roman-photo | ceci est une photo interdite

résidence Paris en Toutes Lettre, une semaine d’immersion à la Défense


Sur le parvis de la Défense, chaque tour a un nom. Parfois juste le nom d’une marque, Areva, Total, EDF, SFR. D’autres fois un nom plus générique. Mais pas l’apparat des downtowns de l’autre continent, avec cerbère galonné pour piloter l’entrée depuis ses rambardes de cuivre. Je suis donc entré dans COEUR DÉFENSE parce que c’était écrit COEUR DÉFENSE, qu’une verrière joignait les bâtiments en un vaste espace intérieur, comme suspendu, où toute la ville soudain n’était plus qu’une vague rumeur très loin. Et puis pour ce double escalier s’enfonçant à même le sol : de n’importe où dans la Défense on sent la présence des souterrains, mais c’était triste et sans lumière, avec la vague indication d’un centre de congrès sans congrès. C’est cette sensation de vide (personne, juste deux personnes sur un banc de ciment, attente improbable) qui m’attirait : le coeur de la Défense est un coeur vide. Et puis ce mastaba, pesant volume cubique dans le cube de verre. J’ai pris cette photo, et puis une autre des verrières. Alors le monsieur à casquette s’est précipité sur moi de très loin : Il y a des têtes de femmes ? me demanda-t-il trois fois... Et je cherchait où pouvaient être ces têtes de femmes. Il me montrait mon appareil-photo, pourtant un petit compact de rien du tout : – C’est interdit, les photos, il faut les effacer, montrez si vous avez des têtes de femmes... Je n’avais que ces photos ci-dessous, il a bien voulu condescendre à ce que je ne les efface pas. Le coeur de la Défense serait plutôt fait de fantômes, de femmes sans tête alors ?


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
1ère mise en ligne et dernière modification le 2 mai 2011
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