< Tiers Livre, le journal images : 2012.09.14 | tranquillité des choses

2012.09.14 | tranquillité des choses

J’étais grognon, mal réveillé, garé loin, et le parking qu’on utilisait librement l’an passé est défoncé pour y construire des bureaux comme des boîtes d’allumettes empilées. Ils construisent façon Québec (on ferait un plagiat comme ça en écriture, qu’est-ce qu’on prendrait dans la figure, coudonc) : une structure ultra-légère en béton autoportant, des panneaux sans épaisseur sur les bords avec un gros isolant en sandwich. Là c’est juste à côté de Pôle Emploi, mais je crois que c’est la SNCF qui loue ces bureaux. Quatre personnes dans la pièce, matériel le même pour tout le monde. Clavier garanti administratif qui doit rogner déjà 30% de la force de travail (serais incapable du moindre sur pareil clavier charrue), matière bas coût pour la table et les chaises, aucun signe d’appropriation sur les murs. Mais cela s’appelle quand même travail, peu importe, ça les regarde. Pourquoi alors le réflexe de prendre une image (sans pour autant sortir l’appareil du sac, juste comme ça, avec le téléphone) ? Pour tout ce que ça dessine d’absence humaine en creux ? Pour s’y voir en miroir, non pas qu’on ait chance jamais d’une vie de ce genre, mais parce que finalement son propre groubi participe du même schéma ? Ou simplement parce qu’en cette fin d’été, redécouvrant le départ à 6h pour un train ou un autre, on est tout surpris de se retrouver dans la nuit, et qu’ici l’éclairage indifférent commence bien avant les gens ?


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 14 septembre 2012
merci aux 460 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page