et les soirs au balcon
les villes sont des livres

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ou un autreTumulte au hasard  : du passé faisons table rase

En atelier d'écriture, travail sur une variation lente de temps depuis un lieu fixe. Apprendre à travailler sur rien, et travailler avec ce rien. Des ciels, un horizon. Ici, dans cette ville, l'horizon c'est la mer. La ville est un amphithéâtre, chacun a son balcon. Elle, elle le décrit, son balcon et c'est sur trente ans, sa variation. Trente ans de vie, ses petits-enfants à la place de ses enfants, le même balcon. Elle parle d'une plante verte, qui vieillit. Elle parle de cette élévation qui vous prend (la prend, depuis si longtemps), quand c'est le ciel du soir et la renverse de la mer dans la nuit. L'autre parle d'un balcon de trop de bruit, une cour et sa promiscuité, les colères et les apostrophes : et le jour qu'on emporte le corps de la vieille dame du dessous. Il y a ce qu'on aperçoit de la mer : la mer qui porte en elle toutes les tragédies depuis les plus antiques, et nos vieux mythes. Une autre en décrit le miroitement gris, parfois opaque, parfois argent, hostile aussi quelquefois et vous renvoyant là à votre immobilité propre, vous qui restez dans la ville, ville pourtant de bruit et de mouvement mais tout cela bute ici sur le balcon, au miroitement de la mer hors du temps. Et des affiches, des bruits de radio, des titres de journaux : le bruit du monde pourtant qui traversait ces variations lentes, ces variations de presque rien, la lumière qui change sur la mer, une plante verte qui a vieilli, sur le balcon de la ville.

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François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
1ère mise en ligne et dernière modification le 30 septembre 2005
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