unending stories #356

« Toujours ce rêve où tu te réveilles dans une pièce nue...


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Toujours ce rêve où tu te réveilles dans une pièce nue. Elle est éclairée du dehors, mais ce sont des verres dépolis industriels, rien moyen de voir, de situer. Alors dans la pièce tu t’actives. De toute façon tu as assez à faire : mettre en marche les machines, les écrans, les disques durs, les enceintes, l’éclairage. Ce qui te semble important c’est ça : la distance. L’espace qu’il te faut pour marcher de là où tu es jusqu’à cette machine où tu dois écrire. Le silence est complice, pas hostile, favorable. Parfois il fait chaud, parfois il fait froid, dans ces anciens entrepôts industriels ce n’est jamais simple d’avoir la bonne température. Tu as pris du café, retendu les draps, il y a si peu à faire. Tu n’aimes pas être contaminé du dehors, radios, journaux, tout ça il y a longtemps que plus. Mais oui, marcher à la table, t’asseoir devant l’écran, écrire. Continuer ce grand travail à reprendre. Peut-être c’est plusieurs écrans, plusieurs machines, ça ne change rien. C’est un travail que tu aimes bien, et tu as toujours pensé qu’exercer l’écriture dans un espace suffisamment grand était un atout pour l’imaginaire, la place intérieure. Alors tu marches, tu marches vers la table, là-bas, dans l’autre angle de la pièce. Là-bas, à distance des murs, là-bas dans l’endroit favorable, décidé par toi-même. Tu marches vers la table. L’espace est immense. De plus en plus immense. Tu ne l’atteindras jamais.


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 10 juillet 2017
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