#histoire #03 I Tour de la place/placette dans le sens des aiguilles d’une montre

16 rue des aubiers, cidex 218
Un enfant à la peau mate fait rebondir son ballon de foot tantôt sur sa tête tantôt sur son genou. Deux fillettes aux nattes brunes avec perles multicolores comptent les rebonds à haute voix : …cinquante-huit, cinquante-neuf… Faut surtout pas que le ballon touche le sol ! 

14 rue des aubiers, cidex 218
Une vieille femme, l’unique personne âgée du quartier, ouvre les volets rouge basque de sa maison. Casque de cheveux blancs permanenté sur la tête. Tandis qu’elle se penche pour accrocher les volets ses lunettes cerclées d’or fixées sur une chaîne dorée pendent sur sa poitrine, rebondissent. Collier de perles de culture autour du cou. Un chat tigré saute dans le jardin par la fenêtre restée ouverte.

21, 19, 17 rue des aubiers, cidex 218
Familles Zezima, Zid, Zirlo, comme classées  par ordre alphabétique, une curiosité du quartier. Même maison T4, seuls les rideaux changent. A l’intérieur de chaque maison un père, une mère, un chien, un chat, deux enfants. Les chambres des parents se trouvent toutes en haut à droite, celles des enfants en haut à gauche. Le samedi c’est grand ménage au 17, 19 et 21. La baie vitrée grande ouverte l’aspirateur résonne dans les trois maisons. A l’étage, les couettes s’aèrent aux fenêtres. Les chiens jappent dans les jardins.

8 rue des cerises, cidex 218
Un homme massif aux cheveux courts frisés a troqué son uniforme de policier, armé coincée dans le ceinturon, pour un jogging commandé à la Camif par son épouse institutrice. L’homme lave sa voiture, une fiat rythmo gris métallisée, garée d1ans l’allée de son garage.

10 rue des cerises, cidex 218
Un homme fume à côté du bloc de boîtes aux lettres, une écharpe blanche autour du cou. Il salue d’un hochement de tête le facteur à vélo. A ses pieds, un tas de mégots. 

11 rue des cerises, cidex 218
Une femme ronde, coupe au carré, visage dégagé. Un sourire immense découvre deux rangées de dents bien alignées. Brillants discrets aux oreilles. Elle a sorti une chaise sur le perron de sa maison et feuillette un magazine tout en surveillant deux fillettes à lunettes qui jouent sur le trottoir avec un caniche blanc.

13 rue des cerises, cidex 218
Un homme aux sourcils broussailleux vêtu d’un bleu de travail construit un muret en moellon pour séparer sa terrasse du carré de gazon qui lui tient lieu de jardin tandis qu’une femme au chignon défait chantonne en étendant le linge sur un fil, au-dessus du barbecue où grillent des sardines. 

1 passage des acacias, cidex 218
La nuit un homme taiseux vêtu de sombre plante des salades dans son potager à la lueur d’une lampe de poche.

2 passage des acacias, cidex 218
Une femme, coupe garçonne, cheveux grisonnants, traverse la place/placette à grandes enjambées un filet à provisions rempli dans chaque main. Des petits enfants se glissent entre ses jambes en piaillant, s’accrochent à sa jupe grise.

3 passage des acacias, cidex 218
Deux fillettes sur une balançoire chantent «Bateau sur l’eau » en se balançant de plus en plus haut, leurs cheveux s’envolent. En arrière-plan, une femme assise devant une table de jardin en bois écrit, genoux repliés sur la poitrine. Un chat noir s’endort à ses côtés.

A propos de Françoise Guillaumond

Ecrivain, directrice artistique de la compagnie La baleine-cargo sur Wikipedia, ou directement sur la baleine cargo.