rien n’avait changé
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ou un autreTumulte au hasard  : simple visite en passant

Dans ce pays, on avait perdu la langue. Oh, des mots, il y en avait comme ailleurs.
Les mots sur les murs, les mots de la radio, les mots de la télé, du cinéma, les mots du travail.
C'est à ce moment-là qu'il aurait fallu réagir. On s'en moquait, des pubs, de la télé, et de la façon qu'ils avaient de nous parler au travail : nous, forcément, c'était autre chose.
Pourtant, on demandait à quelqu'un : oui, j'ai peur. On la portait, la peur. Comme, comme : quelque chose qui s'effondre, tu vois. On croit trouver appui, non.
On la connaissait, la langue des journaux, la langue de la télé, la langue des radios. Et, comme on se disait entre nous : au boulot, tu veux leur dire merde, tu leur dis.
A quel moment on a su que ce pays n'avait plus de langue ?
Tu pouvais parler quand même, sûr : simplement, qui écoutait, qui répondait ?
On était sur des chemins parallèles : bien sûr, tout continuait. Ça parlait autant, ça parlait pareil. Peut-être même encore plus fort.
Ce pays n'avait plus de langue, et rien n'avait changé. {{{ }}} ---- marelle : [silos->161]

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François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
1ère mise en ligne et dernière modification le 23 août 2005
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