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#10 | Non, Michaux voilà comme il est
C’est une simple double page de Henri Michaux, dans Face aux verrous, en 1954 : 11 paragraphes chacun avec le même incipit : «Non, voilà comme elle est», suivi d’un ou plusieurs participes présents (un des paragraphes ira jusqu’à cinq, et l’avant-dernier seul s’en tiendra à une phrase nominale), avant une phrase de conclusion elle au présent de l’indicatif.
On a plusieurs fois travaillé, dans l’ensemble des cycles, sur l’importance narrative de ces négatifs, en particulier dans le cycle «Faire un livre», avec appui sur les «non pas» de Jean-Paul Goux.Démarche paradoxale, puisque convoquer et reconstruire ces «non pas», c’est, sans ralentir la marche du texte, lui inclure toutes les strates de contexte qui nous sont nécessaires pour son épaisseur, ses perspectives et horizons, ses dimensions non perceptibles ou visibles.
On a aussi travaillé, dans le cycle «outils du roman», sur les possibles contournements et conjurations du passé simple et de l’imparfait,
C’est la dixième proposition de ce cycle, et d’évidence, dans la #08, sur le thème du retour à partir de Kafka, comme dans la #09 les deux trajets Paris-Nevers avec Echenoz, que les narrations sont lancées, on a des personnages, des lieux, des mondes et des voix.
Mais, dans la composition d’un livre, forcément besoin de ces moments non pas de pause, mais d’assimilation, construction de la rémanence, une sorte de façon, sans arrêter le livre ni le récit, «d’arrêter» le texte pour l’épaissir, le laisser faire de lui-même pression pour un nouvel ébranlement.
C’est un de ces moments qu’avec Henri Michaux on va tenter de construire.
Reprenez une de vos textes précédents, une de vos contributions #09 ou #10 (ou antérieures. Le verset initial de Michaux est positif : «Voilà, ce qu’elle est :» (plus participe présent), et cela va être le trait d’union de votre texte au texte précédent.
Puis, ensuite, arrêt : «Non, voilà ce qu’elle n’est pas :» (plus participes présents], reprend neuf fois Henri Michaux. Et, à chaque reprise, lester un peu plus le texte d’appui de ce qui existait certainement pour vous, l’auteur, mais n’était pas mis à disposition de nous, lecteur.
Et cette combinaison de verbe au présent («comme elle est») suiivi de participes présents (voir cette double page dans les extraits en téléchargement) c’est couper avec l’imparfait des narrations mises en place, pour les fixer dans un seul instant, où vont se démultiplier toutes ces strates.
Et la phrase conclusive de Michaux, «Tu la vois et tu ne la connais pas», sera l’élan retrouvé, tout prêt pour notre #11 à venir !
Important pour nous : dans l’élan narratif qu’a pris ce cycle, un retour via fonction poétique de la prose sur la syntaxe elle-même, la conscience qui doit affleurer en permanence de l’interrogation sur la langue, et son rôle.