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2014.01.01 | fitness de l’écrivain

Non, ce n’est pas mon mode de vie. Ici ça commence à venir, mais à la française, petit commerce et machin qui brille. À la Défense, l’enclave américaine de France, il y en a un dans le sous-sol. À Montréal ils disent ça tout banal, le gym et on les voit en pleine nuit qui s’activent, leur machin sur les oreilles. Remarque, on en a même connu qui vont tout un bout d’un livre sur leur vélo immobile (nous on dit vélo d’appartement, au Québec ils disent vélo stationnaire). En passant dans la rue à Chicago, un de plus, gros bras, prothèses d’inox et autres appareils à boules. On photographie comme si c’était indiscret, alors qu’ils se montrent. Sûr ce n’est pas mon mode de vie, alors qu’il faudrait (mais ça grince trop aux pourtours et engrenages). Reste pourtant que l’écriture ça ressemble quand même : demande-toi pourquoi ce que tu fais, et tu ne tiendras pas. Ça ne marche pas à l’intention. Mais ne convoque pas l’intention, pour tenir dans le livre à lire et la discipline du livre à lire, et la pratique même, même celle-ci, juste passer la main sur un petit bout de monde te voir ce que tu en ramènes de langage dans ta paume, et t’es mort aussi. Pas prêt pour quand ça déclenchera. Et peut-être ça ne se déclenchera jamais, peut-être que c’est juste ça qui compte, ce qu’on fait ici, sans préméditation ni volonté de trace, sinon ce coin de blog recouvert au lendemain. Après, ce sont ces machines qui me terrifient un peu : mon Saint-Simon, il n’est pas si étriqué que leurs appareils. Et la pesanteur d’un vers de Baudelaire, bien pire que leurs grosses boules à muscles, mais tu la lèves d’un doigt tout aussi bien. Y a pas, va falloir vite retourner à Chicago pour comprendre.

 


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 1er janvier 2014
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