1.
Les lampadaires découpent une forêt sombre sur fond noir. L’ombre projetée des saules efface le canal. Tout a disparu, hormis la rangée d’arbres qui barre la vue et au-dessus le bloc de béton trouée de fenêtres. Quand la nuit tombe, les fenêtres s’éteignent une à une, tout devient noir. Les bouches des grenouilles s’ouvrent et se ferment dans un vacarme assourdissant découvrant de minuscules dents plantées sur leur mâchoire supérieure.
2.
Chaque nuit l’immeuble rouge se transforme en guirlande de noël qui clignote. Les grenouilles s’aiment bruyamment le long du canal et les lampadaires bougies tracent des sentiers de lumière. Le vent d’ouest fait danser les branches des saules. Un parfum d’embruns s’invite par la fenêtre ouverte. Au troisième étage à gauche de l’escalier central la silhouette d’une femme berce un nourrisson dans ses bras.
3
Aujourd’hui, la palette du ciel décline ses variations du bleu pastel transparent au bleu pervenche, du bleu outremer au bleu marine, en passant par le bleu saphir jusqu’au bleu nuit velours. les feuilles des saules tissent une dentelle qui scintille. Les grenouilles chantent. Un immeuble-cargo flotte au-dessus des arbres.
Lumières et Grenouilles. Tendresse et Quiétude. Poésie. Merci