« Symbioser » ; oui cela pourrait commencer par la création d’un nouveau mot. On bouscule nos habitude, on prend conscience de nos pas, nos gros sabots qui empiètent sur le terrain d’autres espèces que la nôtre, d’autres vie que celles qui s’exposent, d’autres mœurs, invisibles ou incompréhensibles. On adopte les petits pas, pas de loups, on revient sur nos pas / Ne pas s’imposer, trouver encore un nouvel axe pour évaluer les conséquences même minimes et infimes de nos actes ; l’effet papillon, passé de mode, n’est plus sur toutes les lèvres, ce battement d’aile qui engendre des tempêtes à l’autre bout du monde : inverser la vision, prendre les choses par le bon bout de la lorgnette : toi, sous tes yeux, dans ton sillage aussi de petits gestes peuvent ravager des liens qui étaient en train de discrètement se tisser, remparts protecteurs ou pas vers l’autre, qu’est-ce qui subsiste après l’effondrement ?
Les sales bêtes, mauvaises herbes, les moisissures, la putréfaction t’écœurent, mais tes semblables perpètrent aussi des horreurs sans noms. Destruction, recomposition, remâche tes mots tes idées, troque tes œillères contre un kaléidoscope, diffracte ton regard, pose-le ailleurs et plus en douceur. Cherche le contact, la cohésion, va vers l’autre, l’entrée en matières, la terre sous les ongles, le froissé du pétale de coquelicot ou tout ce qui pourra s’infiltrer, t’instiller, pistil dans l’œil, ton mauvais œil, ouvre le, et tes oreilles, trie les bruits, change de fréquence, fuis les cris les mots remâchés ressassés, l’agressivité klaxonnée, martelée, marteau-piquée, écoute les bruissements de la forêt nuitamment, entendras-tu l’onagre bisannuelle déplier sa corolle au coucher du soleil?
Éveille tes sens à l’altérité, tout doit y passer
Inspire et aspire les volatiles phytoncides (derrière leur nom guerrier se cachent des guérisseuses) et autres spores et effluves, ouvre la voie, par tes narines à d’autres connexions laisse toi embaumer ou coloniser par ce que les arbres s’envoient pour se charmer ou se soigner. Sens, ressens, puis expire, ça exhale, tu exultes ou t’extasieras.
Laisse le ciel aux ailés, insectes ou oiseaux, ne colonise pas plus que ton espace vital, si tu veux prendre de la hauteur, extrais-toi d’abord de l’amoncellement des objets qui t’empoisonnent, emprisonnent et souillent et fouaillent le sol que tu devrais plus humblement fouler, caresser, effleurer…
Cela ne nécessite pas forcément de rester planté là, le nomadisme et les grandes migrations ouvrent sûrement des portes plus grandes que ton petit intérieur,
Recueille les imperceptibles, associe les idées les plus saugrenues, réemploie, détourne, contourne, croise d’autres routes, de déshérences en coexistences, plus de cohérences, correspondances, croisements, nouvelles associations: du compost actuel faire germer une nouvelle étincelle.