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2012.12.22 | Pléiade et iPad

Dans cet aller-retour train en pleine journée, mardi, pour un rendez-vous venir et repartir, curieux face à face TGV (mais il n’y avait que moi à le trouver curieux), entre ce monsieur qui a travaillé tout le trajet en 3G sur son iPad, de deux doigts mais avec précision et célérité, et moi qui par exception m’était replié sur livre imprimé, ce qui devient tellement rare. Mais je n’ai pas Jean Santeuil en version numérique, et c’est sur Jean Santeuil que je voulais travailler. Il reste que suis désormais tellement habitué à lire travailler sur cette surface active avec moteur de recherche, signets et surlignages (plutôt qu’annotations : je préfère noter directement dans mes fichiers de travail texte que dans le fichier du livre numérique), que je privilégie la bibliothèque numérique à l’autre, qui s’endort. Il manque de lourds continents, dont Gracq, Ponge, Michaux parmi ceux dont j’ai souvent besoin dans le travail. Exception pour les séances d’ateliers d’écriture, où j’apporte toujours le livre papier, quitte à une édition de poche. Je ne sais pas si ce geste est plus pour me rassurer moi ou les rassurer eux, ou que cela fait partie d’une sorte de triangulation un peu rituelle, pour mener au quatrième terme, celui où ils seront dans leur propre écriture, avec une perspective devant que j’aurai su ouvrir. Je n’ai pas vraiment besoin de ces livres, puisque la plupart j’en dispose via l’informatique, au moins pour mon usage personnel, et que c’est plutôt la veille et l’avant-veille de la séance que je m’ancre dans une revisite de l’oeuvre. J’en suis au point où, avant de partir dans un texte dense, je me pose devant mon ordi, j’ai le scan sous la table, le logiciel ABBYY et en quelques minutes j’ai fait une version rtf du livre à lire, quitte au côté brut de scan, et au moins j’en dispose sur le petit ordi nomade d’écriture ou sur le Kindle Fire voué à la lecture. En tout cas c’était le début d’après-midi, j’avais ce rendez-vous à 15h qui supposait que je reste concentré, le paysage qui défilait et Jean Santeuil dans le vieux Pléiade de 1971, tandis que ce monsieur travaillait à même sa dalle tactile, là où si souvent moi-même je creuse.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 22 décembre 2012
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