#rectoverso #15 | pages / #11 | prolongation

À propos de liste. Pour cette proposition #15, je me fixe l'objectif d'atteindre trente-cinq entrées. Je n'irai pas au-delà, car c'est la #11 qui m'inspire un projet au long cours.
  1. J’aimerais savoir déterminer si le livre que j’écris est proportionné à son projet.
  2. Je bats les pages comme des cartes.
  3. Je n’abats aucun personnage.
  4. Je cherche le moyen de faire abattre ses cartes à chaque personnage.
  5. Je lis dans les pages l’avenir du texte.
  6. Elle lit dans les nuages de vieilles légendes celtiques.
  7. Il existe des ciels sans nuages.
  8. La fumée artificielle, ils disent aussi nuage (poussière atomique, cendre).
  9. Quel genre de brouillard produisent les bombes ?
  10. Un auteur invité à un atelier d’écriture, l’un des premiers auquel j’ai participé, m’avait conseillé de chasser la préciosité, pour rechercher la précision.
  11. Je me souviens qu’il portait le même prénom que mon frère.
  12. Je ne me souviens plus de son nom. Je me souviens de son conseil.
  13. La phrase de cet auteur était elle-même précieuse.
  14. Que me font les paroles d’auteur ? À l’écrit. À l’oral.
  15. Encore faut-il lire les livres en entier.
  16. J’ai retenu de Joseph Brodsky que la langue n’est pas au service du poète, mais que c’est le poète qui est au service de la langue.
  17. J’ai cité cette phrase, un jour, dans un atelier d’écriture. Tou.te.s me sont tombé dessus. On n’aurait pas le droit de néologiser ? Il faudrait laisser la langue plus figée que la Néva en janvier ? Ce n’est pas ce que dit cette phrase. Pour la comprendre, il suffit de lire successivement un slogan publicitaire, un jeu de mot accrocheur dans le titre d’un article, un poème.
  18. J’ai cherché la réf sur internet. J’ai trouvé cette traduction sur le site https://le-cep.org/langage-poesie-origine-divine/
    • « Quand nous louons ou quand nous critiquons un poète (et particulièrement quand nous le louons), nous commettons pourrait-on dire une « erreur » : nous considérons le langage comme l’instrument du poète. Il en va à l’inverse, c’est le poète qui est un instrument dans les mains du langage, car la langue existait avant nous et subsistera après nous. » (Entretien avec Natalia Gorbanievskaya. « La Pensée Russe », n° 3450, du 3/2/83, Paris)
  19. La suite du texte fait allusion aux distorsions que la propagande fait subir à la langue.
  20. Je ne sais pas ce que vaut cette traduction.
  21. Gloire aux traducteurs !
  22. Je me souviens du long bâtiment à l’ombre duquel je marchais, sur le campus de l’université d’Emory, à Atlanta, le matin où j’ai appris la mort de Joseph Brodsky. Sur ma droite, c’était l’hiver, il y avait des magnolias.
  23. L’hiver est doux à Atlanta.
  24. Les ouragans sont des phénomènes d’automne et d’été.
  25. Que viendrait faire un ouragan dans la langue ?
  26. Je prends note des conditions atmosphériques sous lesquelles évoluent mes personnages.
  27. Ce ne sont pas mes personnages. Ils ne m’appartiennent pas.
  28. Un jour où j’ai renoncé à reprendre un texte qui me tenait cher à cœur depuis plusieurs années, où j’ai décidé de laisser filer, j’ai pensé de Gina: « Elle se débrouillera bien sans moi ».
  29. Non.
  30. Tant qu’elle n’est pas lue, comment fait-elle pour se débrouiller sans moi ?
  31. Elle se transforme, pourtant, sans m’en tenir informée chaque jour.
  32. Il y a des nuages au-dessus de la route.
  33. La lassitude de travailler un texte qui n’aboutit pas, ou dont la publication n’aboutit pas, ne vient pas d’un désintérêt pour son sujet. C’est la langue qui dicte ce choix. Elle demande du neuf. Si on reste collé à l’ancien, on reste englué dans la façon d’écrire cet ancien. Je ne parle pas ici de la réécriture, mais de l’enlisement.
  34. Réécrire est ce que je préfère. Pétrir, fatiguer, ciseler.
  35. J’aime beaucoup les histoires où les personnages prennent le large. Comme ceux qui changent de livre dans « Aldomond et elle » de Martine Marck.
  36. Écrire en rouge.

A propos de Laure Humbel

Site internet : Sur mes tablettes, laurehumbel.fr. Dans l’écriture, je tente de creuser les questions du rapport sensible au temps et du lien entre l’histoire collective et l’histoire personnelle. Un élan nouveau m'a été donné par ma participation aux ateliers du Tiers-Livre depuis l’été 2021. J'ai publié «Fadia Nicé ou l'histoire inventée d'une vraie esclave romaine», éd. Sansouire, 2016, illustrations de Jean Cubaud, puis «Une piétonne à Marseille», éd. David Gaussen, avril 2023. «Ton Nombril» et «BigBang» (Toutàlheure, 2023 et 2024, illustrations de Luce Fusciardi) sont des albums pour les tout-petits qui forment un diptyque sur le thème de l'origine.

4 commentaires à propos de “#rectoverso #15 | pages / #11 | prolongation”

  1. C’est le parallèle établit entre la présence des magnolias et l’annonce de la mort qui me touche,
    et puis si la #11 permet une suite, c’est déjà une belle avancée, n’est-ce pas…

  2. C’est le parallèle établi entre la présence des magnolias et l’annonce de la mort qui me touche,
    et puis si la #11 permet une suite, c’est déjà une belle avancée, n’est-ce pas…

  3. « Elle lit dans les nuages de vieilles légendes celtiques », serait intéressée de lire le récit de ces légendes qu’elle lit dans les nuages ! J’ai aimé aussi ce que vous ecrivez autour du persinnage Gina : Tant qu’elle n’est pas lue, comment fait-elle pour se débrouiller sans moi ?

  4. Terriblement efficace ; ça avance et ça fait retour … (vais retourner voir la 11 ) . Merci.