Carnets Individuels | Nolwenn Euzen

39 | ce dont on ne peut parler

reste secret

38 | stratégies du rêve

haute tension, adrénaline, menace, stress, coup impossible, peur, cul de sac… comment sortir ? Réveil. Une simple surchauffe, une couverture en trop. Délestage, descente, retour à l’éveil

37 | du par cœur

autour d’un verre, une bière dénommée lâche-la-grappe, mélange de bière et de vin rouge, nous quatre autour de la table de bistrot partageons nos bribes tenues par coeur. Des poèmes appris à l’école surtout, ou plus tard à l’université. Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage et s’en est revenu plein d’usage et raison vivre entre ses parents le reste de son âge… plus me plât le séjour qu’ont bâti mes aïeux que des palais romains les fronts audacieux… plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine. Comme une chanson nous revient maître corbeau sur un arbre perché tenait en son bec un fromage … plumage…ramage, je fais souvent ce rêve étrange d’une femme inconnue que j’aime et qui m’aime et qui n’est chaque fois ni tout à fait la même ni tout à fait une autre … car elle me comprend et mon coeur transparent ne cesse d’être un problème pour elle seule. Le serveur apporte la dernière consommation au moment d’un sourire ne coûte rien il enrichit ceux qui le reçoivent sans appauvrir ceux qui le donnent. Le poème lui plaît. J’écris cette phrase sur un papier avec le nom de son auteur et lui laisse avant de partir.

36 | routines du lire écrire, et quoi faire de mieux

petite routine d’allumage la box la bouilloire le flux de chauffe le bouillonnement café chaud tartines beurre et miel maison ouvrir le livre interrompu la veille et reprendre l’esprit clair. Routine de lecture matinale une heure quand c’est possible puis prise de notes. Des idées hyper lucides comme pendant la nuit. Puis reprendre la station debout s’entourer des nouvelles des premiers débats premières musiques. Ou allumer l’ordinateur puis ouvrir le dossier « textes en cours »

#35 | la panne, l’embrouille

samedi dernier au théâtre le comédien joue une scène extraordinaire on sent pour jouer qu’il ne joue plus il plonge dans sa gangue ses laideurs tout ce qu’il déteste profondément et qui lui appartient ce n’est jamais tout à fait du dehors qu’on déteste n’est-ce pas. Il est descendu parmi nous puis remonté sur la scène, seul, au centre du plateau, notre attention est à son comble et rien, rien ne vient. Un souffleur vient en aide, le comédien sourit. La pièce se joue sans artifice, les comédiens se changent sur scène, tout est montré jusqu’au trou de mémoire.

#34 | ce serait une histoire pour…

quelque chose dont on ne fera pas d’histoires on le laissera passer sans rechigner mais au fond sa petite histoire quand même en nous sa petite trace de l’histoire qu’on a pas voulu faire est là alors oui de toute façon ici tu ne fais pas d’histoires devant barbelés sécurité vérification d’identité tu es là mais peut-être que si tu avais bluffé raconté une histoire ce serait différent maintenant c’est palpe obligatoire et quelques affaires qu’on t’apporte pour que tu puisses au moins changer de caleçon 

33 | faire le vide

l’espace me laisse passer j’ai écrit cette formule dans un poème ou plutôt une prose dont j’avais déchiré abstraitement les mots pour offrir du désordre à la page, je tenais à séparer les mots par des déchirures plutôt que des coupures nettes ou des blancs calculés quelque chose d’invisible qui me procure une petite place plus certaine d’être pour moi dans ma propre tête que toutes les autres idées qui fourmillent en elle en liberté l’impression que ma tête ne m‘appartient pas et qu’il faut me laisser passer pour y entrer 

32 | les morts sont parmi nous

il – à travers ses planches d’herbiers, des plantes communes classées par famille, l’élégant cartel nom en latin et nom commun – à travers son grille pain à carreaux rouge et blanc, son beurrier à couvercle en aluminium – à travers quelques ustensiles de cuisine aussi, un support à savon, un pot à fleur en grès fabriqué par ses copains potiers – à travers son pêle-mêle photo du départ à la retraite – sur un voilier au Groenland – et les derniers hommages des copains de luttes qu’ils savaient presque perdues d’avance 

#31 | de l’état du monde

#30 | fait divers, tout petit fait divers

Son GPS l’envoie directement dans la rivière.

Le conducteur a été chanceux et s’est sorti indemne de cette fâcheuse position.

Vol possiblement lié à une affaire de drogue

Deux centaines de bûches de Noël, qui venaient d’être concoctées dans une pâtisserie de Shawinigan, en Maurice, ont été dérobées cette semaine.

#29 | on n’aurait pas dû, voilà

une montagne est tombée sur les milliers d’instants où je me suis posée la question de ne pas faire ce que je devais faire en le faisant j’aurais pu réfléchir avant d’agir prendre une décision avant de faire mais faire c’est ce qui est à faire les questions rabattent leur caquet, mais surtout sur tout ce fourmillement est tombé un coup de serpe. Il s’est foutu en l’air. .J’aurais préféré une montagne de questions toutes aussi inutiles et futiles les unes les autres. J’aurai vendu à un prix inestimable cette houle d’incertitudes incapables de passer à l’action. 

#28 | ruminé, ressassé, rabâché

malaise glaise punaise braise charolaise grand-mère charentaise disait benaise tous les gentilés au féminin ah non bretonne française anglaise basquaise poulet basquaise bordelaise bolognaise et alors mayonnaise quand tu sais monter une mayonnaise à la main c’est que tu améliores l’estime de toi tu montes tu allèges tu seras appréciée en émulsion parce qu’on ne parle pas on grouille on est des aliments on se cuisine on se mange nous à l’estomac toi on te digère mal

#27 | c’est pas moi, c’est mon double

Mon double injecte une trop grande quantité de moi à la place où je suis, il me pousse à déborder, sans que je reconnaisse de quoi est fait ce qui dépasse. J’éponge, je transvase de récipient en récipient possible. 

#26 | choses nettes, choses floues

des bips, un signal d’alerte antivol passe au-dessus, un bruit d’aspirateur s’ajoute. Les guirlandes d’étoiles en cartons, les boules de Noël avec flocons, les rennes, les traineaux, les barbes, les bonnets, suspendus à la toiture en tôle. merci, madame bonjour, paella c’est ici, des conversations que j’entends mal, des silhouettes, les quiches trois fromages s’il vous plaît. À côté, les consignes, déposez ici vos emballages plastiques, vos emballages carton, papier, boîtes de recyclage tubes fluos et led, piles et accumulateurs, cartouches d’imprimante la boisson monsieur panini poulet le tabouret clignote dans le photomaton 

#25 | fragment du corps

parfois le manque d’ailes – à l’omoplate quelque chose pour tirer étirer et non battre l’air – c’est un trop plein – poids passé du sol à chacun des muscles qui le porte – faire tourner ses épaules – secousses – oublier l’aile – tourner l’épaule – laisser passer le sol en appuis – vibrations des plantes – les pieds comme des plantes 

#24 | salle d’attente

On branche son câble de téléphone dans le port USB le temps de consulter les horaires et s’apercevoir que le prochain départ est dans plusieurs minutes, de s’assurer que nous sommes bien joignables de saisir son mobile vérifier l’icône de charge de batterie en vue du visionnage d’un épisode de série, une vidéo sur YouTube, Insta, tic toc… une charge anticipée pour le voyage. Est-ce qu’on chargera autre chose dans le hall de notre imagination avant de partir ? 

#23 | exercice avec dénombrement

Certains jours, du mal à faire entrer la calculatrice dans mon disque de songes. Il suffisait pourtant de rapprocher quelques objets entre eux n’importe quoi ce qui se trouve là : un + un + un qui passent d’eux-mêmes à la quantité. J’ai eu plaisir à reprendre d’abord pour moi avant de le partager un temps désapprendre l’automatisme du comptage, reprendre la logique initiale qui fait passer d’un nombre dans la suite numérique à la quantité, les choses en rapport d’un à plus un, d’ elle-même à une autre et plus encore. Les objets manipulés et le premier codage, le premier geste réfléchi qui apporte la solution d’un problème de quantité. Mise à jour des opérations complexes quand il faut les déconstruire, les donner à construire. Ce que j’ai devant moi, je peux aussi dévisser toutes les charnières, écrous, visses, et remonter pour voir comment c’est mais surtout combien.

Combien ? Il fait jour, par exemple combien d’ampoules éclairées autour de moi ? Le néon en serpentin éclaire le losange à l’entrée du bureau de tabac, six disques rouges allumés dans les feux de signalisation passent à la couleur verte, un éclairage dans la vitrine du fleuriste qui vient d’ouvrir, dans la vitrine de l’agence immobilière qui est fermée. Il est encore tôt, d’autres lumières vont s’allumer dans les maisonnettes de bois du village de Noël, dans les guirlandes et boules lumineuses en travers des rues, dans les vitrines. On parle de fermer certaines écoles le matin lors des coupures d’électricité les jours rouges problématiques seront signalés sur Ecowatts. C’est peut-être pour ça, dans un mélange de flux d’information sur les précautions, la sobriété, les coupures, la nécessité de s’informer sur les coupures, qui colle à l’esprit au moment de sortir dehors où chaque vitrine semble vouloir dissiper les entraves pour laisser place à son marketing.  Combien, on sait que c’est toujours trop. Et quand, on sait trop que c’est de plus en plus tard. Je n’ai fait qu’enfoncer des portes ouvertes… Comme dit Hippolyte Girardot dans « Un monde sans pitié » : « ça c’est pire que tout« . « qu’est-ce qu’ils nous ont laissés ? Les lendemains qui chantent, le grand marché européen ? On a que dalle, on a que l’amour et ça c’est pire que tout » Il parle de l’amour, moi de consommation d’énergie.

#22 | avec un livre (à perdre)

Redresser, classer, prendre soin des livres de la boîte à livres. Aujourd’hui peu nombreux. En choisir un pour son titre, lire la 4ème de couverture « les lits à une place », un roman. Placer « journal d’un manoeuvre » de Thierry Metz sur l’étagère. Un homme ouvre la porte du tronc de bois après moi. Il porte un cabas, on lit dessus en grandes lettres majuscules « monsieur maladroit ».

#21 | faire bouger les choses

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Punaiser cœur en carton plastifié sur le banc public où Lili a habité presque 7 mois. Découper quatre lettres dans un papier adhésif bleu. Découper un cœur dans le couvercle du pot de crème fraîche. Remplir formulaire de recherche de patient entré dans les services d’urgence. Prénom, date, champ du message. Réponse avant 17h30. Réponse négative. Perdu trace. Moi, les maraudeurs, les services sociaux. 

#20 | la scène est muette (mais vaut son prix)

Le moment où je prends la parole, je passe entre les mots qu’elle prononce à personne. Moi aussi, je passe entre les mots que je ne prononcerai pas avant de lui parler. Je ne dirai pas d’où je viens bien que ce soit à cinq minutes de marche. Elle sait que je viens d’une distance où le chaud n’a pas le temps de refroidir dans les plats. C’est un peu de cette distance où les choses n’ont pas le temps de refroidir qu’elle jette ses phrases autour d’elle. Quand j’arrive mon code est reconnu : celui des mots pour celle ou celui qui me parle. 

Je dois revenir sur mes échanges avec Lili. Ce carnet m'y conduit. Cette astreinte à rendre la scène muette, par où passer alors pour voir ce qu'on veut montrer si nous ne faisons pas entendre les paroles qui se disent, les paroles que l'on veut faire entendre. Nous basculons dans une matière indicible.

#19 | transaction

« comment tu vas ? » Deux personnes sans qu’on entende ce qu’elles se disent, elles se parlent à voix haute, elles se contactent du regard, l’une est debout, l’autre est allongée sur le banc. L’une a apporté un plat, ce jour-là était-ce de la semoule et un œuf au plat, du riz et des sardines à l’huile, dans un tupperware en plastique. Du pain et une banane, dans un sac de congélation. « Ça c’est bon. » dit-elle, en mordant la banane aussitôt pelée.

Pour ce jour autour d'une transaction, je reviens à mes échanges quotidiens avec Lili à qui j'apporte un repas le soir. J'ai déjà parlé d'elle dans ce carnet et dans le cycle des 40 jours d'écriture de l'été 2022. Cet échange s'est interrompu jeudi 24 novembre, Lili ayant été hospitalisée. Elle est sortie mais n'est pas revenue "habiter" sur le banc où je l'ai connue. Les services sociaux et de maraude ont perdu son contact à leur tour.

#18 | recopier c’est facile

Je crois que c’est la pire chose qui puisse arriver dans l’existence : ne manquer ni de sel, ni de tendresse, ni d’amour…parce que alors, il n’y a aucune raison de se mettre à parler, à écrire ou à créer. Si t’es complètement, immanquablement toi-même, alors y’a rien à dire. C’est le mutisme de la plénitude.

Petit format, jaune, neuf. Sur l’étagère des dernières lectures. 

Je suis allée vite pour écrire ce billet. J'y reviens un instant. Ce livre ne m'a pas été recommandé par un libraire, un ami, une revue littéraire, je ne l'ai pas emprunté en bibliothèque. Ce texte s'est présenté dans les mots d'une comédienne qui l'a fait littéralement explosé de vie, de survie, de puissance. J'étais sûre d'être déçue en le lisant, de ne pas retrouver la magie que nous avions traversé pendant la pièce. Oui, quelque chose s'est dissipé mais ce petit coffre à trésor de 90 pages vient me parler différemment...

#17 | petits embellissements bienvenus

concours des 947 conteneurs pour héberger les personnes sans abris

Le stade du championnat mondial de footbal 2022 au Qatar est construit en matériaux démontables à partir de 947 conteneurs. Empilés les uns sur les autres, ils servent d'ossature métallique pour les gradins.

Cette information m'a été fournie à la radio le jour du lancement de cette nouvelle proposition des "petits embellissements bienvenus pour la ville". Curieux comme dans ma tête, se sont croisés l'émerveillement à la lecture de l'extrait de Guy Debord qui nous est proposé pour inventer, et les actions de greenwashing. Une publicité de l'innovation, de la situation réinventée, qui répond mal, superficiellement, aux défis climatiques réels. Des gradins amovibles d'accord, mais une coupe du monde dans un stade climatisé qui se dit "première Coupe du monde “neutre en carbone” de l'histoire", de quoi rester sceptique.

#16 | il fait froid, couvrons-nous

short blanc veste de sport noire baskets blanches

manteau de laine long mauve béret  assorti écharpe large et épaisse en laine de couleur rosées et violacées à carreaux bottines noires à talons 

veste imperméable à capuche jaune fluo équipée de bandes réfléchissantes pièces bleues sur les épaules SEPUR en toutes lettres noires sur fond bleu dans le dos pantalon assorti bande bleue et bande réfléchissante sur la cheville chaussures de chantier noires casquette de toile 

jean à pattes d’éléphant doudoune noire tennis blanches

collant noir brillant manteau de laine chinée à grands carreaux tennis en toile à semelle compensée foulard noir sur les cheveux

manteau matelassé noir jean bleu  pantalon noir simili cuir souple et court manteau noir en laine baskets blanches

manteau marron clair en laine à motif pied de poule pantalon noir tennis de toile plates de couleur bordeau 

bonnet noir doudoune noire pantalon large noire tennis noires 

jean délavé déchiré à hauteur des genoux bracelet de cheville tennis plates blanches veston à fermeture éclair kaki sweat shirt rose 

#15 | cut up (paroles saisies au vol)

Paroles saisies au vol le jour de la proposition pour une part. Pour les autres, saisies au vol un autre jour, un ou plusieurs mois auparavant, notées sur le téléphone en faisant semblant d’écrire un SMS en utilisant la fonctionnalité « boc notes ».

En tant que matière brute, ces paroles sont d’abord du son, c’est pourquoi j’utilise la fonctinnalité de placement des blocs dans l’article, pour explorer leur répétition dans un ordre aléatoire.

Question déontologique : ai-je le droit de copier les mots d’un agent de renseignement au travail ? Aucun détail ne prouve toutefois que ces paroles sont vraies.

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On a pas ses coordonnées. On ne sait pas ce qu’il fait. Oui le dispositif fonctionne. Je veux un satellite mobilisé ce matin. Je veux savoir où il est. (couloir de métro)

La vie de ta mère ! (rue)

Appelez-moi madame la Maire ! Je ne veux pas que l’on m’accuse de choses dont je ne suis pas responsable. (bibliothèque)

J’ai envie de nettoyer tes oreilles, de curer toute la saleté qui est à l’intérieur. Je n’ai jamais vu quelqu’un avec un lobe aussi bizarre. (TGV)

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J’ai envie de nettoyer tes oreilles, de curer toute la saleté qui est à l’intérieur. Je n’ai jamais vu quelqu’un avec un lobe aussi bizarre. (TGV)

On a pas ses coordonnées. On ne sait pas ce qu’il fait. Oui le dispositif fonctionne. Je veux un satellite mobilisé ce matin. Je veux savoir où il est. (couloir de métro)

Appelez-moi madame la Maire ! Je ne veux pas que l’on m’accuse de choses dont je ne suis pas responsable. (bibliothèque)

La vie de ta mère ! (rue)

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La vie de ta mère ! (rue)

J’ai envie de nettoyer tes oreilles, de curer toute la saleté qui est à l’intérieur. Je n’ai jamais vu quelqu’un avec un lobe aussi bizarre. (TGV)

On a pas ses coordonnées. On ne sait pas ce qu’il fait. Oui le dispositif fonctionne. Je veux un satellite mobilisé ce matin. Je veux savoir où il est. (couloir de métro)

Appelez-moi madame la Maire ! Je ne veux pas que l’on m’accuse de choses dont je ne suis pas responsable. (bibliothèque

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#14 | rien qu’une seconde

Sortie 1 tomber dans les regards vides leurs fenêtres le courant d’une conversation ou seulement observer sans rendez-vous les allées et venues de la bouche de métro. Quelqu’un s’arrête. Regarde à l’intérieur du bistrot. Quand je rejoins son point de mire derrière moi un tir en diagonale rattrapé par le buteur australien échappe au gardien. But ! L’Australie ouvre le score.  

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glisser dans le courant d’une conversation ou observer sans rendez-vous les allées et venues, la sortie de la bouche de métro. Quelqu’un s’arrête, regarde à l’intérieur du bistrot. Je rejoins son point de mire derrière moi une passe en avant de terrain rattrapée par le buteur australien échappe au gardien . But ! L’Australie ouvre le score.

[reprise 30.11.22]

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#13 | arrêter le monde

Cut up – une du journal – mardi 22 novembre 2022

            résister au quotidien
      Bakhmout résiste
                                migrants noyés
      

            les circonstances de la noyade

             le désarroi                   
de la « middle class »


déclassement



         inquiétude         

                  crise crises

                  ont refusé d’envoyer un



                  navire de secours

                                    la biodiversité n’a vraiment pas été discutée

  non-assistance  

introspection        


        entre espoir et désespoir
     
               contexte social dégradé
27               


                     COP                             
                            
27 migrants

                     
                                                  mardi 22 novembre 2022                             
                                    2010

                                                 jusqu’à 2025
2021                      
                     
                                    2020                             
juin 2023

                            
                                                  2022                             
                              énergies
              en vue de 2024


                     fossiles
les pays vulnérables                                           
endeuillée                       en


                     
ruine

                     
l’instabilité                      
                                                  libre
                             musique

#12 | La grisaille, les dessous

Dessous, les mordants. On les utilisait pour fixer la couleur en teinturerie. L’alun, la chaux, venaient mordre le rouge d’Andrinople. Le plus beau des rouges, l’écarlate, qu’on allait chercher au sang, à l’urine, aux excréments, à la graisse rance ajoutés au chromate et à l’oxyde de plomb, à l’éosine. Ces mordants m’aident à tenir une couleur, c’est peut-être un rouge dans une zone grise du coin de la toile. Elle a failli de pas être tracée, et d’un coup la pâte pigmentée flanque sur la zone un amas, comme une petite gifle. L’outil creuse une vaguelette.

#11 | Lire, écrire, origine

Lettres des îles Baladar, premier souvenir précis d’un départ pour
Baladar, terre d’où des courriers promettaient d’arriver. Par thon quand
on lisait partons ! Premier dictionnaire dessiné pour inventer l’origine des
mots –– des balles de tennis s’aggloméraient à l’article de la formation de
la terre

#10 | Pendant que

Pendant que tu passes quai de la Rapée le métro est aérien, tu oublies en
dessous. Tu oublies les détails.

Pendant que tu passes métro Saint-Paul, tu oublies la rue Nicolas Appert
tous canaux d’information dirigés sur elle.

Le 7 janvier tu oublies le 8 janvier. 22 ans plus tôt.
Pendant que chaque jour amène un jour sur l’autre, tu oublies les
inoubliables.

En janvier tu oublies octobre. En octobre tu oublies janvier.
À ce rythme tout va disparaitre.

#09 | Ne pas s’attarder sur

Pas encore trouvé le temps aujourd’hui, 17h45, pour l’écriture du carnet, vous me direz que c’est un acte manqué : reporter le moment de nommer ce refus, ce sursaut. On se cabre, on évite l’obstacle. Cet écran d’ordinateur – un vieux modèle loin d’être plat, encore en épaisseur avec une coque lourde à l’arrière, la vitre éclatée en morceau, le plastique en débris, les composants en pièces déchiquetés. Dans le parc à côté de la poubelle, à côté du banc d’Eulalie qui s’en fichait complètement bien qu’elle marche en tongue. Quelqu’un l’a probablement balancé d’une fenêtre. J’ai récupéré un morceau cassé de bobine de cuivre enroulé sur un support d’étain gris-noir opaque.

(version écrite directement sur le blog raccourcie à vue d’oeil pour respecter les 480 signes. Sans passer par le traitement de texte. Pas d’outil pour mesurer le nombre de caractères)

#08 | Les noms c’est du propre !

Jean Rolin la Traversée de Bondoufle chemin des Bœufs zone industrielle des Béthunes Véolia Van Gogh chemin des Glaises Leroy Merlin Jules César Argenteuil Montgeroult D22 A15 Cergy avenue des Navigateurs cours des Merveilles Mirapolis Gargantua Courdimanche Bout d’en bas la Défense sente des Beaunes PSA Stellantis Seine Pissefontaine George Orwell Transilien Oppo Viviane Fred Windows Gmail Isalugo François Bon Tiers livre Youtube Librairie À la ligne Institut du monde arabe Monceau Fleurs Le Marigny Dachser Intelligent Logistic Raymond du Temple Sandro La flûte Gana G20 Docteur Lazreg Château de Vincennes Bérault Saint-Mandé Porte de Vincennes Nation Bel Air La petite Nemo COPOK SEKAZ Daumesnil Félix Éboué Zénith de Paris Dugommier Crédit Coopératif Qonto Bercy Al Capone Aigle Berty Albrecht SHICH BOZ Quai de la gare La Reine des Neiges Slava Snow Show Wework MK2 Chevaleret Place d’Italie La Compagnie du Lit Overdose Qonto Corvisart Winamax Glacière Disney Shinjuku Denfert Rochereau Colonel Rol Tanguy Pasteur REBS SHICHE PKR Cambronne Le zinc La Motte Piquet Plousey Laos Nicolas Hölmayr UNESCO Amadou Hampâté Ba André Malraux Gisèle Halimi John Dewey Michel Foucault Christian Bobin Michel Cimes Czerny

Post-carnet du jour

Liste de noms propres récoltés ce jeudi 17 novembre. Les premiers noms propres de la journée ont été ceux que j’ai lus dans le livre de Jean Rolin au réveil. Étonnant : ils étaient très nombreux, l’auteur effectuant le récit d’une marche en vue d’observer la frontière entre ville et campagne aux abord de l’agglomération parisienne. Le récit traverse bien, comme l’indique le titre, Bondoufle en Essonne, puis se poursuit dans les boucles de Seine vers Argenteuil. J’en étais là, au réveil, quand j’ai repris la suite de ce périple pédestre et surtout de cette merveilleuse école d’attention que nous offre ces récits d’exploration urbaine.

La consultation des appareils digital est le deuxième flux de noms propres, advenu moment après la lecture. Elle amène le nom des proches avec qui j’ai conversé ces dernières heures, puis les noms des correspondants mails, des correspondants des réseaux sociaux. Je ne me suis pas étendue.

Quelques noms propres sur des tote bags avant de sortir dans la rue. Nouveau flux de noms propres dans les enseignes de commerces. J’ai intégré quelques noms de marque, de magasin ou d’enseigne qui ne sont toutefois pas des noms propres : G20 ou flûte gana, Transilien, ou encore les noms de station de métro sans noms de personne. Pas plus que les numéros de routes D42 et A15 ne devraient pas nom plus figurer dans cette liste de noms propres. Bref : c’est fouilli. Il faudrait trier, tamiser cette matière nominale imprécise.

COPOK SEKAZ SHICH BOZ PKZ sont les signatures de grafeurs dans le tunnel où s’enfonce la rame de métro. Ce sont des noms propres, à saluer compte tenu de l’accès particulièrement difficile du support mural.

Alternance des noms de stations et des marques publicitaires le long du trajet qui m’a conduit jusqu’à l’UNESCO pour la 21è Journée Internationale de la Philosophie. Journée de rencontres gratuites, ouvertes à tous, qui propose de réfléchir aux nouvelles pratiques, transversalités, avec les arts.

Plousey est le nom de l’architecte de l’immeuble hausmanien sur lequel était gravé l’inscription.

Hôlmayr est la marque du véhicule utilisé par la fourrière pour retirer un véhicule stationné sur la voie.

Enfin, l’Unesco met à l’honneur les citations de quelques personnes remarquables dans l’histoire culturelle : Amadou Hanpâté Bâ, Gisèle Halimi, André Malraux. Mes supports de formation en ont apporté quelques autres.

Pour finir, impossible de tous les retenir, folie. Mais Michel Cimes sur une affiche du couloir du métro à la station La Motte Piquet Grenelle et Czerny, sur la partition que tenait une jeune fille dans les mains.

#07 | Un visage un trait

cheveux platine coupe carrée la peau du visage claire les yeux brillants légèrement typé un jeune homme entre deux genres | cheveux blancs visage ridé peau blanche presque livide regard imperméable sans expression masque de protection puis ses yeux pétillent part et donne une pièce et une accolade au bluesman |lèvres projetées en avant articule ou rentre les consonnes au fond de la gorge bouche entrouverte regard lumineux et profond dès que la phrase est vocalisée un sourire |

#06 | Personne d’autre que moi n’aura remarqué que

Personne d’autre que moi ne l’aura remarqué, alors que j’enfonce rapidement (taper vite me confère une certaine fierté), les touches du clavier pour écrire cette phrase : mes doigts sont imprégnés d’une odeur de poisson. J’ai observé les restes de légumes laissés sur la place après le marché : des morceaux de fenouils, de feuilles de carottes, des pelures de clémentines, peaux de bananes, des cagettes en bois et en carton, au centre une dizaine de mouettes de ville se disputent les boyaux des poissons vidés laissés par les poissonniers. J’ai observé des détritus, comme si je cherchais de la nourriture. Je venais pour observer et j’ai récupéré une palette de bois qui va servir pour le jardin partagé. 

#05 | Ciel du lundi

C’est vrai, même les ciels ont leurs catégories. Couche découpée en lambeaux, boules de ouate, de cheveux, virgule ou crochet, touffes, longs filaments translucides, voiles, nappes… Leur étage : en dessous de 2000 mètres, jusqu’à 6000, au-delà… C’est vrai… 

Avant-carnet du blog

La météorologie (nationale) ne dénombre pas un nombre illimité de ciels. Elle comptabilise une centaine de types de temps. Ce matin, lundi 14 novembre est un temps gris. On pourrait dire que le temps est fermé. Nous sommes a priori dans le temps numéro 49 : « brouillard déposant du givre, ciel invisible ».

Le ciel est fixe, obturé par ce bouchon nuageux sur l’est de l’agglomération parisienne. Hier, ses variations au long de la journée n’ont pas cessé à l’ouest, en bordure de Seine. D’abord le soleil nimbé par la brume éblouissait bien que voilé, puis l’assèchement de l’air a dégagé un pan de ciel bleu sur le sommet du coteau. Dans le RER A, soudain, par la vitre, interrompant ma discussion pour aller prendre une photo : une vue imprenanble sur la Seine au soleil couchant. les arbres en reflet miroir dans l’eau. Une nappe cotonneuse de nuage rose découpée en lambeaux. Photo manquée mais en retrouvant une catégorie pour ce temps j’ai eu l’impression de ne pas avoir manqué cette image.

J’aurais manqué cette image,et même eu l’impression de manquer quelque chose de beau. Cela m’aurait attristée peut-être même rendue un peu mélancolique. Maladroite, à ne pas vouloir laisser le soleil couchant tomber dans la nuit, sans en capturer quelque chose.

Remarque postérieure

Ici un petit travail d’enquête préparatoire. M’emparer du ciel, un ciel du lundi et non un ciel de week-end, un ciel de novembre : dans l’automne. L’automne comme il est resté jusqu’à présent dans une vague de douceur étendue à peine distinguée d’une fin d’été prolongée. Les vagues de douceurs s’enchainent après les pics de chaleurs estivaux. Le processus de réchauffement est là, nos impressions paradoxales, à double niveau. Plus de lumière, de chaleur, une nouvelle floraison de certaines espèces. Ce qui nous réveille au printemps, l’élan vital que nous apporte le temps, est enore là. Pourtant c’est un temps artificiel, une température modifiée par notre production de CO2, par notre copain l’effet de serre. Alors humeur toujours paradoxale maintenant autour de nous, dans l’atmosphère, ces 6 kilomètres, 10 kilomètres ?, qui nous environnent.

Je voulais noter ici a posteriori que j’avais eu besoin de me documenter, d’ouvrir l’enquête pour cette bribe de carnet autour du ciel. J’ai résisté à l’envie de faire du ciel un état d’âme, parce que le ciel était gris, je me serais épanchée dans une humeure un peu trop pregnante, mais aussi parce j’avais envie d’essayer autement. J’ai relu l’introduction de ce livre, très petit, d’Alain Cordin qui s’intitule Le ciel et la mer. Comment parlons-nous, à travers quelle sensibilité, dans la peinture, au cours de l’histoire, du ciel et de la mer ? Cela m’a réjouit, j’ai griffoné plusieurs pages de notes. Et voilà comment on noircit des pages de carnets, des couches s’empilent, se superposent, pour finalement plutôt réfléchir et se documenter qu’écrire littérairement parlant. Mais c’était là, comme ça, ce jour-là. Le carnet nous place à la frontière (besoin d’investigation, notre sensibilité individuelle, fabrique, construction de récit).

#04 Phrases du réveil

Ouverture ressort. Contrôle box wifi : 7:17. Chaud. « C’est un genêvrier ! ». Comme si le passant rentrait dans ma photo. « Genêvrier genêvrier » j’ai éteint vers minuit avec le mot, lu dans « La forme du monde » (Belinda Canone). Un extrait de Regain de Giono. Un cours de gym pilates ? ¨Départ du RER à 8h38 jusqu’à Conflans fin d’Oise. Café à prépaprer, sortir le pique-nique du frigo, les chaussures de marche.

#03 Ce tout petit point du réel qui nous semblait traversable

Trois minutes et quarante-cinq secondes. Cette phrase peut être parlée en Europe centrale ou en Asie, vous me préciserez où en l’écoutant. D’abord l’accélération tranquille d’un moteur suivie d’autres bourdonnements qui génèrent un grondement. L’un de mes deux voisins, assis sur le banc, parle (en kurde ?), zappe, chante une bribe de chanson par cœur. Un peu après à la même place une femme converse au téléphone (en langue japonaise ?). Je cherche le moment sans le regarder.

12 novembre 2022

#02 Loin, si loin

Mexico – Mexiiiicôô… Une pulsation monte, petit appui donné sur un pied remonté au bassin balancé de l’autre côté. Petit pas, tu appuies, petit pas, déhanché, coudes serrés à la taille. Avant-bras écartés, tes pieds dans un dimanche matin relâche, avec du temps pour rien, sous le soleil de Mexico, en vacances dans la salle à manger. L’étiquette 0,9F tient collée sur la cassette audio.

#01 Imprévu

Arthur Rimbaud passe les portes automatiques de la médiathèque Duras. Il pousse la capuche de son sweatshirt en arrière, des pics hirsutes cassent la mèche qui balaie son front. Il a l’air soucieux. Son écran de smartphone affiche 06 37 27 02 49. Il saisit son oreillette de la main gauche pour la ranger dans sa poche et baisser le volume. Il écoute une chanson diffusée à répétition à la radio « C’est fou j’travaille tout le temps mais c’est les vacances dans ma tête… » 

A propos de Nolwenn Euzen

J'écris dans les ateliers du Tiers Livre depuis 2022. Cycles: "techniques et élargissements" , "le grand carnet", "photofictions" ou 40 jours d'écriture au quotidien" (juin-juillet 2022). Mon blog le carnet des ateliers concerne quelques séjours d'écriture et ateliers que je propose, associés notamment à la marche à pied. J'ai publié deux livres papiers et un au format numérique quand j'étais plus jeune. Je me fâche régulièrement avec l'écriture et me réconcilie. Je suis d'abord une infatigable lectrice. "Babel tango", Editions Tarmac "Cours ton calibre", Editions Qazaq "Présente", Editions L'idée bleue Ces revues m'ont accueillie dans le passé: La moitié du Fourbi, Sarrasine, A la dérive, Contre-allée, Neige d'août, Dans la lune... Et, grâce à l'anthologie "La poésie française pour les nuls" (éditions First) je sais que dans un des livres de la bibliothèque de la ville où j'habite, c'est moi. Et ça compte d'être tatouée comme ça. J'ai participé plusieurs années aux échanges de blog à blog des "vases communicants" - mon site a disparu depuis. En 2007, j'ai bénéficié d'une bourse de découverte du CNL. Le texte a été abouti. J'ai bifurqué vers d'autres urgences. Enfin voilà quand même, je suis contente d'être arrivé là bien qu'aujourd'hui le temps a passé et que j'ai toujours un casque de chantier sur la tête. J'aime ça.

44 commentaires à propos de “Carnets Individuels | Nolwenn Euzen”

  1. Merci Ahn 😉 C’est tentant ! Je n’ai pas vérifié si ce numéro existait, mais c’est tout à fait possible. Cela me pose une petite question déontologique… Des appels sont susceptibles d’être passés avec une demande : « Bonjour vous êtes bien Paul Verlaine ? Ah, j’ai dû me tromper de numéro, excusez-moi » … J’ai imaginé aussi que Arthur et Paul se déplacent en trottinette électrique, Paul devant retourne la tête en arrière pour lancer un regard amoureux à Arthur. Mais c’est peut-être exagéré, quoi que….

  2. J’ai esquissé un pas de danse et suis partie en vacances le temps de ma lecture, merci Nolwenn pour cet espace temps et le souvenir de ma grand-mère qui aimait Luis Mariano

  3. Bonjour Nolwenn,
    on va du sonore au texte au fil des quatres jours, les gestes toujours comptent, et motivent à écrire, on est quelque part avec toi, c’est sûr,

  4. Merci du retour Ahn. Je propose que dans les commentaires si cela te convient, entre camarades de l’atelier, que l’on se tutoie. C’est plus convivial.
    Mes notes précédentes circulent, avec l’oreille, la vue souvent, et subitement je n’y pensais pas mais j’ai remarqué que personne ne le remarquerait à coup sûr ! En revanche dès qu’on parle d’odeur non ornementales cela donne un trait familier presque vulgaire. Bon tant pis c’est le jeu du carnet, écrire mal, parfois.

  5. chouette palette avec de la pulsation, du son, des mots, des réflexions…
    je me rends compte qu’après lecture le son l’emporte car il pourrait presque accompagné chacun des jours de ciel ou servir de fond au marché finissant, en tout cas il accompagne encore mes doigts qui tapent vers toi sur le clavier…

  6. Et bien voilà la peau de banane, elle est bien entourée, l’odeur sur les doigts apporte… sa touche de réel, as tu partagé la dispute avec les oiseaux d’eau ? on se le demande, et c’est très très vivant,

  7. merci de nous les avoir donnés tous les trois (même si ne sont pas encore arrivés ici, mon salut les attendra) le jeune homme patiné, la femme aux yeux qui sourient pour accompagner son geste, et le souriant

  8. Merci Brigitte tu me lis avec précision merci pour cette délicate attention. Ah oui, j’ai oublié cette fois-ci de les écrire dans mon carnet individuel. Dans la compile #05 je suis tombée sur un fragment pour lequel aucun sauf le prologue ne sont arrivés dans le journal. Initiale qui commence par W. Je vais voir pour prévenir la personne peut-être

  9. Je glane: j’aime cette catégorie de ciels : lambeaux ouate cheveux filaments … j’aime : « temps fermé » il me parle ce temps fermé.Et: « je venais pour observer et j’ai récupéré » j’aime cette trace sonore qui voyage … merci

    • Toucée par ta écoute-lecture attentive aux détails, aux mouvements-images : merci Nathalie ! Je réponds avec un décalage, je m’en excuse. Plaisir à te suivre également !

  10. Et voilà donc , j’avais manqué les mises en lignes de ces derniers jours, heureusement m’y revoilà, les mises en page sentent le carnet qui déborde, comme après les bonnes résolutions d’écrire bien droit et bien régulièrment dans un carnet de papier, on se met à « improviser » selon l’humeur, changer de stylo et envoyer paître les bonnes intentions, et ce soir j’adore ta liste, (et son décryptage), (me donne envie d’en écrire un) (encore plus hâte de voir la compile du jour quand je lis les unes et autres) — j’ai répensé aux noms des personnages chez Vincent Thomomé, notamment dans Vuaz, où vivent en joyeux groupe Pain, Camion, Surin et Surimi, et dans la tienne il y en aurait quelques uns qu’on ferait bien se rencontrer ou agir en bande, merci !

    • Catherine, ton retour fait entrer beaucoup de bonnes ondes, un grand merci ! Je le lis aussi régulièrement et un grand plaisir à te suivre dans ce carnet. Ces derniers jours-ci j’ai eu du mal à suivre juste assuré l’envoi mail à temps.
      Merci pour le lien vers ce texte de V. Tholomé. Pas lu. Ces échanges et renvois à partir de nos textes sont précieux !

  11. C’est vraiment un carnet impressionnant, j’en aime l’audace en continu, le flow du jour, ses bifurcations joyeuses, le temps étendu, le pas doux attentif en ombre Kyoto, comme une rivière oblique où se baigner pour aller mieux
    Merci vraiment Nolwenn, j’ai savouré chaque texte – un pays une langue si différents à chaque voyage

    • Merci de tout coeur Françoise pour ce témoignage enthousiaste, qui me va droit au coeur. Cet espace de jeu, au sens d’avoir du jeu dans une pièce mal stabilisée (ici un carnet) nourrit beaucoup. C’est précieux !

  12. Le 12 me guide, son mordant, forcément, chercher l’or dans la boue (et finalement il y a un peu de ça dans le 6, qui m’a fait sourire). Surtout le « pendant » résonne vraiment fort.
    (le genêvrier point de rencontre du moment puisque le film the juniper tree d’après Grimm, histoire de sorcières avec Björk sur arte.tv)

    • Merci Perle ! Très reconnaissante pour ce petit mot qui résonne à l’intérieur. Je vais chercher ce « juniper Grimm », arte.tv est ma chaîne principale, toutes les autres en panne depuis un petit moment.

    • Catherine, j’ai repris le texte avec les balises qui transcrivent l’éclatement du texte. Le journal de ce jour, la une, n’était pas des plus réjouissantes à lire comme à l’ordinaire…

  13. Oh, ça faisait longtemps que je n’avais pas lu de texte en cut up ! Je me rappelle un carnet (plutôt cahier, d’ailleurs grand format couverture rigide) dans lequel je compilais à la colle des pages de journal, un peu comme ça. Cette liste de dates à la fin qui devient complètement folle, j’adore.

    • Valentin : à relire car j’ai utilisé les balises br et &ensp ce qui me permet de restituer une partie de l’éclatement du texte.
      Le collage reste une excellent exercice pour s’approprier de l’information. Point commun dans un journal-carnet donc. Ce doit être un bel objet.

  14. ( 12 qui est 13 ) j’aime beaucoup cette tentative d’arrêter le monde en coupures/collages c’est terrible parce que là sur l’écran ça glisse ça file ça tombe et on pourrait se croire entré dans la 14

  15. Merci Nathalie ! Oups, oui, merci de me signaler que c’est déjà le 13. Je rectifie. A l’écran on sent mieux le mouvement qu’avec la reproduction d’une photo (d’assez mauvaise qualité). Mais dans le geste, le collage papier est plus spontané !

    • Merci d’être passé, Piero ! J’ai bidouillé pour retrouver cette police que tu utilises notamment pour le commentaire, la voix de comment tu fabriques. Catherine l’utilises aussi. J’ai trouvé et en ai profité pour dynamiser la mise en forme. Peut-être un peu chargé mais c’est un carnet qui gagne en brouillon !

  16. Je te visite régulièrement, pas encore pris le pli du commentaire. J’aime beaucoup les typos, les couleurs, le noir gras cela met plein de vie dans les testes et dans ton carnet.

    • Merci pour ton suivi, Elodie. Je passe également lire ton carnet tout en subjectivité précise et ample; et te croise dans les compiles – je ne réussis pas à toutes les lire mais j’essaie de rattraper au fur et à mesure. C’est bien de voir l’ensemble, les variations d’approche et de points de vue.

  17. Toujours la présence des plantes chez toi, et là dans la #25, les pieds comme des racines vivantes
    ce qui nous relie sans doute au-delà des apparences
    j’ai le souvenir de tes tableaux de pétales l’été dernier ou quelque chose comme ça… c’était si beau !

    • Merci d’être passée lire Françoise ! Oui je te rejoins, ce qui nous relie à partir de notre espèce, ici je suis partie en particulier d’un moment de danse pour écrire. Bonne journée à toi 🙂

      • Bonne idée cette assonance qui dit la rumination ! J’ai beaucoup aimé aussi le double « Mon double injecte une trop grande quantité de moi à la place où je suis » très bien saisi

  18. J’ai beaucoup aimé les retours à l’identique pour parler de Lili, ça ouvre vraiment sur une fiction, ça donne envie… Adoré ton cut-up oralité qui m’a donné envie de le lire à haute voix, une nouvelle idée de vidéo ? Très plaisant aussi les « remarques » et autres commentaires à propos du carnet en train de se faire, c’est risqué mais ici charmant. Enfin c’est fou cette impression d’intimité à accompagner quelqu’un dans son carnet !

    • Merci infiniment pour ce temps et cette attention dans ce cycle ultra dense. Pour les idées de prolongement.
      Lili j’aimerais bien un simple témoignage de cette rencontre à partir de mes notes. J’essaie.
      Je te rejoins, les carnets offrent une belle intimité/complicité. Plus facile peut-être qu’avec les photofictions de se connecter.