La vieille main soulève le rideau pelucheux
geste du dedans pour attraper les nouvelles
du dehors et le geste surprend la vieille Léontine,
elle prend son courrier. Il est bien tard pourtant
sous le perron et sous la main qui soulève le rideau
deux adolescents maladroits s’embrassent
dans l’obscurité de la cave un peu pour voir un peu pour rire.
Mais le soir tombe déjà au bord du rideau pelucheux
Le regard est vide sur la chaise, hanté,
Les pouces tournent jusqu’au vertige.
Les bruits de la télévision ne calment pas l’angoisse.
Dans la chambre noire et carrée sur le grand lit
l’enfant compte les heures au clocher de l’église
et guette l’armoire en bois des fois que.
Sur la table en formica blanc l’assiette est orange
et les carottes dedans et la tempête dehors
et les cent pas de la grand-mère et les soupirs de l’aïeule
et la grande peur de l’enfant avalée absorbée toute crue
Sur la grande commode encombrée d’objets, parmi,
le sourire et le regard doux noir et blanc dans le cadre posé
tout contre la bonbonnière fleurie, les boîtes de médicaments
et la vierge bénie à Lourdes. Car elle croit en Dieu.