A propos de Olivia Scélo

Enseignante. Bordeaux. À la recherche d'une gymnastique régulière d'écriture.

#rectoverso #05 | ce qui manque

Avant, il ne nous manquait rien, si ce n’est à la fin le temps pour que ça continue. Il y avait la rivière en miroir du ciel, les journées entières au bord de l’eau à guetter les formes sombres du monde d’en-dessous. Les vieux racontaient les légendes d’autrefois le soir, après le dîner, et on courait sur les chemins dans Continuer la lecture #rectoverso #05 | ce qui manque

#rectoverso #04 | une société de subsistance

Comment c’était la vie avant dans le village ? c’était quoi la société de subsistance ? Garder les vaches. Soigner les brebis. Conduire les bêtes dans les estives. Dès l’âge de sept ou huit ans. Ne plus pacager après le 25 mars. Participer aux règles mises en place par la communauté. Aider les voisins pour la fauche. Ramasser à la faucille blé, Continuer la lecture #rectoverso #04 | une société de subsistance

#rectoverso #03 | au printemps dans les prés il y a

Il y a des feuilles vertes sur les frênes et des boutons d’or sur le chemin Il y a une pierre dans le pré où un vieil homme s’arrête Il y a des papillons euphoriques qui découvrent un monde neuf Il y a des champs de jonquilles dans l’ombre des branches emmêlées Il y a ta mémoire qui s’emballe pour Continuer la lecture #rectoverso #03 | au printemps dans les prés il y a

#rectoverso #02 | danse de nuit

À ce stade de la nuit, la montagne dissimule un quart de la boule lumineuse de la lune, comme le point amoché du i. Je pense à cette femme tout à l’heure qui disait qu’elle n’avait pas dormi à cause de la pleine lune. Ne le sachant pas, je pense avoir bien dormi hier. Si je ferme les volets, si Continuer la lecture #rectoverso #02 | danse de nuit

#rectoverso #01 | l’arboretum

Je connais des troncs bruns à l’écorce rugueuse, des troncs usés par l’habitude du regard. Un arbre de collection est une espèce choisie pour intégrer l’espace paysager de l’arboretum. Présenté comme une œuvre d’art – il vient contenter la curiosité et l’admiration des visiteurs – le cartel indique son nom scientifique latin, comme l’arbutus andrachne, sa catégorie de broussailles et Continuer la lecture #rectoverso #01 | l’arboretum

#Boost 11, 11bis | catabase (variation sur L’Énéide)

Nous avancions obscurs dans la nuit solitaire. Et nous regardions la lune incertaine briller sur le royaume sans vie, ôter aux choses leur couleur. Un orme géant, touffu, indiquait le passage, dissimulant à peine les bêtes monstrueuses : hydres, chimères, gorgones et harpyes. Nous passions sous ses branches chargées des rêves vains cachés sous les feuilles tandis que l’ombre d’un corps Continuer la lecture #Boost 11, 11bis | catabase (variation sur L’Énéide)

# Boost #05 | le cri contrapuntique

Le hiéroglyphe du cri qui prendrait souffle au fond de la conscience éveillée impose le contrepoint de son asphyxie. La fuite du son appelle le trou béant du silence qui est gouffre de naissance et de mort dans une fugue furieuse systématiquement renouvelée. Idéal dans sa forme contrapuntique, le cri ne se nourrit que de la dissonance muette qui l’impose. Continuer la lecture # Boost #05 | le cri contrapuntique

# Mardi | Médée reloaded, 3 extraits

Dans un monde tout juste en avance sur le nôtre, une femme, en retrait des maisons, à l’abri de la foule, observe une autre femme qui porte un masque à la place du visage, une seule émotion figée : la fureur. La première femme ne joue pas encore le rôle de consolatrice que doit lui imposer la société : enjoindre la résilience Continuer la lecture # Mardi | Médée reloaded, 3 extraits

Arrêter d’écrire

J’ai décidé d’arrêter d’écrire alors que je n’avais jamais cessé de commencer. Alors que je n’étais jamais allée jusqu’au bout, j’ai décidé d’arrêter l’écriture. Stopper le mouvement. Laisser l’écrit en suspens. J’ai décidé d’arrêter d’écrire pour voir ce que le mouvement d’écriture laissé en suspension pouvait apporter de lui-même. J’ai rendu à mon travail d’écriture sa liberté ; j’ai abandonné les Continuer la lecture Arrêter d’écrire

Si j’étais écrivaine

Si j’étais écrivaine, j’inventerais des récits de vies à partir des vestiges trouvés dans les brocantes le dimanche matin. Je pense aux papiers – lettres, cartes postales, photographies, factures, ordonnances, tickets de cinéma etc. – que l’on trouve rassemblés dans une boîte à chaussures. Je me dis que la personne qui a vidé l’armoire, la commode, le bureau, qui a Continuer la lecture Si j’étais écrivaine