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#12 | Toussaint, hôtel purement mental
Moment d’inflexion sur ce site : après 11 exercices où chaque fois s’en remettre à un paramètre particulier de ce qui tient au développement d’une «histoire», partir simplement dans un fragment de fiction, maintenir le temps comme d’une micro-nouvelle l’écriture à cette frontière où se construit l’illusion de réel, mais empruntant à nos sensations de rêves comme à nos souvenirs, et les reconstruisant hors de toute astreinte aux réalités enfouies, traversées, mémorisées, ou les faisant jouer les unes contre les autres pour que le texte, lui, ne participe que de la fiction.
C’est de cette façon que j’ai lu ce chapitre si singulier, dans son livre de 2014 sur l’écriture, L’urgence de la patience, de Jean-Philippe Toussaint. Démarche qu’il a renouvelée, avec quelques intersections fortes sur les outils et les routines, dans son livre de 2022, C’est vous l’écrivain (phrase de Jérôme Lindon, fondateur des éditions de Minuit, qui serait une de ces intersections.
Dans ce bref chapitre, repris dans le PDF ci-dessous, donc A4 recto-verso, la troisième page étant un exemple de ce que Toussaint nomme «hôtel purement mental» pris à son premier livre, La salle de bain (Minuit, 1984), Toussaint met en avant le fait que chacun de ses livres inclut une ou plusieurs descriptions d’hôtels, lesquelles sont toujours comme «à l’arrière» de la fiction, ne lui servent que de cadre, décor et ambiance, laissant venir au premier plan les gestes et perceptions du narrateur.
Lecteur de J-P. Toussaint depuis son premier livre, et dans une relation qui a toujours été amicale et respectueuse, je crois ne pas être le seul à être passé à côté de ce fait précis. Pour vérifier, j’ai pris un de ses livres apparemment loin de cette nécessité d’y inclure un hôtel, le livre Football (Minuit, 2015) et j’en ai trouvé au moins trois, à Tokyo, Kyoto mais aussi au Mans (Sarthe, moi je sais mais je préfère aider).
La force de ce bref chapitre : cinq phrases, plus une autre en conclusion, que je me suis permis de souligner en gras, et qui sont comme un «hôtel mode d’emploi» pour «construire» un de ces hôtels tout prêts alors à servir de générateur aux fictions qui seules feront la rémanence du livre.
Hôtel ou pas hôtel: lieu à la fois public et privé, intime et commercial, présent de façon encore plus obsessive dans le cinéma que dans la littérature, mais tous les étages de la littérature : combien en comptons-nous dans l’ensemble des Maigret, combien en comptons-nous dans Modiano ? Et puis le Shining de Stephen King, ou bien la phrase de Perec dans Espèces d’esoaces : «quelle était le motif du papier peint de cette chambre de l’hôtel du Lion d’Or à Saint-Chély d’Apcher (le nom — beaucoup plus surprenant quand il est énoncé que lorsqu’il est écrit…)…
[suite et finalisation mardi 9 matin ! rappel : l’ensemble des contributions destiné à «construire», nous aussi, un livre imprimé, mais jusqu’au 20 décembre pour cela, atelier ouvert à tou·te·s les abonné·e·s Tiers Livre «ateliers», que vous ayez participé ou pas aux précédentes propositions du cycle «histoire» !).