après le coucher du soleil le réveil des belles de nuit le phare de Cordouan, rayon lumineux sur l’océan, histoires de gardiens de phare, de bateaux qui font naufrage, vagues immenses, la petite sœur qui a failli se noyer, les joueurs de volley juste à côté, la peur d’aller leur demander de jouer avec eux, les maillots de bain des filles, celui en bleu de celle qui plonge dans les vagues, seule. Le garçon et la fille s’embrassent, je joue de la guitare, idée du désir ? la guitare je l’ai empruntée presque volée avec des partitions de Aufray, Brassens, Dylan. cet été là j’apprends seul les accords, je les joue mais je ne sais rien du rythme.
et ça fait une vie ça, regarder la mer et les belles de nuit, gratter des cordes ? Tu voulais faire quoi quand t’étais petit
aucune mémoire d’avoir eu une idée de ma vie à venir, une chance, rien, personne qui m’ait fasciné, aucune rencontre particulièrement passionnante. Pouillon, Bofill, Nouvel plus tard, pourquoi pas faire douanier. Perron de la mairie the times they are a changing au radio crochet c’est nul. Sans copains, sans ami, comment ça peut être. Les parents non plus n’ont pas d’amis, il y a notre dame de la fin des terres, la grand rue, la mer derrière la plage. Marcher en procession les soirs de 15 aout, comment j’avais rencontré ce garçon, cette fille ? La liberté certes mais solitaire
mais pourquoi tu restais seul, la mer te suffisait mais non, tu avais envie d’y aller. Pourquoi tu n’allais pas jouer musique volley embrasser qui vous voudrez pourquoi.
sur scène quatre chantant je ne sais quoi, en banlieue ou dans la ville, je crois que je joue du banjo. Mais ça s’arrête là, je suis hors de ce qui se fait, hors de toute attitude de création. Personne ne m’a dit qu’on fait, qu’on crée, on prend ce que les autres ont fait et comme on n’a pas beaucoup d’argent, on prend peu et on s’en contente.
Tu es allé vers ta vie, tu as souvent pensé avoir raison,
rattrapage et schizophrénie, n’entendant que peu ou pas ce que d’autres auraient pris pour des humiliations, ne pas entendre les mots de l’autre ça rassure et ça tue.
exercice de mémoire : le père lâche la main de l’enfant qui court pour rejoindre sa mère de l’autre côté de la route, la voiture arrive boum, en quelques secondes ça se réorganise, l’enfant est projeté en l’air, une femme sort de la voiture, court dans le champ en hurlant je l’ai tué je l’ai tué, le père se précipite sur l’enfant, un cri ne le touchez pas, trop tard, l’enfant est dans ses bras tête ballante, vous pouvez m’emmener chez un médecin, l’enfant à côté de moi dans les bras de son père
…belle progression de ton et de tension entre cette chanson de Dylan, ces airs de Brassens qu’on entend encore si on tend l’oreille et le » boum »… Merci pour cette mémoire à prendre dans les bras.
Merci Eve, j’aime bien cette approche auditive/acoustique/écouteuse/musicale du texte. Ça me donne des idées.
une mémoire entre je et tu jusqu’à l’accident qui sidère
« un cri, trop tard »
et ça s’arrête comme ça… et s’il y avait une renaissance ?!
Merci Françoise. Normalement, il y aura une renaissance mais apparemment, ça prend du temps !
Les scènes sont très présentes, d’abord dans une sorte de temps cyclique – les saisons de la vie, les refrains des chansons, la mer qui bat le phare, et puis dans la linéarité de la narration dramatique. Hâte de lire la suite.
Merci Laure pour ta visite et cette belle analyse.