à propos de fleurs
bureau que je photographiais chaque fois

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ou un autreTumulte au hasard  : occupations bizarres

Dans cette ville, chacun disposait d'un bureau et d'un ordinateur. Je veux dire : tous ceux qui avaient un travail, on les plaçait dans un bureau, ils y disposaient d'un ordinateur, d'une imprimante, d'un classeur. Des papiers s'accumulaient. C'est qu'il fallait bien gérer les autres : ceux qui n'en avaient pas, de travail. On faisait donc ses trente-cinq heures. Ou plutôt, on s'arrangeait pour en cumuler bien plus, et n'y plus revenir d'aussi longtemps qu'on pourrait. Quand on passait dans les couloirs, on voyait toujours ces bureaux vides : le travail attendait donc ainsi, aussi tranquillement ? Les couloirs trouaient le bâtiment, chaque étage. Des alvéoles pour les bureaux, on en avait rajouté et rajouté. On voyait bien que les cloisons étaient minces, et de ce même matériau placo sur armature métallique, porte vitrée, enfoncements de cloisons, superpositions de boîtes minuscules, mais c'était le vôtre, de bureau. On y avait quelques photos, sa propre chaise réglée pour votre dos, un plateau avec verre, tasse et boîte pour du sucre ou une douceur. Dans ce bureau, il y avait même des fleurs. C'était gentil, elles étaient contre la vitre, elles étaient mises là pour nous, qui passions. Les fleurs dépérissaient. Il n'y avait pas assez de lumière ni d'air, ni de variation dans la lumière du jour, dans l'immuable température administrative, pour que les fleurs fassent autre chose que s'incliner lentement. N'empêche, c'étaient des fleurs. Moi, quand je venais, je savais ce que j'avais à faire : ce couloir à l'étage je le longeais, ensuite j'avais un autre escalier et un peu plus loin je trouvais ma salle. Sans doute ici tout le monde savait le chemin de sa propre salle, sa chaise, son bureau, son ordinateur, et ce qu'il avait à y faire. Ce qui manquait, en fait, c'était un plan d'ensemble. Une vision qui nous rassemble.

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François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
1ère mise en ligne et dernière modification le 26 février 2006
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