A propos de Émilie Marot

J'enseigne le français en lycée où j'essaie envers et contre tout de trouver du sens à mon métier. Heureusement, la littérature est là, indéfectible et plus que jamais nécessaire. Depuis trois ans, j'anime des ateliers d'écriture le mercredi après-midi avec une petite dizaine d'élèves volontaires de la seconde à la terminale. Une bulle d'oxygène !

#nouvelles | Emilie Marot | bibliothèque nomade

# 01 | Ma bibliothèque est nomade Ma bibliothèque est nomade. Elle voyage. Se pose un temps. Grossit. Et puis repart. La bibliothèque de Luby Un morceau de ma bibliothèque est en cartons. Celle de mon adolescence, de mes années d’étudiante et de ma première année d’enseignement. Un peu de Vendée, un peu de Nantes, de Rennes, de Paris et Continuer la lecture#nouvelles | Emilie Marot | bibliothèque nomade

#enfances #01 | Serge et Abré (portraits 2/3)

Serge Autour de la grande table dressée dans le jardin, il ne parle pas beaucoup, il préfère laisser les autres occuper l’espace, rire parler amuser fort. C’est l’été. Les parents ont invité des amis à manger. Regard et sourire doux. Serge est là. C’est du coton. Douceur et présence enveloppante dans sa façon de rire aux bêtises de ses potes Continuer la lecture#enfances #01 | Serge et Abré (portraits 2/3)

#enfances #00 | dans la salle des pas perdus

1 Perdue. C’est dans le ventre que ça se passe. Qu’elle comprend. Ça se resserre ça tord. Autour d’elle la foule. Elle ne la voit plus. Sa mère. Avalée. Disparue. Ça gagne la gorge. En boule, le sanglot tout au bord. Tout se brouille. Alors elle respire comme sa mère lui a appris le soir quand le sommeil ne vient Continuer la lecture#enfances #00 | dans la salle des pas perdus

#été2023 #09bis | revivre la maison rouge

Sur la plage. Elle les regarde. Cheveux d’enfants emmêlés de mer de sable de soleil. Peaux rougies. Des voix. Les mêmes. Il faut rentrer. Il est tard. Des gestes. Les mêmes. On rassemble seaux pelles râteaux serviettes empesées de sel pliants de plage. Démarche prudente de l’arrière-grand-mère sur la plage empêtrée de galets goémon trous dans le sable. Elle ne Continuer la lecture#été2023 #09bis | revivre la maison rouge

#été2023 #09 | la maison rouge

Cheveux d’enfants emmêlés de mer de sable de soleil. Peaux rougies. Il faut rentrer. Il est tard. On rassemble seaux pelles râteaux serviettes empesées de sel pliants de plage. Démarche prudente de l’arrière-grand-mère sur la plage empêtrée de galets goémon trous dans le sable. La grand-mère lui tient la main ; la grand-tante veille à côté tout en jetant un œil Continuer la lecture#été2023 #09 | la maison rouge

#été2023 #08bis | la main sur le drap

la main qui repose sur le drap blanc. doigts tordus par les gestes du métier, un peu repliés sur eux-mêmes qui savent sans doute encore serrer la cuillère, la fourchette, le couteau, la poignée d’une porte mais qui ne connaissent plus le dépli, ont oublié le plat de la main. et puis dans un effort inattendu le geste ralenti de Continuer la lecture#été2023 #08bis | la main sur le drap

#été2023 #08 | étirer les traces (notes de carnet)

Carnet Elle ne m’a pas vu faire. J’ai l’impression de l’avoir volée, un peu vampirisée. Je ne me défèrerai donc jamais de ces scrupules. C’est pareil en photographie. Quand je photographie des gens dans la rue, je m’arrange pour qu’on ne les reconnaisse pas. J’en fais des silhouettes. Je mets du noir et blanc quand je les photographie de trop Continuer la lecture#été2023 #08 | étirer les traces (notes de carnet)

#été2023 #07bis | l’odeur : respirer ou ne pas respirer

Le funérarium Ici la mort s’avance avec pudeur. Le corps est apprêté, préparé, vidé de gestes de mouvements de chaleur de bruits. Et d’odeur. L’odeur de mort, de décomposition, celle qui prend à la gorge au détour d’un chemin, d’une route, d’un sentier en forêt, aux abords d’une charogne, cette odeur-là, elle restera dans le clos du cercueil, traversera les Continuer la lecture#été2023 #07bis | l’odeur : respirer ou ne pas respirer

#été2023 #07 | corps à rebours

Cérémonies secrètes C’est comme un puzzle. Des images, des détails, des objets. Comme si à partir d’eux il fallait reconstruire une histoire qui n’est écrite nulle part. 1 Ça y est. le corps a disparu. pour de bon. 2 ils ferment le cercueil. comme un rituel. des gestes artisans et sacrés. le bruit seul des vis, des outils, objets devenus Continuer la lecture#été2023 #07 | corps à rebours

#été2023 #05bis | On dirait que ce serait Lili

On dirait que ce serait Lili le personnage principal… Je Lili papillonne dans la maison abandonnée. Pendant qu’elle s’affaire dans la petite cuisine effondrée autour de la table ronde, l’évier sans eau, la tasse de café ébréchée, le sifflement de la cafetière à l’italienne dans le parfum des fleurs et les courants d’air qui font vaciller la flamme. Un jean, Continuer la lecture#été2023 #05bis | On dirait que ce serait Lili