#rectoverso # 15 | un tout

C’est une sorte de petit tout éclectique, imprévu, soulevé par les invitations au voyage

Impossible de dénombrer, de chiffrer. De compter abattis, affleurements, impasses, ouvertures

Le défi brûle ailleurs

Rendre lisible le tout ? Ce serait comme s’ouvrir les veines pour voir comment le sang circule. Ce serait comme se vider de son sang

Pourtant c’est ce qui a lieu, par le seul fait d’écrire : opacité paradoxale

Bouquet de paradoxes cryptés. Avant, dans le répertoire, je confondais défricher et déchiffrer

Je crains la liste qui rigidifie mais je passe par elle pour m’en (s’en) défaire. Au cas où elle prendrait la place de ce qui reste à trouver

En écrivant, on marche pieds nus sur la terre, on échappe peut-être au pire mais ce n’est pas dit

Ce qui se présente : retenue d’eau pendant que la rivière poursuit sa fuite en avant vers le large, démêlant au passage les chevelures vertes qui poussent au fond

Brasser : action d’orienter la voilure (avec écoutes, amures). Brasser comme écrire

Retourner sur les traces oui mais les traces nous ont déjà complètement retournés

L’accordeur de pianos et la photographe ont ramassé un bébé mésange condamnée par la chute. Le couple a réussi à nourrir le minuscule oiseau avec des boulettes de vers. L’oiseau en confiance a grandi, passant d’une épaule à l’autre pour jouer, se baignant dans le creux d’une main, répondant aux appels. L’accordeur et la photographe ont appris la langue des oiseaux et quand la mésange est partie, tous deux ont pleuré quand même. Après s’être saoulée d’arbres proches et de sève d’hortensias, elle est revenue. L’accordeur, la photographe et la mésange s’apprennent mutuellement comment repartir

Il y avait le cheval d’orgueil et depuis, la terre s’embrase, les matrices de la langue se raréfient, le retour aux sources fait sourire les manipulateurs aux manettes, les sources se cachent pour échapper aux effacements programmés

Grâce à la déviation provisoire, une ancienne route est reprise

Barricades mystérieuses, Tombeau de Couperin, stèles de granit sauvage — enchevêtrements recouverts par la mer qui révèle en se retirant ce qu’elle semblait ensevelir — ; tombe de granit clair toujours à découvert et les pas jusque-là dans le sable du cimetière

Ça remue et les repères se mélangent. Suspendre, faire place à la décantation

A propos de Christine Eschenbrenner

Génération 51.Une histoire de domaine perdu, de forteresse encerclée, de terrain sillonné ici comme ailleurs. Beaucoup d'enfants et d'adolescents, des cahiers, des livres, quelques responsabilités. Une guitare, une harpe celtique, le chant. Un grand amour, la vie, la mort et la mer aussi.

Une réponse à “#rectoverso # 15 | un tout”

  1. « Impossible de dénombrer, de chiffrer. De compter abattis, affleurements, impasses, ouvertures

    Le défi brûle ailleurs »
    Un petit tout éclectique qui dit sans dire trop, pas encore … « L’accordeur, la photographe et la mésange s’apprennent mutuellement comment repartir » un suspend qui touche fort …