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2017.04.30| Oakland, on a un problème

C’est ainsi. Quand le monde me déplaît, paraît fade, je m’en vais explorer ces instants arbitraires, mal photographiés, depuis les routes déjà tracées, mais où l’instant arrêté se déploie à l’infini de la décomposition spatiale.

Où s’en aller, dans l’infini du monde. J’ai des points d’atterrissage préférés. Des routes déjà prises. Des lieux arpentés pour de vrai, comme on dit, ou bien que je ne connaîtrai jamais qu’ainsi, par procuration de l’image web – mais le web est notre réel en toutes choses.

Pensée particulière pour Stephen King, et ce hangar qu’il me semble si bien visualiser, qui joue un si grand rôle dans son 11/22/63 (lisez-le, c’est vraiment un pas de côté par rapport à l’oeuvre, un livre majeur dans le traitement de l’uchronie, mais téléchargez-le in english sur votre Kindle, la trad française est aussi fadasse que les autres) – des lieux qui arbitrairement sont des passes privilégiées pour sortir et du temps et du monde (enfin, ses lois ordinaires).

Pour moi, depuis sa découverte grâce à Eglantine C., le port d’Oakland tient ce rôle. Frustration en février, quand il pleuvait tant qu’on pouvait à peine sortir de la voiture, et que la moindre ornière pouvait noyer le moteur de notre toute petite bagnole louée.

C’en est au point que j’aimerais bien monter un projet de résidence qui serait une sorte d’inventaire filmé écrit du port d’Oakland, en tant que croisement nodal d’interférences du monde tout entier.

Donc viser le port d’Oakland, et de là repartir, ou pas. Une de mes stratégies, depuis longtemps, c’est de s’en tenir à un carrefour, mais l’explorer complètement. C’est aussi un fabuleux exercice d’écriture.

Mais que change à notre perception mobile, dans le clignotement lumineux du panneau don’t litter, avec la locomotive qui avance vers le carrefour sans se préoccuper du feu rouge, que soudain un essieu échappe à la remorque porte-conteneur, que le truc s’écrase par terre avec un gros bruit de ferraille, et que les deux types bien empêchés s’accrochent à leur téléphone ?

C’est cela qui suffirait à définir un « roman lieux » et ici le rassembler ou l’entreprendre (comme avant moi ou en parallèle, parmi d’autres, Olivier Hodasava ou Michel Brosseau).

NOTA : IMAGES GOOGLE STREET VIEW.

 


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 30 avril 2017
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