A propos de Françoise Breton

aime enseigner, des lettres et du théâtre, en Seine-Saint-Denis, puis en Essonne, au Cada de Savigny, des errances au piano, si peu de temps pour écrire. Alors les trajets en RER (D, B, C...), l'atelier de François Bon, les rencontres, les revues, ont permis l'émergence de quelques recueils, nouvelles, poèmes. D'abord "Afghanes et autres récits", puis en revues "Le ventre et l'oreille", "Traversées", "Cabaret", "La Femelle du Requin"... Mais avant tout, vive le collectif ! Création avec mes anciens élèves d'Aulnay-Sous-Bois de la revue numérique Les Villes en Voix, qui accueille tous les textes reçus, photos, toiles...

#été2023 #03bis | Régression

Pour ma sœur, ça se voit, il n’y a rien à craindre de mon côté, je suis turbulente, inoffensive non-offensante. Dans ses yeux, elle le voit : le monde est dur méchant foutraque, un tas de viande insane, la vie donnée ne correspond à rien de ce qu’on veut, un fossé, une perte de temps, rien – elle qui veut vivre Continuer la lecture#été2023 #03bis | Régression

#été2023 #03 | Béru on the road

Y.ck fait partie de ceux qu’on pouvait côtoyer pendant les vacances. Seuls certains d’entre nous habitaient le village. Nous étions tous issus d’horizons lointains, bien tranchés, irréconciliables. Parfois déjà ancrés au travail. Comme Jean-Mich qui s’occupait d’une ferme alors qu’il avait à peine vingt ans. Il devait tout le temps faire les comptes. Il avait des animaux, des poules, des Continuer la lecture#été2023 #03 | Béru on the road

#été2023 #02bis | l’abeille et les taiseux

L’abeille est rentrée dans la manche, comment a-t-elle fait son compte. Tournant de travers, sa petite promenade pique le dos de la chemise, on entend ses pattes duveteuses et souples, rayées de soleil. C’est notre peur, notre peur à nous, peuple de la pluie, gadoue fichée dans les bottes. On ne peut les admettre, ces volantes et promenardes. Leur bourdon Continuer la lecture#été2023 #02bis | l’abeille et les taiseux

#été 2023 #02 | la terre travaille

Entre les doigts, friable et drue, mottes d’un marron clair ensemencé de chimiques, elle te souffle ses granulés de poussière en plein visage. Elle n’aura jamais tort, la terre. Encerclant tes pieds de ses sillons de sable, elle t’enveloppe de rainures, de frissons, de fracas contenus. Sa mésentente est sourde, mais elle sait te parler dans les cheveux, de plus Continuer la lecture#été 2023 #02 | la terre travaille

#été2023 #01bis | Danse contre l’angoisse

Danse contre l’angoisse. Fais la danse contre l’angoisse. Tu me regardes et en deux secondes tu as blêmis, tu rigoles ouvertement tu dis « mais comment ça « blêmi », tu plaisantes ou quoi ? » mais non c’est simplement l’observation d’une tension qui d’un coup tend les traits, les embrume, les fantomise et attaque les lèvres, leur fraîcheur rondeur devient sinusoïde de peur, dentale Continuer la lecture#été2023 #01bis | Danse contre l’angoisse

#été2023 #01 | Village déborde

Le lieu-dit, gonflé de gens de partout, est au milieu du village, c’est la salle de bal qui fait face à la ferme. Toute la nuit jusqu’à cinq heures, au moins trois nuits par semaine, l’orchestre bat son plein, musique rock, voix déformée du chanteur, rires à gorges déployées, les jupes des filles, la batterie poisseuse frappée en sourd-dingue, les Continuer la lecture#été2023 #01 | Village déborde

#été2023 #00 | des gosses

Et puis, plus tard, plus intimement, la lecture qui arrive sur le tard et fauche, tremblants, deux textes : un roman sur les années d’internat et puis « la h. … » parce qu’on ne parle jamais honnêtement des blessures encastrées jusqu’à l’os, substance stagnante, cicatrice qui palpite son petit sillon, continue de creuser ses boursouflures de taupe, je ressens de loin Continuer la lecture#été2023 #00 | des gosses

#techniques #01 | Le sentiment d’un bateau qui rentre au port après dix jours de mer chahutée

C’est le sentiment d’un bateau qui rentre au port, un bateau qui sillonne les mers en quête d’embarcations de fortune risquant de faire naufrage, le sentiment d’avoir erré à la dérive sans prendre le temps de se voir agir, le sentiment de venir à la rescousse pour éviter le drame, le sentiment du qui-vive jamais partagé, le sentiment de ne Continuer la lecture#techniques #01 | Le sentiment d’un bateau qui rentre au port après dix jours de mer chahutée

#techniques 02 | Bight of Benin

Le feu s’infiltre dans les veines au moment où le ciel décroche de la baie, ne cherche plus à fendre les têtes de bois, la pioche est déjà dans le ventre et le ciel s’abrite sous la rage d’un vautour, étendant ses vastes provisions de sel, couvert de terre rouge, mordant la poussière au pied des cactus. Il va falloir Continuer la lecture#techniques 02 | Bight of Benin

#techniques 03 | Sun walk

Derrière les silences, ton corps au jardin ne sommeille jamais, il fixe et s’immobilise face au levant, il voit ceux qui jouent les partitions hautes, puissants de cris, alors de toi pour toi saisir il faut pencher l’oreille, tourner autour de la scène, faire un pas de côté, te retrouver dans les broussailles du son, séparer ce qui fait voix Continuer la lecture#techniques 03 | Sun walk