tant de brouillard cette nuit-là
suite autobiographique

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ou un autreTumulte au hasard  : tout cela oui dévasté

Cet été d'il y a trois ans. Quand j'avais tant hésité à les accompagner. Visages très jeunes. Une route de campagne dans la demi aube, du brouillard, des voitures garées au bord. Des silhouettes qui marchent par petits groupes séparés, blafards. Une camionnette bleue de gendarmerie, les gendarmes à l'intérieur, immobiles, qui ne bougent pas. Un champ entouré de haies, que le brouillard et l'aube ne laissent pas deviner dans son entier, ni ce qui entoure, et des échafaudages de tubes, improvisés, avec une estrade et des baffles. Un camion déglingué, un mini bus et des voitures. Des types s'affairent sur un groupe électrogène, d'autres installent une table de mixage, puis d'un coup des projecteurs sur des trépieds trouent la nuit, le son techno sort brouillonnement des baffles, d'abord juste des basses, et ils procèdent au réglage. Les silhouettes continuent d'investir le champ, maintenant par dizaines et dizaines. Ils ne dansent pas encore, mais des regards bizarres vers la caméra. Regards abîmés ou décalés, ou déjà un excitement. Approcher lentement des visages. Il y a maintenant la musique et la danse. Des groupes assis à terre aussi, et la caméra vient à ras du sol pour s'immobiliser avec eux. Plus tard dans la rave. Ils sont trois à dormir dans une voiture. Deux se réveillent, le troisième reste immobile. Un soleil très gros, entre orange et rouge, se lève en lumière rasante sur le champ, avec des restes de brouillard. C'est entièrement vide. Il y a encore l'estrade et les baffles, mais un très grand silence. Seule une fille, déjà vue dans la nuit, qui danse, seule, sur l'immensité du champ, devant les baffles noires silencieuses. Plus loin une équipe avec des sacs poubelle, qui ramasse des bouteilles, des papiers. Les deux garçons marchent un peu comme on rêve, et reviennent à la voiture, secouent le troisième, toujours immobile. Finalement ils font le tour de la voiture, ouvrent la porte de son côté, le corps s'écroule sur le sol. Et toujours cette image, comme ensuite elle vous reste. Puis ces heures dans la voiture, au retour, même pas le goût de mettre une musique. Lentement, le brouillard s'était défait.
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François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
1ère mise en ligne et dernière modification le 6 mai 2005
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