Je pris la direction du poème, traversai le couloir entravée des chevilles aux poignets : Tu devras lui faire la voix, m’avait dit le geôlier. Le poème avait jeté ses vers sur la table à quelques centimètres du bord en grand désordre ; sans queue ni tête ils oscillaient comme des oxyures, ils pouvaient à tout moment basculer et s’abimer dans le fourrage qui recouvrait le sol : je resterais sans mots. Tu peux toujours improviser m’avait dit K., avant de s’enfoncer dans l’ombre, leur donner de la musique ou bien danser. Les sept vieillards ne bougeaient pas derrière l’écran ( simple mesure de précaution, pensais-je ) j’attrapais, des mots et des phrases sur la table trouant au hasard le poème ; un peu de salive noire me vint aux lèvres, le premier mot sortit brouillé
…
Comment
Comment
Comment
Te disant
Sonnant
Sonnant
Sonnant
J’abreuvage ton vieux corps
Comme la parque encalminée songe
à pas d’ombre et corps transi de fèves
J’albumanime ta rétine
Celui des sept qui se leva – sa tête et ses bras dépassèrent du grand verre qui le séparait de moi- prit le mors – a ses doigts cloniques, les bagues s’entrechoquaient, des vers lui macéraient la figure – Il t’échoit, me dit-il mais on t’offre une seconde chance, tu reviendras : surtout n’oublie pas d’assouplir ta langue. Je savais par K ce que signifiait une telle offre et je tirai le drap sur ma figure.
Beaucoup d’énergie dans ce poème bringuebalé et v’la qu’des bagues se l’approprient. Beaucoup ri. Merci
Merci Louise .
Merci Nathalie. Quelle forte et indicible image que cette « direction du poème » aux vers-oxyures. Merci.
Merci Ugo c’est du rat trappe âge in extremis…
… et l’interaction qui était l’enjeu !
Oui tenter de …