2005-2006, c’est la période où j’ai vraiment commencé à me servir de mon appareil photo numérique comme documentation un peu systématique, ça supposait déjà une bonne dose de franchissement mental. Cet hiver 2005, mais prolongé l’année suivante par tournage avec les apprentis coiffeuses·coiffeurs du CIFAP, je suis en résidence à la bibliothèque municipale, souvenir dense. Alors je prends l’habitude, qu’importe, de repasser par les mêmes rues quitte à faire les mêmes photos : je dois en avoir une centaine de l’usine Elis (fini), une bonne deux centaines des Magasins Généraux dont personne n’imaginait qu’ils pourraient être réhabilités dernier chic, et récemment j’ai cherché en vain, tout au long du canal de l’Ourcq, cette Poclain montée sur barge, inventoriée sous tous les angles à au moins cinq reprises. Plus les rues : je sais mieux marcher dans Pantin en 2005 que ce que j’y retrouve aujourd’hui. Hasards qui font que j’y suis repassé plusieurs fois ces mois, et c’est pour ça qu’on a rouvert les vieux dossiers du disque dur. En voilà une poignée. Des fois c’est juste qu’à faire tout ce qu’on faisait toujours en même temps on ne prêtait même pas attention à ce qu’on faisait d’important sans le savoir. Et réflexion symétrique : mondes qui s’écroulent, celui-ci a disparu — alors nous, qui lui appartenions, croulés aussi probablement ?