A propos de Vincent Francey

Enseignant, chanteur et clarinettiste amateur, je vis dans la région de Fribourg, en Suisse, et suis passionné de lecture et d'écriture depuis toujours, notamment via mon site a href="https://www.lie-tes-ratures.com/">lie tes ratures mais aussi sur un blog né à la suite de l'atelier d'été sur la ville : fribourgs.com. Auteur d'un livre autoédité, Je de mots, dictionnaire intime, je suis également présent sur YouTube pour, entre autres expérimentations, y parler de mes lectures.

#anthologie #36 | penchée

Le pied nu de Séraphine se balance quelques centimètres au-dessus de l’eau. Il avance, il recule, il monte, il descend, hésite, s’apprête à toucher la surface liquide qui commence à frémir au contact encore insensible de cette peau de petite fille qui reste suspendue entre le vent et la rivière. Le gros orteil est légèrement mouillé, à peine entré ressorti, Continuer la lecture #anthologie #36 | penchée

#anthologie #35 | voix du corps

Forêt pentue. Une centaine de mètres en-dessous coule une rivière. L’Arbogne. Le soir. Pas encore la nuit. L’enfant est immobile devant une béance creusée dans la roche. Voix off : A-t-elle un jour quitté cet endroit ? Elle serait restée même si elle était partie. Elle serait revenue. Elle est revenue. Puis elle a disparu. Séraphine porte son corps devant elle. Son Continuer la lecture #anthologie #35 | voix du corps

#anthologie #33 | grotte

Grotte grenier de noirceur, fermeture sur la nuit, grotte noire au dormir impossible, grotte creusée dans la misère des corps forcés à s’y tapir, misère noire cachée au fond, tout au fond, dans l’ombre la plus noire, creusement des corps, creux de temps arrêté aux terrifiantes origines, grotte réfugiée au cœur des dangers, roche friable, effondrement pressenti, on ne dort Continuer la lecture #anthologie #33 | grotte

#anthologie #32 | bal aux Arbognes

Quand il y a bal chez Fernand, les musiciens ripolinent les instruments, ils les lustrent et les frottent jusqu’à qu’ils brillent et se revêtent de leur plus belle chemise et s’installent sur le pont de danse pour faire tourner les jambes et les têtes jusqu’à point d’heure. La trompette éclate, le tuba ronfle, la clarinette trille et le violon accélère Continuer la lecture #anthologie #32 | bal aux Arbognes

#anthologie #31 | je n’ai plus froid

Longtemps, j’ai eu froid. Je grelottais tout le temps. Puis je n’ai plus eu froid. Elle m’a emmené hors de la grotte et les autres sont restés sous la couverture. Je ne leur pas dit adieu. Ils sont restés et je suis parti. Elle faisait attention en me portant. Je ne sentais pas ses mains sur ma peau mais je Continuer la lecture #anthologie #31 | je n’ai plus froid

#anthologie #29 | il n’y a rien

23 : Plus bas, il y a la grotte. On pourrait y entrer par la cheminée que le père avait creusée. Elle n’y voit rien, tout est éteint depuis longtemps, il reste à peine quelques traces de charbon. On tomberait sur le feu, sur la couverture, sur les enfants grelottants, sur un lit de feuilles mortes et de paille éparpillée, Continuer la lecture #anthologie #29 | il n’y a rien

#anthologie #28 | œuvres

3 : Il aimait les pliages, les découpages, l’origami et jouer avec les mots. Il avait affiché une feuille blanche au mur avec une plaquette : ça ne fait pas un pli. À côté, une autre feuille blanche avait été pendue à un clou avec une ficelle au bout de laquelle était attaché un crayon. Il appela cela crayon papier. Enfin, Continuer la lecture #anthologie #28 | œuvres

#anthologie #27 | grottes

5 : La petite fille à jamais restée au seuil de la grotte raconte les corps qui dorment et qui meurent. Elle est déjà, soudain, une vieille femme. Elle est là, dans sa cuisine, seule, à radoter l’histoire de ces soirs où l’on entrait dans la forêt pour leur apporter de quoi manger. Elle a perdu la tête. Elle ne sait Continuer la lecture #anthologie #27 | grottes

#anthologie #26 | aux aguets

La grand-mère est aux aguets. Quelqu’un vient. Une bête peut-être. Des branches craquent, des feuilles mortes se brisent sous des pas légers. C’est un animal furtif mais c’est un animal qui parle. La grand-mère a l’impression que ce grognement, ce sont des mots mais dans une langue qu’elle ne connaît pas, ni du français ni du patois, une langue étrangère Continuer la lecture #anthologie #26 | aux aguets