A propos de Olivia Scélo

Enseignante. Bordeaux. À la recherche d'une gymnastique régulière d'écriture.

#été2023 #08 | carte postale

C’est une vieille carte postale, au recto une photographie pas tout à fait cadrée sur le fond blanc, au verso les indications usuelles, la mention carte postale et la séparation verticale, prévue pour le texte d’un côté, l’adresse de l’autre. On est en 1917. On se fait tirer le portrait, chose rare. Henri reçoit la carte postale de de son Continuer la lecture#été2023 #08 | carte postale

#été2023 #07bis | l’odeur de la forêt

Je n’ai pas assez parlé de cette odeur, l’odeur de la forêt. Quand les grands bois s’assombrissent, l’humidité envoie ses relents acides, les gouttes s’échappent discrètement des moisissures des arbres. Les troncs écorcés, les pierres déshabillées de leur mousse, la terre retournée charrient les cadavres anciens. Le bâton du vieux qui tape fébrilement sur le sol réveille les morts. Je Continuer la lecture#été2023 #07bis | l’odeur de la forêt

#été2023 #07 | Le vieux qui se souvient

Le vieux frappe sur la pierre avec son bâton de marche, il est six heures, la forêt s’assombrit dans l’humidité qui monte, quelques gouttes s’échappent discrètement entre les arbres. Il écorce les troncs, il déshabille la pierre de sa mousse, il retourne la terre. Je l’interroge sur le passé de la vallée, c’est une chance de l’avoir rencontré là, sur Continuer la lecture#été2023 #07 | Le vieux qui se souvient

#été2023 #06 | D’une vision historique

D’une vision historique de la place des dépenses dans la société pyrénéenne Le marché le plus fréquenté depuis le XVIe siècle est celui d’Arreau, le jeudi, qui a gardé son privilège par rapport au marché de Sarrancolin, le mardi. On dit qu’il n’était pas aussi beau. Sur les marchés, des droits de place sont prélevés quand on est étranger, c’est-à-dire Continuer la lecture#été2023 #06 | D’une vision historique

#été2023 #05 | Les fils de la Vierge

Jeanne (la fille) Quand je descends à l’aube le sentier qui coure le long du ruisseau, de longs fils fins argentés flottent au-dessus des herbes folles. Dans la lumière pâle des premières lueurs de l’aube, j’ai vu les gouttelettes de rosées comme de petites agates de verre capturées par les tiges des buissons épineux. J’ai aperçu la petite bête jaune Continuer la lecture#été2023 #05 | Les fils de la Vierge

#été2023 #04 | Une autre époque

La vitesse facilite nos déplacements aujourd’hui, le progrès rend les trajets confortables. Le paysage déferle à toute allure, dans un frigo, soleil brûlant dehors mais fenêtres fermées si l’on veut. Sur l’autoroute, la voie est toute tracée et, avec le régulateur de vitesse, la plupart du temps, on file tranquillement. Dans la vieille deux chevaux grise de mon enfance, les Continuer la lecture#été2023 #04 | Une autre époque

#été2023 #03bis | Louise, Marie et Jeanne

Il est question de femmes ; sur la photographie elles sont trois, Louise, Marie et Jeanne. Louise Sénac est née Louise Fouga, sa mère s’appelle Jeanne, Jeanne Justal. Le prénom complet de Marie, la fille aînée de Louise, est Guilhaumette Jeanne Marie, elle s’appelle Guilhaumette comme son grand-père paternel, Guilhaume Sénac, Marie comme sa grand-mère paternelle, Marie Sénac, née Marie Gascon. Continuer la lecture#été2023 #03bis | Louise, Marie et Jeanne

#été2023 #03 | Louise et Jeanne

Comme je l’ai dit, Jeanne n’est déjà plus tout à fait à sa place sur la photo de famille. Elle est partie, loin des montagnes peut-être, vers la ville, où elle se mariera, plus tard. Elle épouse Roger Longueville en 1931, ils s’installent à Bordeaux ; c’est un autre temps, un autre espace surtout. Mais elle reviendra à Aulon, quand l’homme Continuer la lecture#été2023 #03 | Louise et Jeanne

#été2023 #02bis | De la porte de bois à la porte d’ivoire

On ne circule pas en voiture au début du XXe siècle dans un village de montagne en nid d’aigle. On apprend à marcher ou plutôt à grimper (afin d’éviter la côte, j’en connais aujourd’hui qui sortent un véhicule pour franchir deux cents mètres). Il faut quand même garder quelques forces pour pousser la lourde porte en chêne qui sépare de Continuer la lecture#été2023 #02bis | De la porte de bois à la porte d’ivoire

#été2023 #02 | carte postale : Aulon, début XXe siècle

La maison aujourd’hui offerte à tous les regards, construite en contrebas sur le flanc sud qui vise la sapinière, était autrefois entourée de murailles et fermée par un porche avec un grand portail d’entrée. Le climat, l’altitude imposent les rigueurs de la construction ; l’épaisseur des murs, l’étroitesse des ouvertures concentrées au sud, les plafonds bas, le nombre réduit de pièces. Continuer la lecture#été2023 #02 | carte postale : Aulon, début XXe siècle