#histoire #02 | Koltès, le moment du témoin

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#02, Koltès, le moment du témoin

Dans une situation donnée, un personnage principal ou acteur principal de l’histoire, mais autour, différents témoins : non pas pour raconter l’histoire, ni remplacer le personnage principal, et même pas forcément pour interagir avec lui, mais simplement, dans l’instant même où se révèle la situation, le monologue que chacun de ses témoins entretient avec lui-même, parce que bousculé, parce qu’étonné, parce que devant y intervenir…

Et pour cela, retour au Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès (1990).

Ce passage, dans les «notes» d’écriture : «On a trop souvent tendance, lorqu’on vous raconte une histoire, à poser la question pourquoi ?, alors que je pense que la seule question à se poser est comment ? Et le «comment» dans Roberto Zucco, moment après moment, ce sont ces personnages qui traversent, ou attendent, ou observent, et que la situation contraint à une réflexion intérieure : une réflexion qui ne décrit rien de l’histoire, ne la «raconte» pas, mais en quelque sorte l’habitent. Ce sont la sœur, la mère, le frère, mais aussi «l’inspecteur» (homme donc de police, mais qui ne l’évoquera même pas, n’évoquera que son «j’ai envie de pleurer»), ou bien, encore plus un anonyme, un passant croisant les protagonistes dans la station de métro où il s’est égaré, et que Koltès nomme simplement «le monsieur».

Nous maintiendrons cette part anonyme : si «Zucco» est nommé dans le livre, les autres personnages restent sans patronyme. Témoin 1, témoin 2, un homme, une femme, la «patronne» de l’hôtel, cet inspecteur, un gardien de la prison d’où Zucco s’évade.

Alors la proposition s’emboîte bien sûr dans la première : dans cet inventaire des titres, liés à une zone ou carte géographique précise, certaines des «histoires» évoquées partent d’un fait précis ou sourçable, d’autres sont imaginaires, la construction fictionnelle vaut à égalité pour les deux cas. Mais si chaque «histoire» évoquée évoque pour celle ou celui qui l’écrit un contexte ou un développement précis, même non écrit, chacune de ces «histoires» appelle à ce dépli ou dislocation : elle se recomposera parce que trois, quatre «témoins» ne la raconteront pas, mais se construiront eux dans cette confrontation à la situation de départ. Ce sont des fragments de vie, des moments de pensée. Première didascalie de la pièce, à propos des gardiens de prison : «à l’heure où les gardiens, à force de silence et fatigués de fixer l’obscurité, sont parfois victimes d’hallucinations«, c’est cette sensation qu’on va essayer de retrouver.

Dans l’inventaire ou le répertoire de votre contribution au #01, choisir le titre d’histoire qui va vous servir pour le déploiement. Quels protagonistes, quels témoins ? Alors autant de brefs monologues intérieurs, dans le contexte même de l’histoire (ils n’ont pas besoin de sa la raconter à eux-mêmes, puisque vivant directement la situation évoquée). Mais, du titre initial, on sera passé à ces trois, quatre ou cinq monologues : ce qui est la somme des univers que porte le mental de chacun, dans la situation précise de l’histoire.

L’appui sur Koltès : apprendre de lui, y compris de sa permanente tendresse avec les voix qu’il bâtit, de comment se suffisent chacun à eux-mêmes ces monologues. Qu’ils n’ont pas besoin d’énoncer ni décrire (même si tel témoin s’en tiendra à une description visuelle, pourquoi pas), et que «l’histoire» est juste, dans cet exercice, la somme de ces fragments disjoints qui pourtant lui sont organiquement liés.

Et rien de plus : parce que nous sommes dans un cycle, et que le renversement suivant démultipliera encore cette interrogation qui nous porte pour cette séquence — que l’histoire soit le moteur.

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