dire non, ne pas savoir pourquoi
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ou un autreTumulte au hasard  : aspects juridiques neufs des e-mails

Les fonctionnements bizarres de mon cerveau s'intensifient. Ce matin, au moment de monter dans le train, l'envie d'aller voir le contrôleur, là debout sur le quai, et de lui demander : - Vous contrôlerez les billets ? Pourtant, je suis parfaitement en règle, via mon abonnement pour Paris. Une espèce de besoin d'aller se jeter sur quelqu'un dans une demande affective bien sûr inconsidérée. Hier les deux réponses négatives, pour un stage très correctement rémunéré et très aimablement proposé à Heidelberg en février, et une lecture à Berlin plus deux autres villes (en plus, on me demandait de dire moi-même lesquelles je souhaitais) pour le mois de mai, et avoir rédigé un premier mail disant que j'avais trop de fatigue physique (ce qui est vrai) avant d'en envoyer un plus banal où j'alléguais d'engagements déjà pris aux Beaux-Arts et au conservatoire de théâtre (ce qui est vrai). Avoir été impoli et même presque grossier lundi après-midi en arrivant dans cette salle où on devait avoir le soir notre lecture Chaissac et qui me faisait peur en fait parce qu'elle n'avait pas de fenêtre. La pulsion à dormir, que je n'avoue pas : trois après-midi où je tenais la porte fermée, laissant croire que je travaillais, alors que j'ai chaque fois dormi plus d'une heure d'un sommeil malsain, sans savoir où on est ni et l'usage perdu des membres. Ne plus jamais décrocher le téléphone, ou le regretter : découvrir en être à quatorze « messages archivés » effacés ensuite d'une seule pression de bouton en se disant que trop tard et que pas la peine. Puis de même endormi deux soirs d'affilée à dix heures, pour se réveiller tôt mais incapable d'activité : trier des papiers, éliminer des livres (et la même pulsion à {éliminer} des livres qu'à repousser toute idée de voyage ou d'autres propositions qu'on m'a faites et qui m'auraient fait si plaisir en d'autres temps, à Brest ou à Lyon, sans parler de cette possibilité d'un voyage à Shanghai). Le désordre de finances qui résulte de ces annulations ou refus. Je sais que d'autres gens, et des proches mêmes, dans un tel cas consulteraient et les médecins dans notre pays donnent facilement des médicaments. Je ne veux pas de médicaments. Ce qui m'étonne, c'est cette faculté du cerveau à remplacer le réel, à dresser ses propres peurs au lieu de l'effort habituel pour vaincre la rugosité du dehors. Faire attention que ces textes ici ne soient pas accroître ou solidifier cette dérive plutôt que l'enrayer. N'avoir jamais parlé de ça à personne. Je n'étais pas comme ça avant.

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François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
1ère mise en ligne et dernière modification le 12 octobre 2005
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