exercices simples sur soi-même
gymnastique par la conduite

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ou un autreTumulte au hasard  : calcul des poutres et agrammaticalité

Bien sûr on a chacun des exercices : ils peuvent être tout simples, on s'allonge à plat dos par terre, et depuis les chevilles on pousse la pointe des pieds vers l'avant, quand [celle qui danse->236] fait ça tranquillement, là, pas loin de vous, on est tout surpris de voir que ça agit tout le corps, alors on fait pareil une fois et voilà. Donc, parfois, on est fier de montrer aux danseurs qu'on a les mêmes petits trucs pour se mettre la tête un peu à vif. C'en sont deux parmi d'autres, mais des exercices privilégiés lorsqu'on conduit sa voiture, et ça évite de perdre du temps. Le premier ne se pratique pas sur commande : il faut être entré dans un parking souterrain plutôt bas, selon la hauteur de la voiture, et qu'il soit suffisamment dégagé pour quelque vitesse. En général, c'est en descendant à l'étage le plus profond, il y a moins de voiture et plus d'espace libre. L'idée, c'est que le plafond de ciment vous frôle la fontanelle : presque, on pourrait s'imaginer un instant calotte du crâne enlevée, sentir le frottement du ciment. On conduit sans s'arrêter, on essaye juste de s'imaginer cela : la tête frottant par le haut le ciment, mais c'est sans aucun mal, et très vite au contraire un espace bien plus grand par la pensée. Les mains les yeux occupés bien sûr à conduire, vite, précis, on arrête la pensée. J'ai pratiqué la première fois cet exercice en Vendée, dans mon pays natal, sous le dolmen de la Frébouchère ; on marche très vite sur le sol de terre, les cheveux touchent réellement l'énorme masse de pierre de l'allée couverte, il faut aller à la fois très vite pour la sensation de tête ouverte, et avec asses de précision pour choisir le chemin qui passe par la même distance sol pierre, votre hauteur propre donc. On peut avoir d'autres surprises à la Frébouchère. Le second peut se pratiquer avec plus de commodité, il suffit de l'autoroute. On recommande cependant une autoroute dégagée et sans trop de circulation pour les premières fois et l'apprentissage. J'ai parlé déjà, à propos du [rêve->43], de la nécessité d'éduquer la [vision rétinienne->171] périphérique. En voilà un exemple. On cesse de regarder devant soi. On fixe un point loin devant, mais sur le bas côté droit de la route. On voit très nettement, bien sûr, le bord là-bas de la route, les champs, les arbres, par delà la glissière de sécurité. C'est donc la vision rétinienne périphérique qui seule peut vous avertir d'éventuels obstacles, véhicule à dépasser (on roule en général plus vite dans cet exercice que lors de la conduite normale), ainsi que des paramètres ordinaires, phares ou feux de croisement, inflexions gauche ou droite de la chaussée, changer de voie. Très vite, on comprend que l'attention à la vision rétinienne périphérique ne vient pas du mental conscient, celui qu'on accapare par le bas-côté, à droite loin devant, hors route. On est parfaitement conscient de tout obstacle, des véhicules qu'on rejoint et qu'on double, mais on sent que la totalité de la poitrine et du ventre sont rassemblés comme un organe tout aussi récepteur. C'est par cette énergie rassemblée dans le souffle (respiration profonde, ralentie, on est conscient à l'extrême des cycles de respiration), qu'on rejoint la perception non communicante proposée par la vision rétinienne périphérique. On sait que le contact de cet opercule que le cerveau, dans son état embryonnaire, pousse jusqu'aux bâtonnets rétiniens, ce qu'on nommait faussement, autrefois, nerf optique, est très dense au centre de la vision rétinienne, et devient très rare, mais pas inexistant, sur la périphérie. On ne s'étonnera pas d'une vision plus monochrome, comme monochrome est la vision du rêve. C'est un exercice fort. Quand vous le maîtrisez, éveillez-vous à cette même sensation dans la rue peuplée d'une grande ville. Ou bien, au contraire, dans un contexte de vaste panorama naturel, horizon de mer ou montagne. Mon vieux maître, celui qui m'a fait connaître la Frébouchère et quelques points d'ancienne force, me disait que telle était la vision convoquée pour la chasse. Moi je conduis beaucoup, et sur autoroute quasi systématiquement, en utilisant la vision rétinienne périphérique. L'éveil de soi-même est tel, à ralentir aussi le cycle respiratoire, qu'on évince le sentiment du temps, et une partie de sa durée. Je ne supporterais pas, dans ces conditions, d'écouter une musique sur l'autoradio, comme il m'arrive cependant encore de le faire pour les trajets cours : elle est distordue, accélérée. Mais j'ai fait ainsi, de nuit, de très longs trajets : Avignon Bordeaux, Marseille Tours, Belfort Orléans, et une fois (avec pauses) jusqu'à Berlin.

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François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
1ère mise en ligne et dernière modification le 6 janvier 2006
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