#photofictions #03 | Le Lab’Oratoire

Faut-il esthétiser pour qu’on s’y arrête dans cette cave à ciel ouvert sur la gauche – la faute au coteau, il prête le flanc – on y est arrivé par les degrés des Dentellières, entre la rue Pierreuse et la rue du Palais, et si la température monte on ne fera pas dans la dentelle, une grille ouvre sur un petit jardin-terrasse aménagé dans la pente sèche, non c’est la perte qui est sèche, disons dans la pente pentue, il faut oser le dire, et on descend la pente pentue en passant par des pneus pneutés encaillassés en escaliers, tout heureux d’arriver sur quatre marches en bois qui vous déposent en douceur dans le Lab’Oratoire et on vous demande plusieurs fois si vous lirez un texte aujourd’hui, et vous, timide, non merci, la prochaine fois peut-être, le deuxième dimanche du mois, ou la semaine des quatre jeudis, je dis ce que je vois y compris ce que la photo ne voit pas, la chaise haute comme une estrade, le micro sur pied articulé, articuler c’est ce qu’il faut faire ici, Radio 48 FM sonorise et enregistre, je dis le bar au fond à droite, je dis les chaises jaunes en attente des convoyeurs de mots occupés à boire dehors des Moinettes bios au nez fruité, je dis deux baladeuses à l’arrêt sur un mur orange, la guirlande d’ampoules colorées au plafond, pour quelle future fête, je dis le sterput qui sonne belgement mais permettra un nettoyage à grande eau, je dis la femme de dos à la blouse marine aux souliers standardisés, je dis la nappe rouge, la poubelle bleue, le pilier ocre, le tissu bigarré, il se demande ce qu’il fait là, je dis un mange-debout rustique proposant un recueil du confinement, je dis un plat de pommes, une chaque jour la santé pour toujours, je dis le chien qui me fait face, un batard à poil doux, qui veut toujours manger sa laisse au risque d’y laisser ses dents, je dis ce que je vois, je dis ce que je pense et je me pose des questions : est-ce que cela me concerne vraiment, est-ce que cela me connecte au réel, est-ce que cela me comble d’aise, est-ce que cela me commue en serpent, est-ce que cela me compasse à l’aveugle, est-ce que cela me compile à lire, est-ce que cela me complique la vie, est-ce que cela me complote dans mon dos, est-ce que cela me compte pour des prunes, est-ce que cela me concasse les couilles, est-ce que cela me compresse purée, est-ce que cela me composte aux déchets, est-ce que cela me comprend dans le prix , est-ce que cela me concatène aux fers, est-ce que cela me concentre en fondue, est-ce que cela me conçoit clairement, est-ce que cela me concierge de Pâques, est-ce que cela me conclut en beauté, c’est pas fini, est-ce que cela me concombre masqué, est-ce que cela me concrétise des bêtises, est-ce que cela me conduit à gauche, est-ce que cela me confabule une histoire, est-ce que cela me confie des secrets, est-ce que cela me confit un canard, est-ce que cela me configure un visage, est-ce que cela me conflue aux égouts, est-ce que cela me confirme mon intuition, est-ce que cela me confond en excuses, est-ce que cela me conforme à fond, est-ce que cela me conforte les mollets, est-ce que cela me congratule les rotules, est-ce que cela me confronte à moi-même, est-ce que cela me congèle le cœur, est-ce que cela me conglomère les débris, est-ce que cela me congestionne de honte, est-ce que cela me conjugue au futur, est-ce que cela me connait comme ma poche, est-ce que cela me consacre aux saisons, est-ce que cela me conscrit à la paix, est-ce que cela me conserve en santé, est-ce que cela me considère à juste titre, est-ce que cela me consigne à vidanger, est-ce que cela me console de la nuit, est-ce que cela me constate les dégâts, est-ce que cela me consterne si j’y peux, est-ce que cela me conte des sornettes, est-ce que cela me conteste le résultat, est-ce que cela me contraste les effets, , est-ce que cela me contextualise le texte, est-ce que cela me contredit pourquoi pas, est-ce que cela me consume de l’intérieur, est-ce que cela me contamine de rien, est-ce que cela me contracte une crampe, est-ce que cela me contemple de haut, est ce que cela me contient deux en un, est-ce que cela me contente de peu, est-ce que cela me convient sans façon, est-ce que cela me confine chez moi, est-ce que cela me convertit aux couleurs, est-ce que cela me contriste les humeurs, est-ce que cela me condamne à la répétition ???

2 commentaires à propos de “#photofictions #03 | Le Lab’Oratoire”

    • Merci Françoise (le volet questions c’était pour essayer de faire entendre une deuxième voix comme proposé par la consigne)