A propos de Françoise Breton

aime enseigner, des lettres et du théâtre, en Seine-Saint-Denis, puis en Essonne, au Cada de Savigny, des errances au piano, si peu de temps pour écrire. Alors les trajets en RER (D, B, C...), l'atelier de François Bon, les rencontres, les revues, ont permis l'émergence de quelques recueils, nouvelles, poèmes. D'abord "Afghanes et autres récits", puis en revues "Le ventre et l'oreille", "Traversées", "Cabaret", "La Femelle du Requin"... Mais avant tout, vive le collectif ! Création avec les anciens élèves d'Aulnay-Sous-Bois de la revue numérique Les Villes en Voix, qui accueille tous les textes reçus, photos, dessins, compositions sonores...

#rectoverso #07 | Le gardien de chèvres

Tant que le sang du ciel chauffera à blanc à l’arrière des rochers, tant qu’il lui restera un bout d’os trouvé au fond de la main, un os qu’il mâche silencieusement en regardant le chien qui regarde le troupeau, tant qu’il faudra gravir et gravir cent fois par jour, tant qu’il fera froid sous la tente, tant qu’il acceptera de Continuer la lecture #rectoverso #07 | Le gardien de chèvres

#rectoverso #06 | les flûtistes

On ne sait jamais où ils se trouvent dans l’orchestre. Certains disent « tout au bout », cachés dans l’ombre des joueuses de basson, le corps tendu rebelle des joueuses de basson, ces chercheuses de poux dans la profondeur des chairs, leur chaos interne et la débâcle des grands rires frais, casseroles d’eau froide sur la tête quand trop de torts se Continuer la lecture #rectoverso #06 | les flûtistes

#rectoverso #05 | l’esthéticienne de l’hôpital

On ne s’imagine pas. Dans le cœur de Paris, un hôpital géant à l’usine incessante. Le portail imposant fait juron de geôlier, l’abyssal aux nerfs de taille. Dans le massif de calcaire à même les crayeuses de Falaise, cette amplitude de pierre, ici devant moi, il y a trente ans. Je suis métisse, tout le monde me regarde : c’est la Continuer la lecture #rectoverso #05 | l’esthéticienne de l’hôpital

#rectoverso #04 | les danseuses pour la fête de mariage

Elles arrivent en plis noirs serrés autour du cou, des fichus sombres sur la tête, chèches bleus tournés en boule, elles sont gribouillées de fleurs sur l’arête du nez, elles arrivent. Il faut tendre l’oreille et toucher le kilim qui office de porte, on les entend, l’affairement des bracelets tournant de leur musique, les ceintures à diadèmes ont ces cliquetis Continuer la lecture #rectoverso #04 | les danseuses pour la fête de mariage

#rectoverso #03 | les couvreurs

Il y a cette joie d’y arriver. Suffit d’accepter de surmonter la ville, les jambes écartées comme tuteurs de plein corps, l’appui essentiel pour tenir, pour regarder, pour être des bras qui saisissent et replacent, des bras qui font la belle étoile dans le grand parc à ciel. Ils se redressent et travaillent avec les yeux. De temps en temps Continuer la lecture #rectoverso #03 | les couvreurs

#rectoverso #02 | les saisonniers d’été

Aux premiers rougeoiements du crépuscule, nous descendons aux champs. Nous sommes presque une centaine souviens-toi, ce bonheur de pouvoir travailler la nuit. Le choix du patron nous libérait du cagnard, dans ce plein sud qui cognait la tête. Dans le noir, à cause des traitements qui restaient sur les feuilles, il fallait quand même se couvrir les épaules, les avant-bras, Continuer la lecture #rectoverso #02 | les saisonniers d’été

#rectoverso #01 | les mangeuses de glaces

RECTO Ce qu’on attend de nous. Les troupeaux de filles collées contre les murs, à l’ombre des bâtisses qui font la ville en tommettes rouges. Les gouttelettes sur les tempes à bourdonner de klaxons, d’ordres donnés à la hâte, les pots d’échappement cacophonent, raclures de ferrailles c’est dans le pif tout ça, tout cet alcool de bruits, et les camions Continuer la lecture #rectoverso #01 | les mangeuses de glaces

#anthologie #09 | têtes coupées

Tous les jours avant de faire sa balade, grand tour à cent quatre-vingts degrés à travers tout le quartier, il sait qu’ils seront là, de l’autre côté de la route, vautrés sur les bagnoles, goguenards, presque à l’attendre, à le rancarder lui, T., le jeune échevelé à l’allure douteuse, le pas comme tou’l’monde, un gars de biais mal fagoté, alors Continuer la lecture #anthologie #09 | têtes coupées

#anthologie #08 | NO doors

Depuis longtemps, bien longtemps, nous n’avons plus de portes. D’abord parce que les crises de T les ont tellement claquées, frappées, dévastées, démontées, à coups de poings, de pieds, de pieds poings liés, grand marteau sous les crises – elles ne ferment plus, elles battent de l’aile sur le seuil, on les bloque grand ouvertes contre le mur, avec des Continuer la lecture #anthologie #08 | NO doors

#anthologie #07 | au fond de la rivière

Au fond de la rivière on voit passer des tanches, elles arpentent les fonds et reviennent parfois à la lumière pour boire de l’oxygène. Tout en bas, elles gonflent les dorsales et rentrent dans un nœud de fils de fer, ramassés dans la glaise. Des boîtes de conserve font office de gueuloir pour les grenouilles au gros cou, elles s’enflent Continuer la lecture #anthologie #07 | au fond de la rivière