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rappel : à vous de mettre en ligne votre contribution ici sur le WordPress du site, toujours penser à cliquer (à droite) les catégories concernant cycle et proposition; pour l’insertion dans le PDF collectif (mise en ligne dès que premières contributions parvenues, pendant une semaine du lundi au lundi) merci de transmettre parallèlement votre texte par e-mail ! le fichier d’appui à la proposition est accessible via la page Patreon ci-dessus
#histoire #03 | Echenoz, vingt statues avec posture, bijoux & coiffure
Ma démarche : dans le #01, un index d’histoires possibles ou à inventer depuis (c’était la clé) une délimitation ou carte géographique précise. Dans le #02, on en sélectionnait une, la plus apte à le permettre, et on y installait des «témoins» chacun dans son monologue propre et subjectif, donc ne racontant pas cette histoire mais la matérialisant, la concrétisant.
Je souhaitais, pour cette #03, qu’on quitte ces univers du monologue mais qu’on démultiplie les silhouettes prises en ce lieu et ce instant du monde, qu’elles croisent cette histoire ou pas.
J’avais par exemple pensé au livre de Laurent Mauvignier Dans la foule, où il se saisit de tous ces personnages anonymes et sans autre lien qu’être là ensemble en ce moment fatidique et tragique de l’écroulement d’une tribune lors d’un match de footbal au stade bele du Heysel. Mais ces personnages ont des prénoms, on les habite en tant que sujets, et eux aussi via monologues, selon l’art solide de l’auteur.
Comme ce mot «histoire» nous guide depuis le début de cette séquence, j’ai voulu voir comment, chez Jean Echenoz qui illustre si bien cette tradition de l’histoire comme «moteur», l’emploi du mot pouvait laisser affleurer le dispositif ou son enjeu — dans les 18 livres publiés d’Echenoz, exactement 234 occurrences du mot «histoire».
Et c’est dans cette balade que je suis retombé sur ce texte de commande, pour un livre sur le jardin du Luxembourg, et repris dans les 7 récits, donc 7 formes brèves voire très brèves qu’il rassemble en 2014, toujours chez Minuit, sous le titre Caprice de la reine.
Echenoz installe 24 blocs, de construction exactement parallèle, pour 20 statues de femmes présentes dans ce monument emblématique du paysage parisien.
Évidemment, pour nous, il ne s’agira pas de statues, mais de silhouettes bien humaines (parfois la littérature les entrecroise, comme ce passage où Don Quichotte, nous dit Cervantès «ressemble à une statue mais habillée»!). La limite est fragile, si on repense à cette magnifique suite de photographies prises en rafale au 1/10 000e de seconde depuis un wagon de métro ralentissant progressivement à l’arrivée dans une station : tous les anonymes saisis dans l’attente fixés alors comme le serait une statue (on retrouvera !).
Donc, en autant de blocs parallèles et exactement dans le même organigramme ou la même construction, repérer, dans un instant T et l’assemblée d’anonymes dans un lieu, mais lié à notre histoire, une suite de personnages qui, dans ce même instant, seront considérés comme fixes, immobiles dans leur élan ou leur action.
Et d’abord, le nom : vous, peut-être, pour cette scène, connaissez les prénoms, les patronymes, les liens familiaux ou relationnels (ne pas exclure les mille univers du travail), mais ce savoir, il vous concerne vous seul: en tant que lecteur, je ne peux savoir de qui vous parlez, si vous utilisez ou un prénom. Dans le texte d’Echenoz cela tombe bien, il s’agit de titres et de fonctions. De la statue, l’inscription sur le socle. Element 1. Puis, et c’est le plus consistant de ses 20 paragraphes, le défi majeur: comment rendre compte en une ligne ou deux lignes, trois au maximum, la posture en tant qu’unique, spécifique, et — c’est l’art de la sculpture — préservée dans son mouvement même arrêté, son élan, sa grâce ? Elément 2. Et la coiffure, ce n’est pas aussi précis et caractéristique que les robes et manteaux dans le Tender Buttons de Gertrude Stein ? Alors Echenox nous sert, dans ce texte en 20 paragraphes et 4 pages, 20 coiffures. Element 3. Enfin notre Echenoz s’amuse : pour les deux premières de ses statues, il décrit un détail, minuscule détail, les bijoux, bague ou bracelet. Mais ensuite prisonnier de son propre organigramme sur 20 statues, on aura 14 fois le mot : néant Element 4. Enfin, d’un seul adjectif, ce qu’il nomme l’expression. Element 5.
Alors toute simple, bien sûr, la règle du jeu : dépli de tous les anonymes associés, dans un instant précis, à la situation voulue par l’histoire. Autant de blocs que de personnages (20 pour Echenoz, mais je crois vraiment que c’est l’idée de foule qui donnera sa consistance à l’ensemble, l’accumulation, la fatigue, le dépassement. Ne pas s’arrêter trois, facile. S’en tenir à cinq, et on se lave fièrement les mains. Mais monter à 8, 10 ou carrément 20 ? À vous de choisir pour votre contribution et le lieu, la situation, l’instant. On garde cette réflexion initiale sur un incipit qui permet, à distance, d’isoler, caractériser et montrer. On garde la posture, phrase cruciale. On garde la coiffure, trop à y explorer ! J’aimerais qu’on vienne aussi sur son territoire pour ce qu’il nomme «expression» : si la posture est en 3 lignes, l’expression est en un seul mot, ou deux mais pas plus, c’est l’opposition qui rend le texte de Jean si étonnamment vivant, et évidemment lui confère ce sourire qui est sa spécialité. Pour la case bijoux, vous avez le choix.
Et soyez sûr que, cette troisième semaine, ce sera comme un rugissement de vrai début !
Et comment commencer, comment choisir ? En téléchargeant le fichier joint bien sûr !
Je suis toujours amusée de voir à quel point les propositions mettent en plein dans le mille de mes travaux en cours. Ce n’est pas si étonnant, si l’on considère la porosité de l’écriture en atelier et ce déjà long cheminement au Tiers-Livre (ce à quoi je travaille vient de ce cheminement, y compris les formes et les thèmes). Mais c’est à chaque fois une bonne surprise.
merci ! faut savoir jusqu’à quand on y arrivera ! j’en profite : important m’envoyer copie des contributions par mail, si je dois aller piocher dans le WP je n’y arrive pas !
Je ne te l’avais pas envoyé parce que je n’arrive pas à poster avant le dimanche et je croyais que c’était cuit pour le PDF ce jour-là.
oui, mais à quelle adresse mail? je ne la trouve pas sur le site!