faits du jour
de ce qui ne se reproduira pas, ou n'aurait pas dû se produire

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ou un autreTumulte au hasard  : et les soirs au balcon

Eboulement au château de Chinon (je n'en sais pas plus, titre journal local en payant à la caisse du supermarché. Phrase complémentaire trouvée sur site Internet de la Nouvelle-République du Centre-Ouest : {en bordure du chemin d'accès principal au château, précisément là où se situaient deux bancs permettant d'admirer le paysage en contrebas, s'est donc effondrée quatre mètres plus bas}. Deux enfants morts lors du rallye Paris-Dakar : un garçon de douze ans, un garçon de quatorze ans. Evidemment de trop. Haine radicale. Retour de la sonde Stardust après presque cinq milliards de kilomètres : gros comme une cuillère à café de poussières captées dans un gel, mais qui seraient originaires des prmiers temps de l'univers. Une présidente à patronyme français pour le Chili : je me souviens de septembre 1973, Ouest-France titrant que « la grand-mère de Pinochet est une Bretonne ». Grand succès du dimanche de soldes, tous les magasins étaient ouvers (paraît-il, je n'ai pas mis les pieds dehors hier dimanche). Courrier électronique d'Antoine Emaz, me parlant du roman populaire : « pour peu que tu aies lu comme moi Bob Morane, Nick Jordan, Doc Savage, ce n'est pas désacraliser l'écrivain, c'est simplement poser sa complexité. Pascal, que je sache, écrivait les {Pensées} tout en travaillant un projet de coches parisiens} destinés à améliorer le transport public dans la capitale... Simenon, oui, c'est autre chose, il a une écriture pesée, surprenante, une façon de {toucher} la réalité qui est sienne. Rien à voir avec l'abattage de Bob Morane; c'est d'ailleurs ce qui m'amuse, quand j'en relis, de voir fonctionner une mécanique narrative alors qu'elle me faisait rêver à douze ans. » Les courriers d'Antoine se terminent toujours par « bonne énergie ». Emaz est un sosie physique de mon frère Pierre, et né comme lui en 1955, c'est très troublant pour moi chaque fois que je suis avec lui, un frère de rechange. Rassemblé avec ma fille de onze ans un dossier sur le scarabée dit pique-prunes qui a bloqué un temps la construction de l'autoroute Tours - Le Mans, que j'emprunterai après-demain pour aller lire ces textes à Rennes. J'apprends beaucoup sur les pique-prunes : ils vivent dans l'écorce des vieux troncs, « nettoyer » la forêt de ses arbres en voie de pourrissement les dépossède de leur habitat. Bergounioux doit savoir ça par cœur. Manifestation entre dockers et policiers à Strasbourg : trois blessés dont un {très grièvement} (comme si cet adverbe faisait moins mal à regarder que {grave} tout court). Le ministre de l'intérieur se réconcilie avec son épouse, ça le regarde, ça fait la une d'un journal quadrichromie, ça les regarde, mais le couple en face de moi dans le train se mettent à deux pour lire l'article, chacun tenant d'une main le bord du journal : là ça ne va plus. Déjà, qu'ils l'aient acheté... Soupe au cochon pour les sans-abri : des associations d'extrême-droite distribuent des repas gratuits mais à la viande de porc. Fier d'être humain comme eux. Encore ils entubent la presse, qui y consent avec volupté : ils ne distribuent leur soupe identitaire qu'une fois par semaine. Le président du Dakar dit que ce rallye est une bonne chose. Albert Hofmann, dit « le père du LSD » a cent ans. Lucy in the sky with diamonds : j'avais 14 ans. La première fois qu'il a testé sur lui le diéthylamide de l'acide lysergique, il est rentré à bicyclette, « cramponné tellement la réalité se déformait ». Au début, on le prescrivait aux alcooliques, aux psychotiques et aux mourants. Puis aux militaires retour d'opérations. Encore ma ville de Tours : pour la mise en service de la nouvelle station-d'épuration, on va rejeter pendant trois semaines toutes les eaux usées de l'agglomération directement dans le fleuve. Explication même pas embarrassée des responsables : depuis bien des mois, l'ancienne station ne fournissant pas, on balançait déjà le surplus dans les eaux basses de l'été. On a fermé prématurément la pêche. Bruit du monde, en vrac et incomplet. Broussaille de signes, noms et mots, dont on se charge chaque soir un peu plus sans savoir comment s'en laver. Deux enfants, là-bas, ont traversé trop tôt devant les voitures.

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François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
1ère mise en ligne et dernière modification le 16 janvier 2006
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