cette manie de compter et d’enregistrer
à retrouver ces anciens appareils

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ou un autreTumulte au hasard  : calcul des poutres et agrammaticalité

On retrouvait ça et là, de préférences à ces coins de rue autrefois si fréquentés et maintenant désertés, ces anciens appareils par quoi tout avait commencé. C'est qu'ils étaient bigrement solides. Renforcés. Ils devaient résister à toute tentative de destruction, comme on avait aussi renforcé les distributeurs de billets. Plus tard on les avait perfectionnés, ce n'étaient plus qu'un œil discret accroché à tel endroit du carrefour, en perspective de la rue, de l'entrée d'un magasin, voire dans les autobus. Les réseaux de fibre optique transmettaient directement les signaux dans les salles centrales, où tout cela était archivé sans intervention humaine. Mais lorsqu'on les avait installés, qu'il s'agissait de mettre cette ville aux normes des villes étrangères, c'étaient encore ces armoires voyantes, avec leurs armoires protégées de serrures et levier, et le double hublot rond par quoi on vous filmait. On en jouait, au début : on venait devant la petite glace, on faisait des grimaces. Mais les gardiens s'en moquaient bien. Aujourd'hui, presque, je les aime, ces vieux appareils. Parce que les rues et les cours où on les retrouve témoignent de cet urbanisme maintenant délaissé : il ne nous paraissait pas gai tous les jours, pourtant. Et puis, à considérer combien était précaire, fragile, le réseau de la surveillance individuelle, maintenant bien sûr on se prend à regretter.

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François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
1ère mise en ligne et dernière modification le 4 mars 2006
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