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2022.04.16 | s’endormir sur son livre

une autre date au hasard :
2014.02.04 | Bâle transit

C’est une expérience qui remonte à ma première grande boucle Saint-Simon : quelques minutes après avoir commencé de lire, un moment tenant plus de l’hypnose que du sommeil, mais qui était quand même sommeil puisque je voyais les phrases. Cinq, huit ou douze minutes plus tard je reprenais la lecture comme si rien ne s’était passé — le monde diurne évacué, la lecture devenue entière. Depuis quelques semaines je relis Saint-Simon, quelques pages ou une dizaine de pages chaque soir, c’est ma troisième boucle, je découvre encore de nouveaux tours, mais l’endormissement hypnose de la mise en lecture ne se produit plus. Dans les confinements, avec la lecture qui reprenait place inverse des signes extérieurs, en particulier avec cette intégrale Maupassant (quatre mois, deux ou trois nouvelles chaque soir, je n’avais jamais fait ce parcours chronologiquement : il énerve, nous met même en colère parfois, mais les récompenses emportent la balance), il n’y avait pas ce phénomène, mais toute la première partie du sommeil, dans la conscience pourtant du Kindle posé sur le chevet et en veille, je continuais de lire : dormant, je lisais. Les histoires et phrases que produisaient le sommeil valaient l’original, s’en séparaient, reconsruisaient d’autres lectures, paysages, voix, grammaires, et je les vivais comme réellement lisant. Ça a duré plusieurs mois, m’a considérablement étonné : à certain âge on serait donc capable de ça ? Je cherche à reproduire le phénomène : je lis différemment depuis lors, sommeil et veille conjugués dans le temps de lire et ce qui le suit, mais je ne sais plus le reproduire de cette façon précise.

 

 


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 16 avril 2022
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