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journal | funambule miracle

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2019.09.06 | enterrons les cantines

En me réveillant de ce très bizarre sommeil dans le vieux train Corail, brutal et dense, plein milieu de l’après-midi, cette sensation qui a mis longtemps à se cristalliser, mais qui est devenue de plus en plus nette à mesure des heures : ce serait l’histoire d’un funambule qui fait une prouesse incroyable, au-dessus de tout ce qu’il a fait jusqu’ici, comme ce type qui vient de franchir le grand canyon (ou peut-être à cause des articles sur lui). Et quand il arrive, il réalise, mais très progressivement, très lentement – malgré les gens qui lui font fête, et malgré le côté plus que linéaire de son expérience, point A de départ, fil droit, point B d’arrivée, sans jamais se retourner – qu’il est revenu à son point de départ, qu’il est là précisément d’où il est parti. Il n’y a rien à tirer d’une telle histoire et en ce moment je n’ai même pas envie d’écrire des histoires. C’est juste qu’elle était là, l’histoire. Bizarre aussi, avoir reçu une gentille invitation à aller en avril 2014 au salon du livre de Buenos-Aires, où paraît une traduction de Mécanique, et pourtant la refuser, alors que j’ai accepté Chicago en octobre. Tout aussi irrationnel que le funambule, mais dans la même mise à découvert, en ce moment, de zones très profondes de soi, incluant de l’égarement ou à cause de. C’est juste une question de perception de place, et de n’en pas usurper une qui ne serait pas la vôtre. De toute façon, à partir de septembre, fini d’être saltimbanque : et s’agira justement de prouver qu’on ne l’a pas usurpé.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 26 juin 2013
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