proposition #01 | une phrase, des sols GEOGRAPHIE(S)

Encore quelques  pas ou pas,  dépasser l’appréhension, me serais-je égaré  , monologues interminables mais là, présents, sensations douloureuses des pieds fatigués, crispés, du sol urbain qui n’accueille pas, rudesse qui repousse, saleté qui dissuade, circule, circule, cet espace- là n’est pas fait pour les promeneurs, un urbain va de A à Z, ne s’arrête pas, le corps doit avancer , slalomer entre mille engins à roues, à pédales, à moteurs  qui pourraient précipiter ta chute,  et  le sol urbain te repousse, toi, rêveur égaré, corps tendu , ne pas rompre  ne pas sombrer dans la  cacophonie des tourments, ce sol- là n’a aucune compassion pour les chutes, et encore quelques  pas ou pas , à nouveau contourner les aspérités, bosses, pièges des  dénivelés, chausse-trappe traitres, les éviter de toutes les façons possibles, louvoyer encore et encore dans la densité des corps, des heures, des  escaliers, des mêmes sorties , sortir et passer d’une densité à l’autre, l’air manque, relents de fritures, âcreté des sueurs , écœurement des effluves, marketing contemporain à l’œuvre, conditionnement, temps actuel, consommation forcenée, vies qui se dupliquent, épreuves qui se renouvellent à l’infini, des journées, des semaines, tu ne sais plus, ton quotidien t’interroge , que fais-tu ici, perdu, zigzagant , presque hagard, mais ne pas s’arrêter , lassitude face au bitume toxique pour les âme égarées, sans fin , énergie désespérante, désespérée, tu ne sais , survivre,  vivre sans doute un peu plus tard , et à nouveau encore quelque pas… ou pas, hésitations face au chemin qui va de toi à toi, mais tu ne le sais pas , pas tout à fait, tu ne veux pas voir les obstacles intérieurs, tu ne vois que l’extérieur, tu ne joues pas avec les bons codes, tu les as oublié peut- être, il te faudrait faire le point, souffler un peu, cesser le mouvement d’automate qui te fait marcher, tes pieds, ton dos, tes bras, ta tête te le demandent , tu n’entends rien , rien de possible  qui puisse modifier quelque chose, maintenant, pas demain , tu as su tout ça, mais tu ne peux toujours pas, conditionné à reproduire , ton imagination semble t’avoir  déserté, changer de planète , ta condition te colle au plus près du sol, sans perspective possible visible. Un léger tremblement, de combien d’univers sommes-nous constitués ?

A propos de Annick Nay

Des bords de Loire aux bords de Seine, des paysages, un parcours... A toujours aimé écrire au gré des saisons et de ses pérégrinations … ECRIRE quelquefois, souvent, pas du tout … ECRIRE des brèves, des textes longs, c'est le texte qui décide … ECRIRE quand l’écriture fuit … ECRIRE explorer , persévérer , partager … Publications: texte poétique dans la revue Filigranes (2004) Labo écritures à Vézelay ( 2004), écritures et photos. Catalogues d’artistes, au gré des expositions et des galeries. En ligne «Raconter la vie» avec le pseudo Clotilde N.(2015) Animation ateliers d’écritures çà et là Installation Pavillon de l’Arsenal 5/02 au 17/03/2024 I«Paris en 2050»

2 commentaires à propos de “proposition #01 | une phrase, des sols GEOGRAPHIE(S)”

  1. faut-il vraiment que le cheminement à l’intérieur de soi soit aisé et que l’in retrouve un chemin clair ? ou devons nous tâcher de faire avec tout ceux que nous sommes

  2. La question reste ouverte pour d’autres écritures …
    Merci pour votre lecture