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2019.09.06 | enterrons les cantines

une autre date au hasard :
2006.11.01 | tombes d’Yeu
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J’ai pu assister à cet événement qu’on garde en principe le plus discret possible : les scellés hermétiquement mis sur une cantine souterraine en vue de sa conservation pour le futur. Des fragments souterrains de la ville, en période de décadence amorcée, choisis et répertoriés pour leur représentativité, mis à l’abri pour servir de témoignage, à quelque date indéterminée du temps que ce soit. Des archéologues viendront, de quelque espèce humaine ou non-humaine qu’ils soient, et disposeront de ces signes pour reconstruire un rouage ou un usage signifiant de nos communautés : ici, sous la ville, une communauté à heures fixes se nourrissait. Bien sûr, au moment du dernier scellé, on est ému. On le fait aussi sans regret. D’autres fragments souterrains de la ville attendaient l’équipe de travail, et la liste confidentielle avec plan qui les guide dans leurs opérations. Restait l’argument des opposants à ce projet, mettaient en cause l’idée qu’on puisse reconstituer nos modes de vie actuels en retrouvant de tels objets urbains préservés, la ville disparue, ou suggéraient qu’on continue de les employer, ces lieux, au prix de modifications mineures : en faire par exemple des lieux de répétitions pour performances théâtrales, ou littéraires –- mais qui y aurait ajouté foi ?

 


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 6 septembre 2019
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