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journal | temps trop doux

La forme journal me pèse un peu en ce moment. Trop de choses en retard dans tous les coins, textes à rendre, projets à nourrir, et je perçois ce site comme une grosse machine vivante qui est appelée peu à peu à me remplacer moi, ou moi me transformer en lui, alors il faut fabriquer tous les organes, c’est une sorte de mine où je suis plus souvent au fond qu’en surface. Pourtant je vois des choses : ces 2 jours de séminaire sur la question du webdoc à propos de Fos, puis l’aller-retour à Amiens à parler de Koltès devant tout un amphi de classes prépa, plus une séance Stones après et le départ d’Amiens à 6 heures du mat comme tant de fois tant de villes parti à 6 h du mat. Toujours pas complètement apprivoisé non plus cette immersion de 48h dans les visages et travaux de Cergy, chouette à vivre et ça me donne certainement un point fixe à l’intérieur, mais c’est nettement le grand écart qu’il faut rapprendre pour retrouver ensuite ses pistes à soi. Des choses qui vont mieux, quand même. Et si, après tout, je m’enfonce dans un texte rien qu’à moi au lieu de continuer le travail de commande, j’assume et tant pis pour le dossier pas fait ou les mails auxquels il eût été poli de répondre même en retard. Goût repris aussi à InDesign, ça m’a fait du bien de le constater, là aussi ce qui est bien c’est de le faire pour soi et que soi et rien que pour soi. Qu’est-ce que j’ai fait de ces 2 journées sinon être resté assis sur ma chaise, devant la dalle 27’’, avec ces montagnes de trucs prêtes à s’écrouler tout autour ? Ça ne se raconte pas. Dans ce cas, j’aime bien lancer des sortes de carotte vers ce qui s’est passé les autres 18 janvier. Par exemple que le 18 janvier 2010 j’étais dans le bus Orléans-Express (il paraît qu’ils ont changé de nom, c’est dommage) de Québec à Montréal, c’était neige et glace partout (certainement moins cependant que ce qu’ils ont enduré cet hiver) et je découvre sur mon Lightroom que j’ai fait la même série de photos que je faisais chacun des voyages, notamment cette espèce d’auberge avec dinosaures géants de plastique au-dehors, et cette ferme dont toujours j’ai aimé la géométrie et ses silos comme des arbres. Ici, cet hiver, le temps est trop doux, beaucoup trop doux. Un hiver sans hiver ça porte au moral.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 18 janvier 2014
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