#rectoverso #01 | Semaine du 30 juin 2025

RECTO

Auchan, rue de Lagny, est le supermarché le plus climatisé de notre quartier. D’expérience, ils règlent le thermostat cinq degrés en dessous du Super U du boulevard Soult où on a nos habitudes. Ce jour de canicule à Paris, on se balade dans les rayons — pour l’air frais plutôt que pour les produits. Le rayon Glaces est quasiment vide. Plus de sorbet Citron, plus de crème glacée Vanille, juste quelques tristes Mister Freeze et deux ou trois bacs de ces goûts que personne n’aime : Menthe, Abricot, Poire. Nous ne sommes pas les seuls, déçus et démunis devant le vide du seul rayon qui pourrait nous apporter quelque consolation face à l’enfer dehors.

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Trois mois qu’ils ont bouleversé le carrefour de la Croix-de-Chavaux. Trois mois à errer autour du chantier pour trouver l’arrêt déplacé du 127. Depuis le 15 juin et le début de la canicule, c’est le chaos : engins de chantier abandonnés, grues qui rouillent sur place, bétonnières à l’arrêt. La vague de chaleur est une apocalypse.

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Le stand des vendeurs de fruits sur le marché du Cours de Vincennes. Les pommes de l’année dernière ne font plus qu’une ou deux cagettes. À la place, ils vendent des fraises et des patates, en petites quantités. La vendeuse et le vendeur viennent de loin, d’un village de Picardie, chaque mercredi et chaque samedi aux aurores, vendre leurs pommes 2,60€ le kilo. Sous leur bâche rouge, la chaleur est intolérable.

VERSO

Le stand des vendeurs de fruits sur le marché du Cours de Vincennes. Les pommes de l’année dernière ne font plus qu’une ou deux cagettes. À la place, ils vendent des fraises et des patates, en petites quantités. La vendeuse et le vendeur viennent de loin, d’un village de Picardie, chaque mercredi et chaque samedi aux aurores, vendre leurs pommes 2,60€ le kilo. Une habituée les interpelle : « Elles ne sont pas chères, vos fraises ! » Sous la bâche rouge, la chaleur est intolérable. La vendeuse, jeune femme aux cheveux violets et aux oreilles quatre fois percées, soupire : « C’est sûr que c’est pas avec ça qu’on va faire fortune… » L’habituée achète une seule barquette. En lui rendant la monnaie, la vendeuse marmonne : « De toute façon, avec ce qui nous reste, c’est chômage jusqu’à l’automne. C’est à qui ? »