On nous demande de lire nos textes publiés, et qui sont des étapes désormais raidies dans notre propre passé, ou nous demande l'effort de parler de notre travail, quand le meilleur de ce travail est forcément ce qui s'y présente en rupture d'avec l'intention, d'avec la parole. Il faudrait que cette expansion au quotidien rende ceci visible. J'avais pour projet initial d'arrêter cette contrainte au bout d'un an exactement, et d'en publier le résultat : peut-être s'agirait-il plutôt d'une nappe souterraine, indéfiniment prolongeable, indépendante du livre en cours, une sorte simplement de fixation mentale, contrainte sur soi à insérer dans l'écriture, ou rendre concrète par l'écriture, dès son intuition mentale, abandonnée sinon à la méditation, au regard, à la traverse, au carnet. J'ai passé l'étape d'aspirer à une publication de ces notes, reste valide que les travailler sans aucun support matériel en ma possession, même pas de trace dans l'ordinateur, mais seulement dans la circulation précaire d'un serveur dont je n'ai même aucune idée de la localisation, soit l'outil principal de ce travail sur soi qui pourrait me permettre, à terme, intensification de mon rapport à l'écriture, dans ce que cela suppose d'erratique, d'obéissance, de déport incessant, et peut-être traverser parfois, même aussi localement qu'une histoire en trois lignes de Franz Kafka, ces failles du fantastique.

du tumulte, comment et pourquoi _ version 5 bis

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Internet est encore beaucoup trop considéré comme caisse de résonance ou comme médiation ou information, et non pas outil de création en lui-même, du moins dans l'univers de la littérature. Lancer un travail d'écriture qui ne se révélerait au jour qu'en fonction du site, un site qui ne porterait même pas de {je} d'auteur: un site qui serait le seul auteur de ce qui y germe, s'accumule, s'étend. Et le site lui-même comme aboutissement d'écriture. En réaction aussi à la timidité du paysage Internet dit littéraire, hors quelques exceptions. Editeurs, libraires, fonctionnel. Auteurs, absents. Revues: trop discrètes. Je tiens d'autre part sur Internet un [site fixe->http://www.tierslivre.net], avec mes archives et des liens, et un [journal->http://www.tierslivre.net/spip/], qui est une porte ouverte sur mon travail au quotidien. Mais l'écriture dresse de vous-même des fictions qui sont séparées de votre vie sociale, tandis que le journal vous y réancre. Il y a cependant, dans la contrainte d'une écriture au quotidien, un défi que j'ai aimé voir relever et suivre par quelques-uns des [blogs amis->http://www.tierslivre.net/liens#blogs]. Dans mon travail de fiction, je ne me suis jamais donné non plus cette contrainte de l'écriture au quotidien: je suis dans une transition de travail où elle peut m'être favorable, me faire accéder à des zones pour moi plus obscures de la littérature, une vieille passion pour le [fantastique->67], un intérêt aussi pour le format court: en 10 lignes ou 30 lignes, monter un univers, trouver une logique complexe et ouverte. Faire que ces textes soient des franchissements qui m'emportent où je n'ai pas prévu, là où on ne va pas avec sa raison ni même l'intuition. Mais pour cela, je veux un espace indépendant, où on commence par mettre en ligne de la matière, une matière brute, qu'on laisse seulement pousser pour voir, en acceptant les écarts, les excès, la pensée sombre, les trappes qui basculent les censures. En créant ce site séparé de mon site principal, je m'oblige d'une part à rendre toute prise d'écriture irréversible: elle est aussitôt {publication} au sens strict, d'autre part je me sépare de tout support matériel de l'écriture: {tumulte} n'a pas d'autre lieu matériel que la base de données MySql de mon [hébergeur->http://www.ovh.net], je n'en ai pas de copie sur ma machine ni dans mon atelier. Lautréamont sera ici le vecteur initial, en permanence convoqué pour nous placer devant la littérature comme abîme et mystère. La lecture sur écran est une lecture à part entière. Hors [l'index->28] et ce texte-ci, {tumulte} ne comporte jamais de liens hypertexte. Mais l'affichage d'un texte provoque aussitôt l'affichage de ses textes de proximité. Le contexte change à mesure de la navigation, et la consultation est donc une réorganisation permanente du chemin de lecture. Alors que le traitement de texte est certainement le logiciel qui a le moins évolué alors qu'il est le plus ancien, Internet devient ici outil d'écriture, puisqu'on écrit tout de suite dans le [système de boucles->http://www.spip.net] constamment mobile. Principe d'articles reparaissants: chaque fois qu'un texte aura été repris et retravaillé, il reviendra à date de publication du jour, de même les articles [dictionnaire->28] ou Lautréamont lorsque des commentaires se seront ajoutés en forum. Les états intermédiaires et les textes supprimés ne seront pas conservés. Ce site ouvre ce 2 mai 2005, est donc prévu pour durer un an. Un livre alors sera publié, n'incluant que les fictions, et le reste du site sera effacé d'un seul clic, en présence d'amis et par wifi, sur le lieu même du décès d'Isidore Ducasse. FB

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François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
1ère mise en ligne et dernière modification le 1er mai 2005
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