Twitter et comment s’en servir

lire écrire veiller sur twitter – mode d’emploi en 26 notes et remarques, et réflexions personnelles sur quelques usages (et usagers) remarquables



Les tweets sont des télégrammes décachetés.
Bernard Pivot, 25.05.12, 9h04
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note du 21/05/2013 – du « miroir promené au bord de la route » (Stendhal)

 toujours de nombreuses arrivées sur Twitter, hier par exemple ensemble @MartinWinckler (bravo Marc, plus de 1100 followers en même pas 24 heures), ou le grand chef d’Apple, Tim Cook – et de mon côté plus de 9000 followers désormais (dont probablement les 4/5ème sous pseudo, ce que j’ai un peu de mal à comprendre : on n’a guère l’envie de suivre réciproque si on ne sait rien du nouvel abonné), donc je remets en Une ce billet (sans le modifier, d’ailleurs) ;
 de mon côté toujours mon compte principal @fbon : « je ne comprends pas 8 sur 10 des tweets de FB » twitte un mauvais coucheur que j’ai expulsé puisqu’il n’arrivait pas à le faire lui-même : oui, je maintiens que pour moi c’est un espace d’oralité, et aussi d’abord une sorte de baromètre des heures, des micro-sensations, colères comprises s’il faut, espace qui ne trie pas entre les liens que je repère et que j’archive, les annonces sérieuses de mises en ligne et d’articles, et la déconnade avec les copains, et que si Twitter n’était pas aussi une fiction (c’est même ça la barrière de protection et de sécurité) ce ne serait que sérieux et ne m’intéresserait pas ;
 nous autres, les « vieux » de Twitter, utilisons les différents codes #hashtags RT #ff ou :-) comme des éléments de vocabulaire qui peuvent paraître déroutants, mais est-ce que jongler avec les 140 caractères et leur frontière n’est pas un enjeu qui mérite de se les approprier ? ce qui me gêne de mon côté, souvent, c’est pour remonter une conversation sur la time line d’un correspondant : pensez à toujours laisser dans vos réponses ou prolongements une trace de ce à quoi ou qui vous répondez...
 le compte @publienet est désormais entre les mains de l’équipe qui assurera la reprise de l’expérience, je n’y interviens plus donc allez-y en confiance ;
 par contre je propulse le compte Twitter de ma revue de fictions en ligne @nerval_fr et de mon petit blog (presque pas) anonyme science-fiction @habakuk_fr, bienvenue ;
 Twitter commence à insérer de la publicité dans les time lines lorsque vues sur navigateur ou smartphone (je continue à penser que je préférerais payer un abonnemenrt pour l’incroyable service qu’il me rend, plutôt que de supporter la basse daube du monde sponsorisé) – avantage de plus à utiliser (sur le MacAir comme sur l’iPhone) l’application Echofon Pro, qui me permet de suivre les tweets sur une petite fenêtre à part de l’écran, de gérer mes différents comptes, et depuis peu si on fait Pomme-F de disposer d’une fonction de recherche expéditeur/contenu incroyablement commode ;
 si vous êtes blogueur, pensez que les « paramètres » de votre compte Twitter vous proposent un « widget » sous forme de bref code Javascript à insérer dans votre blog (voir ci-contre) – par contre, toujours un peu de mal avec les copains qui envoient simultanément les mêmes messages sur Twitter et sur Facebook : pour moi ce sont deux plateformes, deux vocabulaires qui ne correspondent pas, et d’ailleurs pas du tout les mêmes correspondants ;
 même si vous êtes nouveau sur Twitter, pensez, une fois tous les mois ou deux mois, à archiver vos tweets dans un fichier traitement de texte, par simple copier/coller depuis votre navigateur : Twitter propose désormais des fonctions d’archivage, mais souvent limitées à 3000 ou 3600 tweets (je crois), on y arrive vite et c’est précieux pour pouvoir retrouver une idée, une dérive, un lien...
 toujours penser que Twitter est un échange : sur mon compte principal je ne pourrais pas suivre tous ceux qui me font l’honneur de me suivre, mais trop de nouveaux arrivés limitent beaucoup trop leur nombre de comptes suivis – penser que plus vous suivez de correspondants, plus ce souple tissu défilant sera riche et animé, et réciproque la curiosité à votre égard....

 

note du 18/05/2013

 20 000 visites atteintes pour ce billet, merci !
 ne pas oublier de vous servir des listes, pour sélectionner des thématiques (ainsi, découvrir la liste des 70 auteurs publie.net présents sur twitter), faites-vous liste presse, boulot etc
 Twitter a développé sous son nom d’excellentes applications gratuites, à télécharger aussi sur votre iPhone ou iPad ou KindleFire etc, c’est souvent même plus intuitif qu’à l’ordinateur
 lorsqu’on poste une photo par Instagram, votre twitt continuera d’en figurer l’icone, mais elle s’affiche dans votre compte Instagram – ça ne change pas grand-chose du point de vue de notre usage, mais sur iPhone la plupart des apps photo, et la photothèque elle-même, comportent aussi désormais la fonction send to twittter, la même fonction est présente aussi sur Spotify (on reconnaît à petite note de musique ♫ affichée dans le twitt)
 vous repérez des gens qui vous intéressent, regardez qui ils suivent, n’hésitez pas à suivre vous-même, il sera facile de se désabonner ensuite si ca ne vous convient pas
 Twitter cherche à monnayer ses services (j’en parle ci-dessous, toujours convaincu qu’on serait nombreux à accepter de payer un abonnement pour le service qu’ils rendent...) via des pubs très parasitaires : penser que les applis spécifiques (personnellement je me sers d’Echofon Pro, il y a aussi HootSuite, TweetDeck et d’autres) vous en débarrasseront...

 

a – 4 ans déjà...


Il y a exactement 4 ans ce mois-ci (Nota : 21 avril 2008, précisément, donc plus de 5 ans désormais) que j’utilise Twitter. Les premiers mois, à peine une petite quinzaine de followers/following, d’ailleurs tous des amis impliqués dans le web côté édition numérique ou bibliothèques, avec lesquels l’échange était déjà instauré. Mon outil principal de veille, à l’époque : ma page Netvibes (toujours en service, mais pas vraiment tenue à jour). A quoi bon un outil qui vous impose une limite aussi stricte et arbitraire, 140 signes (un moment, nous avions forgé le néologisme je cencrante, tu centrantes...) et d’audience aussi manifestement réduite...

 

b – choisir son identifiant


C’est ainsi qu’on se retrouve, 4 ans plus tard, à ne plus s’occuper du nom des gens mais les appeler par leur identifiant twitter (au point que le nom précédé de l’arobase, @nom a été repris par Facebook). Vous savez que vous pouvez, sans changer de compte, modifier votre identifiant (mais attention, avec votre nouvelle coiffure, on ne vous reconnaîtra pas). Pour les nouveaux arrivants, pensez à bien le choisir : pas trop long pour ne pas manger la moitié du message retransmis. Et si possible bien repéré en retour vers votre blog (ou page Facebook) – comme sur Facebook, on n’aime pas trop les complètement anonymes (et on ne s’embarrasse pas de leur répondre). Moi c’est @fbon.

 

c – tout ça pour twitter quoi


Evidemment, tout commence par cette question. La petite voix dans le fond de la tête. Les citations d’un auteur. Vos statuts Facebook, mais à une communauté plus resserrée. Votre spécialisation en tel domaine. Les liens que vous souhaitez archiver mais que vous ne savez pas où placer. Participer vous aussi à la façon dont s’amusent entre eux vos collègues Untel et Untel. Suivre tel politique, tel artiste, telle ligne thématique sans apparaître... Et si vous commenciez par renverser la question : dans mes connaissances, lesquels et lesquelles se servent de Twitter ? Et, si je crée un compte, qui vais-je trouver dans leurs propres abonnés/abonnements (followers/followings) que je connais aussi et dont je vais faire le noyau de mon propre réseau avec un glorieux message du genre salut j’arrive ! ?

 

d - et vint le hashtag


Dès la 1ère année d’expansion, le côté le plus fascinant pour moi ça a été comment les utilisateurs eux-mêmes ont brisé la rusticité en inventant des outils non pas extérieurs à l’usage de Twitter (les fonctions de la plateforme ont peu changé, même si les évolutions n’en sont pas neutres), mais internes à l’écriture même. C’est la première fois qu’on découvrait qu’un usage interne, rédactionnel donc, interférait avec la logique même de l’application. Et la première fut... le #hashtag bien sûr, #suividunmot (accepte désormais les accents, mais pas les traits d’union et apostrophes). Et qu’alors, en cliquant sur le #suividunmot s’affichaient tous les messages reliés à ce mot, que vous en suiviez ou non les utilisateurs. La conversation, et le corpus qu’elle constituait, devient corps collectif d’écriture, et s’émancipe de ses acteurs même. Les #hashtags devenant donc univers en eux-mêmes : de la fonction utilitaire ci-dessus, s’élargissant au mode pensif, donc un commentaire du texte sur lui-même, une double strate d’écriture, métadonnée incluse dans le message même – l’auteur vous informe du registre de son écriture, #fail ou #encolère ou #jedisçajedisrien, le même usage générant à son tour un mode collectif, le plus célèbre étant le #jeudiconfession (pas la peine d’aller voir, je n’ai jamais participé, mais me souviens d’une heure fabuleuse où, mangeant seul une pizza un soir dans Louvain-la-Neuve désert, j’avais lancé le hashtag #avanttwitter, seule la facture de téléphone fut moins drôle !).

 

e - le followfriday comme principe d’expansion


De même, autre déviation majeure et quasi native du #hashtag, le #followfriday est apparu très tôt comme pratique communautaire. Le vendredi, je transmets une liste de quelques-uns de mes correspondants twitter, à vous de les découvrir, et éventuellement de décider de les suivre. Dans la masse profuse des abonnés, en élargissement exponentiel, une manière incrémentielle de développer des communautés d’affinité et de sens. Rôle fondamental, très vite le #followfriday s’est comprimé en #ff, et chaque vendredi c’est comme un rendez-vous général, cumulable avec des thématiques : #ff #edinum ou #ff #mespotes etc. Je m’y suis astreint comme les autres les premières années, comme depuis 1 an je retransmets assez largement les twitts qui m’ont intéressé, je m’en dispense. Note aux nouveaux twittants : essentiel de participer aux #ff – ceux qui en bénéficient auront curiosité de l’émetteur !

 

f – RT ça veut dire quoi ?


Et bien sûr aussi, l’autre déviation majeure, dès l’appropriation de Twitter par ses propres usagers, c’est le RT. Tout simplement re tweet. Je retransmets. D’abord une inscription manuelle de la part des usagers : je me permets de faire suivre à mes correspondants cette information Twitter émanant de @... (allez, disons @jafurtado pour l’exemple !). Et tout cela en deux lettres : la plateforme n’a eu ensuite qu’à intégrer les lettres RT en tête des messages sous le bouton faire suivre. Meilleure façon aussi de donner un coup de pouce à un compte que vous trouvez intéressant ou pertinent, et rester toujours attentif aux comptes retwittés par vos amis. Le RT ce n’est pas seulement un contenu informatif : c’est là aussi un tenseur spécifique dans la constitution différenciée des communautés.

 

g – reply, je te cause


La fonction reply est la plus élémentaire, mais... Pour m’adresser spécifiquement à quelqu’un, je commence mon message par l’@ du destinataire... Il détectera la présence du message même s’il n’est pas abonné aux miens (ce qui ne le contraint pas à répondre, d’ailleurs). Paradoxe : il lui est donc explicitement destiné, mais sera lisible par l’ensemble de mes destinataires. Conversation privée dans un espace public, gens qui parlent dans un parc, conversation surprise dans une gare, écoutée par inadvertance à une terrasse, parfois dans la vie réelle on trouve ça impoli. Donc on se méfie de l’impolitesse : tout message avec destinataire particulier, quand émis dans la sphère publique, tient compte de cette écoute collective. Mais d’un oeil, quand défileront mes twitts, j’aurai repéré qu’Untel discute avec Untel et que je n’ai pas besoin de m’en mêler, ou bien, au contraire, que cette discussion est susceptible de me concerner, et qu’à cliquer sur l’@adresse de tel ou tel protagoniste je remonterai facilement le fil de la discussion. Là encore, à nouveau, le corpus engendré par l’accumulation collective des messages définissant un objet d’investigation et d’information totalement émancipé de la limite des 140 caractères.

 

h – 140 caractères ça ne fait pas trop ?


Est-elle préjudiciable, cette limite des 140 caractères. On se souvient de remarques assez débiles d’Antoine Gallimard, opposant la composition d’un Pléiade à la contrainte pauvre des 140 caractères. Pourtant, combien de totalités-textes de René Char (La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil : 56 caractères, en reste 84) ou de Michaux, par dizaines, se suffisent de cet espace-là ? On a vu fleurir pendant un temps des applications qui permettaient d’écrire hors de cette limite (la plus utilisée fut, et reste peut-être, TwitLonger) : alors, en bout du twitt originel, figurait le lien pour accès au prolongement. Un clic de plus et tout est dépeuplé : la passivité et la résistance collective en ont eu raison assez vite. Attention à vous : dans les périodes d’utilisation intense, on peut se mettre à penser en 140 caractères, à se rédiger soi-même en fragmentation twitter. Là mieux vaut s’arrêter 5 minutes – ce n’est pas plus addictif que n’importe quelle autre utilisation Internet, pas moins non plus.

 

i – v’là la suite


Autre mode de dépassement : la suite de twitts sur le même sujet. Alors on annonce à la fin du premier message ... 1/2 en choisissant bien la coupe, et le second commencera par 2/2.... Régulièrement besoin de cette forme lorsqu’il s’agit d’une idée précise et complexe à insérer dans une discussion collective. Sachant combien elle change le rapport immédiat à la lecture, nous en usons avec précaution.

 

j – développer un texte


Autre chose le corpus nativement défini comme continuité. @crouzet avait dû être un des initiateurs, il y a 3 ans, en écrivant son Croisade phrase après phrase via des messages Twitter. Depuis, suivre par exempe @gvissac mais il y en a tant d’autres. Le live tweet (écriture en temps réel) permettant à chaque série d’intégrer en cours de route les effets de lecture générés, et se décaler arbitrairement ou conquérir un espace supplémentaire à mesure de ces retours, généralement écrits depuis le train. Généralement aussi, je terminais chaque série avec 5 à 8 followers en moins, cause saturation de leur TL (time line), mais ça, c’est la grande liberté de twitter, voir point suivant. En tout cas, le déploiement d’écriture séquentielle sur Twitter ne peut pas être considéré indépendamment de ce curseur temps extrêmement réduit dans le rapport écriture-publication, qui est pourtant, lui, une permanence du geste éditorial. Seule affirmation : on n’est qu’à l’aube des expériences possibles en installant le curseur de micro-publication dans l’atelier même de l’auteur, et son temps précis d’écriture. Twitter reflète votre vie quotidienne : introduisez un léger décalage, et la fiction induite aura toute l’autorité du réel. Twitter, en induisant alors son propre appel de lecture, se constituant lui-même en objet fiction.

 

k – à propos d’une remarque de Bernard Pivot


Et donc : qui suivre ? C’était une réflexion cette semaine de @BernardPivot1... La popularité de BP lui a permis de conquérir en quelques mois (j’ai dû être son 18ème follower) un public considérable, qui donne bien la taille potentielle des utilisateurs de Twitter en France aujourd’hui, même si ça nous paraît ridicule lorsqu’on s’en va suivre le fil Twitter de Patricia Cornwell ou autre auteur US... BP (ce matin, 48 679 followers) suit un nombre très restreint de fils Twitter et c’est son droit. D’autant qu’il utilise l’expression mes lecteurs prouvant qu’il est attentif aux mentions, lorsque le retour fait sur un de ses messages inclut bien sûr sa propre adresse. Sa séquence originelle (10.05.12, 8h24 -> 8h37) :

J’ai 37 abonnements. Je m’oblige à trouver le temps chaque jour de lire tous leurs tweets et retweets. Parfois je suis débordé ...

Alors comment font les twitteurs et twitteuses qui ont plusieurs centaines d’abonnements ? Impossible qu’ils lisent tout ce qu’ils reçoivent !

Et puis il y a les tweets de mes 37000 abonnés. Qui se posent comme des vols d’oiseaux. Prendre le temps de les lire tous, bien sûr...

...Mais comment répondre à tous ceux qui me posent une question ? Impossible. Je fais ce que je peux. Au hasard la chance.

BP serait magnifique cas d’école pour la très rapide compréhension de twitter qu’il a manifestée, intuitive puisque sans pratique web associée (jamais vu de lien dans ses messages, par exemple) : apparemment écrits sur iPad dans sa 1ère heure d’activité quotidienne, des séquences continues (ses lectures en cours, depuis 2 jours sur une biographie de Françoise Sagan, ce ne sont pas mes propres lectures, mais ce filtre – qui n’est pas critique, mais la préparation de la critique – devient en lui-même une lecture), des messages d’une politesse sans faille (Excellent dimanche à tous) qui témoignent de la parfaite conscience à avoir de l’adresse publique, acceptation d’un accès et disponibilité perso sur tel et tel problème qui lui est soumis (voir fait-tout et faitout !), une pluralité de registres où on définit soi-même son propre paysage. Moi c’est la guitare basse, chez Pivot il y a les vins et l’oenologie, thème qui ne m’intéresse pas et le foot encore moins, mais c’est précisément cette hétérogénéité dans le paysage que vous construisez qui est votre garantie d’indépendance. Non, la lecture Twitter n’est pas la lecture livre : la notion de lire tout n’a pas sens. C’est une lecture verticale : on transperce les lieux textuels qui nous semblent receler une accumulation qui nous concerne, et c’est cette accumulation reconstituée qui deviendra, elle, l’enjeu de la lecture dense, et équipée de liens vers ses sources. Encore que la lecture livre accepte elle aussi (« On reconnaît un grand livre à ce qu’on n’y saute jamais les mêmes passages », disait Barthes) le balayage et, les typographes le savent bien, une approche graphique de surface avant même la construction mentale de la lecture linéaire. La lecture balayage est sélective à la vitesse même de ce balayage. Je repèrerai très vite un message Pivot qui m’intéresse, clique alors sur son nom, sélectionnant l’ensemble de ses messages du jour, ou des derniers jours, et jamais je n’aurai l’idée d’en faire lecture intégrale, puisque ce même focus laisse clairement paraître ce qui m’intéresse, langue et littérature, et ce qui ne m’intéresse pas, lui le foot comme moi la guitare basse. Bernard Pivot ignore probablement l’existence de Jah Wooble, et ça ne m’empêche pas de lire ses tweets.

 

l – time line et lecture globale


Corollaire donc : à quoi sert de suivre si je ne lis pas ? J’ai un usage conséquent de Twitter, tout simplement parce que j’ai l’impression de ne pas être au bout de ma curiosité, et que l’outil évolue lui-même, y compris par l’expansion continue de son nombre d’usagers. Lorsque j’étais au Québec, à partir de 18h disparaissaient progressivement les twitts français, mais restaient les twitts des insomnieux. Moi qui ne suis pas insomnieux (j’écris le matin), me retrouvais dans une compagnie que je suis bien en peine de retrouver actuellement (n’est-ce pas @cgenin). Par contre, les soirs-twitt au Québec avaient un côté Américains entre eux dont je suis privé désormais, sauf à faire recherches spécifiques. Quand j’ouvre ma boîte twitter après une interruption de plusieurs heures (c’est quand même fréquent, malgré les apparences), je ne pratique donc jamais une lecture intégrale de ma time line depuis dernière interruption, même si l’iPad m’obligera à la survoler. J’ai confiance dans le fait, justement parce que je suis un nombre de fils important, que le collectif aura su répercuter (les RT) les discussions, liens, repères essentiels, et qu’une discussion qui prend de l’importance se déploiera dans le temps, recroisera donc ce moment où je rouvre ma boîte. De même que tout à l’heure la conversation privée dans un espace public, le brouillard de messages s’appréhende globalement, et créée un effet de lecture global à partir duquel je construirai rétrospectivement quelques défilements linéaires de lecture. Faites l’expérience, laissez votre compte monter à 250 abonnements (et vous aurez vite, d’ailleurs, autant d’abonnés) : il me semble que c’est le moment où la masse critique de fils suivis engendre un bon mix d’utilisation veille, curiosité, découvertes...

 

m – qui suivre, ou préférer ne pas


Alors, qui je suivrai, et qui je ne suivrai pas ? J’ai conscience que j’ai du mal à suivre les twitteurs envahissants, et pourtant il m’arrive moi-même de l’être, voire même, sur une journée passée en continu à l’ordi, d’être monté à 50 messages ou RT. J’estime nécessaire que ma time line fonctionne comme une fenêtre ouverte. Le plus souvent, j’ai pris connaissance de contacts à moi inconnus parce qu’ils avaient eux-mêmes retransmis mes propres messages. Dans ce cas-là, oui, j’ajoute. Si c’est une personne qui ne me suit pas, je m’en dispenserai plus facilement. Il y a des fils que je suis avec méfiance, voire parfois désagrément, mais sachant qu’eux me lisent je les maintiens. Je n’aime pas, non plus, les gens qui relancent pendant trois jours, à heures différentes, le même message – me fait penser à ces ces grands-mères qui veulent absolument qu’on reprenne 3 fois de la soupe. Par contre, j’ai décidé une fois pour toutes que Twitter ce n’était pas pour me prendre la tête. Si les messages sont désagréables à mon égard, au revoir et on se retrouvera quand les temps seront meilleurs. Et s’il s’agit d’attaques intentionnelles (ce qui n’a rien à voir avec la multiplicité des débats en cours, où les positions ne convergent pas, heureusement), j’utilise assez vite la fonction block, c’est-à-dire qu’ils peuvent dire tout ce qu’ils veulent sur moi, je ne l’apprendrai même pas. N’en reste pas moins, et c’est ou c’était pareil de Facebook, chaque utilisateur est une somme de communautés qui diffère des communautés de chacune de ses propres affinités. Dans ma veille, il y a ce qui concerne la littérature, ce qui concerne l’édition numérique (pas la même chose !), la musique, et bien sûr ceux qui utilisent Twitter comme outil de création en tant que tel (ce qui pour moi n’est qu’épisodique). Je suis des gens avec qui je n’ai aucune affinité politique, ou encore moins théologique (les infos Rolling Stones du directeur des Échos, ou le prêtre de Cherbourg qui live-twitte sa propre messe), mais parce que cette implication vous rejoint de façon libre et sélective, susceptible même de créer à terme des amitiés réelles : oui, ma vie sociale s’est en partie développée, ces dernières années, depuis mes pratiques virtuelles et je trouve cela très bien.

 

n – miracles du live tweet


Et bien sûr, justification à soi seul, l’étonnant développement du live tweet. Lorsque c’est réussi, on peut assister de chez soi à un débat tenu à Montréal, y intervenir. Dans certains de ces colloques, le fil du #hashtag Twitter est projeté en direct. Nos propres interventions vont donc influer en retour sur la discussion. Et lorsque vous êtes dans la salle vous-même, en quelques minutes vous aurez repéré qui est présent et twitte, l’occasion de rencontrer celle ou celui qui pour vous n’était qu’un identifiant, et, en même temps qu’avance l’orateur, on échangera liens, ébauches de critiques ou prolongements... Rien à en conclure : sauf que, dans n’importe quel rassemblement, et à échelle même d’une réunion, cette possibilité de messages individualisés, ou d’un espace messages parallèles à l’espace parole, intègre de plus en plus le cahier des charges préalables. Je réponds désormais rarement aux propositions que je reçois d’interventions ou débats ou ateliers ou autres, si mon correspondant n’est pas sur Twitter, parce que j’ai l’impression que professionnellement ce sera du début à la fin pédaler dans la semoule. Ouverture par contre sur l’espace enseignement : à Louvain, pendant la phase d’écriture individuelle des ateliers, la relation animateur-écrivants se maintenait par Twitter, parce qu’on peut écrire et twitter, la tête n’arrête pas, et l’apport technique de twitter c’est de supprimer le saut technique dans la publication de ce back-office personnel... A SciencesPo, je suis bien conscient que la nouveauté cette année, y compris par rapport à l’an dernier, c’est que les étudiants considèrent comme légitime d’avoir leur téléphone posé verticalement contre l’écran de l’ordi portable, pendant le cours même. Nous légitimons ensemble que l’émission réception de messages sociaux, pendant un travail collectif, n’est pas une impolitesse mais une extension de la densité.

 

o – Echofon, Tweetdeck et autres applis


Pour moi, Twitter c’est Echofon (et même, Echofon Pro). Disposer d’un vrai outil rapide, simple et fiable pour Twitter, un outil dédié et non pas votre navigateur via le site twitter.com. Autre tenseur majeur dans le développement de Twitter, c’est comment la rusticité même (les 140 caractères) le prédisposaient au portage et consultation sur l’ensemble de nos propres vecteurs d’usage, donc le téléphone, la tablette, l’ordi de passage. Le développement de Twitter s’est effectué lorsque nous avons cessé de le consulter comme un onglet de notre navigateur. N’hésitez pas ci-dessous à faire retour de vos propres usages, il me semble que 2 applis se dégagent : Echofon et TweetDeck. Pour les 2, possibilité de gestion multicompte très simple (pour moi, par exemple, alterner entre compte @publienet qui ne reprendra que les strictes infos concernant nos publications, et le compte perso @fbon), et surtout consultation sur fenêtre dédiée. Cela veut dire que sur mon écran de travail, avec son multi-fenêtrage, je décide moi-même de la taille à donner à la petite fenêtre Echofon. Je verrai les arrivages twitts se faire sans que cela me dérange, mais un petit chiffre en haut des mentions indiquera si ces messages me concernent directement. Echofon fonctionne avec publicités incluses, et j’ai payé 20$, il y a bientôt 3 ans, pour la version Pro, avec portage sur l’iPhone et sur l’Pad. Si j’étais aux commandes de cette boîte, je proposerais que, pour le même prix, ce soit 20$ par an, et compte tenu du service apporté, je ne trouverais même pas cela cher.

 

p – se faire des listes et s’en servir


Les listes Twitter sont ici d’une aide considérable. Je n’ai pas à suivre les personnes concernées, mais les listes transforment Twitter en agrégateur sommaire. Liste presse et vous reconstituerez un fil d’actu par thèmes. Liste auteurs @publienet et j’ai l’ensemble de ce qu’ils ont publié. Je n’ai aucune idée de comment vous utilisez vous-même les listes ? Personnellement, paresse plutôt, je me contente de ma time line. Pourtant, souvent je me dis : allez tu t’y colles, une liste #bibs, une liste #presse_litt, une liste #tribu etc... Mais c’est facile aussi de se servir de celles des autres, puisque vous pouvez choisir qu’elles soient publiques ou privées. De tout ça on prend vite l’habitude. Jamais Twitter n’aurait pris un tel développement sans ce premier constat : outil formidable pour trouver instantanément l’aiguille dans la meule de foin (hommage @affordance_info).

 

q – j’ai pas le temps


Twitter est-il invasif ? Evidemment, la première réponse c’est qu’on ne peut le savoir pour soi-même. Il peut m’arriver de passer une après-midi entière ou toute une heure de train sur Twitter, à suivre paresseusement les liens ou en propulser d’autres. Mais probablement j’aurais perdu mon temps d’une autre façon si ce n’avait pas été via Twitter. Cette désoccupation de soi-même a toujours été pour moi partie intégrante du travail lui-même. Je perds du temps à twitter : mais quand je lisais les journaux papier, est-ce que je considérais que c’était perdre mon temps ? Je crois que mon temps social est globalement stable, se retire de lui-même dès que je suis au travail, mais que le fait nouveau c’est que veille informationnelle (les fils presse), veille affective et sociale (les copains, voire même la famille), veille professionnelle (édition num) et, réciproquement, mes propres modes d’émission passent par la même petite fenêtre-outil, c’est la communauté réceptrice qui en pratique la sélection, comme je la pratique moi-même. Le web n’est pas pour moi un temps en plus, il est simplement un outil de publication, sans manipulation spéciale, de ce qui passe par la tête et l’aurait fait de toute façon – une radio intérieure, sauf que là on autorise aussi quelques autres à l’entendre.

 

r – messages privés


Ce qui amène à parler de la 3ème identification proposée par Echofon ou Tweetdeck, les messages privés. Spécificité de Twitter : on ne peut adresser un message privé qu’à une personne qui vous suit. Sinon, on doit d’abord lui demander publiquement de nous communiquer son e-mail, ou de bien vouloir nous suivre pendant quelques heures. J’ai un jeu convenu de longue date avec un ami qui occupe poste à responsabilité dans l’édition traditionnelle, mais qui n’a pas le droit paraît-il de s’exprimer publiquement : il ne m’écrit que par messages privés, et je ne lui réponds que par messages publics. Mais pourquoi pas, c’est encore bien moins invasif que le téléphone dont je ne me sers jamais plus. Je ne sais pas si pour aucun de nous c’est déjà devenu un usage stable : utilisation radicalement simple, on écrit un message sous la forme d fbon as-tu reçu mes corrections, donc la lettre d suivi de l’identifiant sans @ – et je ne sais plus du tout à quel moment cette fonction a été ajoutée à Twitter. Par contre, dans le travail rapproché, équipe publie.net par exemple, ou ma résidence à Saclay, les messages privés remplacent le contact mail. Large soulagement, ça va plus vite, c’est traçable (toute la conversation réapparaît d’un clic). Par contre, plus difficile à retrouver ensuite. On alterne et on complète comme on peut. Mais je dois bien constater : dans le quotidien du boulot, le DM (direct message, bizarre que nous traduisions par message privé) prend une place grandissante. En tout cas, l’utilisation que nous faisons de la section DM comme plateforme de discussion instantanée, alors que nous avons d’autres outils pour cela, tout aussi gratuits et performants, est un nouveau détournement bien curieux de Twitter...

 

s – Twitter pour les photos


Et donc l’usage de Twitter en mobilité. Esclavage supplémentaire ? C’était plutôt avant, lorsque n’importe quelle sortie ou séance de travail nous séparait de notre connexion. Même s’il ne se passe rien, mieux vaut le savoir ! Hors plaisanterie, ce qu’on peut gérer du quotidien se fait directement via l’iPhone, point 1. Mais immédiatement, le point 2 : ce que je vois, ce que j’entends, peuvent immédiatement être retransmis à mes abonnés. Si je suis chez moi à l’ordi, ce sera des liens, des trucs qui passent par la tête, mais pas grand-chose d’autre. Si je suis dans la rue, dans le train, les signes même deviennent langage transmissible. J’ai toujours pensé Twitter comme une sorte de radio personnelle, mais une radio dont le texte serait le média. Très vite, TwitPic a compris l’intérêt à se greffer sur l’appli principale : une photographie prise avec l’iPhone était suffisamment comprimée pour être transmise par Twitter. Instagram a rajouté quelques filtres pour rendre identifiable plus vite traitement et format, et un algorithme de compression qui limitait radicalement le nombre de clics et manipulation. Je prends et expédie l’image du même geste. Echofon gère avec grande simplicité de joindre des images aux messages, et sur Instagram je choisis envoi Twitter, envoi Facebook ou les deux – c’est rarement indifférencié, pour moi qui utilise les deux.

 

t – un compte, ou plusieurs comptes ?


Aucun de nous pour échapper à la salade. Pour moi ça reste relativement simple, mais pour @GuenaelB, qui pilote à titre professionnel @remuenet, @livreaucentre, @cequisecret et d’autres, parfois 3 fois le même message sous des identifiants différents. Et c’est parfaitement simple à gérer depuis Echofon ou Tweetdeck. De mon côté, l’identifiant @fbon devient comme une carte de visite personnelle et complète, et @publienet strictement réservé à l’activité édition numérique. J’ai aussi un compte #Rolling50Stones que je voulais consacrer à mon dada Stones (et préparation version numérique de ma bio, à l’approche sur publie.net), finalement il reste en friche. Récemment, l’ami @christogrossi était tout dépité que je n’aie pas réussi à identifier un compte fictif qu’il anime, et que paraît-il je suis sans savoir qu’il émane de lui, et toujours pas réussi à. Quel lien entre @athanorster et le compte d’un personnage de roman, @ditakepler ? Alors, sous votre nom, ou plutôt un compte unique selon la fonction, comme @kafkawelt et @variations_zoo émanent du même auteur ? Je sais, expérimentalement, que je préfère suivre un fil global lié à une personne, même sachant la grande diversité de ses registres d’intervention : je ne m’intéresserais pas à l’estampe ancienne si je ne suivais pas @remimathis pour ce que Wikipedia contraint à penser au quotidien sur la liberté web qui nous concerne tous (mais évidemment là je pourrais citer 50 comptes...) – et ce serait vraiment dommageable pour moi que Rémi sépare son activité Twitter entre son activité de conservateur dans l’estampe, probablement en ce cas cela disparaissant de mon champ, et sa réflexion ou critique numérique... Mais bon, un petit compte anonyme, c’est comme un blog hétéronyme, parfaitement idoine à une suivie discrète de ceci ou cela, et quelques billes parasites dans le jeu de quilles quand il faut – on n’en pas fini non plus de l’étude théorique de l’anonymat comme fluidifiant du web...

 

u – la langue reste la langue


C’est un twitt d’Alain Veinstein (@AVeinstein) hier soir :

Demande d’éclaircissements sur la place et le rôle éventuel de la ponctuation sur Tweeter.

Et je n’ai pas su répondre. L’arrivée d’Alain sur Twitter était imprévue, dans la mesure où son espace radio est fait d’intimité, de silence, de temps non découpé (toujours associé à la nuit, même si enregistré en amont). Pourtant, pour lui aussi, même au bout de quelques semaines, grande diversité des interventions, depuis l’annonce de l’émission du soir aux choses de la rue, ou à celles directement liées à l’écriture. Pourquoi cesserait-on d’écrire parce qu’on est sur Twitter ? Cette précision de la langue est évidemment le premier socle, et je comprends la violence que peut exercer à distance un mode d’utilisation comme celui que nous partageons, anciens du twitt avec nos habitudes hermétiques. Pour moi, un twitt est un code, et – comme tout message informatique – je lis le code en même temps que la langue. La spécificité de Twitter (contrairement à Facebook, où la plateforme se charge de la gestion intégrale du code), c’est encore sa rusticité : nous intégrons dans le corps du message les éléments qui en identifient la lecture. Si j’utilise reply, comment mon interlocuteur saurait à quoi je réponds, parmi ses dernières émissions ? Si j’utilise Retweet, je transmets son message à mes abonnés, mais sans répondre ni commenter. J’utilise donc Retweet with comment, et là commence la difficulté : le droit de toucher au texte initial, pour ne garder que ce qui permettra d’identifier le thème de l’échange (puisque l’adresse de l’émetteur initial est incluse, toujours possible de retrouver le message originel intégral), et surtout une différenciation claire de ce qui est mon intervention personnelle, par rapport à ce message. Pour ma part, j’utilise une barre verticale (sur Mac Alt-MAJ-L). Mais bien conscient que nous écrivons en logogryphe, comme ces traditions manuscrites qui survivaient dans les 1ers temps de l’imprimé (en tout cas, dans le Pantagruel de 1532). Il y a une fonction ludique dans la contrainte des 140 caractères, on dépasse de 3 ou 5, on doit rabioter, c’est souvent en jouant sur les abréviations, pkoi c bien svt pdt, quelle atteinte à la langue... Et cela commence dès le statut du twitt : vous écrivez à titre personnel, donc je un message qui sera initié par votre identifiant, donc se lira en il. Que signifie parler à la 3ème personne ? L’assumons-nous comme s’il s’agissait d’une personne extérieure, contournons-nous le problème en évitant les formes verbales sujet (certains sont très forts à ça), ou bien ou bien... Peut-être finalement que la netiquette suffit, citer et abréger sans déformer, utiliser du code convenu avec son destinataire sans en faire un hiéroglyphe indéchiffrable pour le visiteur de passage, alors même que selon les heures, il s’agit d’un mini rendez-vous à 3 ou 4 où vous discutez sur Twitter comme sur une place vide, entre vous...

 

v – pourquoi j’ai si peu d’abonnés


Commencer sur Twitter. Les réseaux vivent comme le web et toutes autres concrétions de formation rapide en période de transition. Google + semble en voie d’essoufflement rapide, pourtant avec 2 idées (intégration des services Google et du mail autour d’une identité passerelle d’une part, séparation des registres de communauté, via leurs cercles, d’autre part) qui le différenciaient a priori suffisamment de Facebook... Il y a LinkedIn, SeenThis et d’autres. Donc se dire : je reste dans Twitter pour sa possibilité de dénominateur commun, associé à tous les risques inhérents (monopole, saturation serveur). Compte tenu de mon usage professionnel, et pour l’importance que prend pour moi cet outil, aussi bien de façon citoyenne qu’artistique, je serais prêt à payer pour le service rendu – on ne me le demande pas. Mais je ne sais rien, du coup, de l’univers opaque de serveurs, de rétribution entre géants, qui permet l’existence physique et internationale de l’outil (si important, ce côté international). Comme Gracq disait qu’en littérature on progresse à l’ancienneté, bien conscient de la difficulté pour un auteur qui arrive, de découvrir qu’à quelques semaines il en est encore à 40, 60 ou 80 abonnés. Mais même si cette micro-communauté concerne 20 ou 40 personnes, s’obstiner. Ecouter ceux qui vous suivent, accepter le partage. Faire confiance aux informations qu’on transmettra, qui ne vous concerneront pas vous personnellement, mais vous en tant que membre de la communauté. En ce moment, l’impression d’une phase encore non stabilisée : essayer un compte, s’en désabonner, y revenir plus tard. Faire l’effort de prendre à votre compte, via les RT, de ce qui vous semble important... Puis aller respirer, chez les gens que vous suivez, ceux qu’ils suivent ou qui les suivent : on peut se promener dans les galeries Twitter comme dans des rayons de bouquinistes...

 

w – archiver ses twitts


Archiver Twitter. Il existe des plateformes qui vous proposent, à rythme régulier, un archivage de vos twitts. J’ai essayé, ce n’était pas concluant (NOTA : voir commentaire @BenoitMelancon ci-dessous pour AllMyTweets). Alors je fais ça manuellement, chaque début de mois, j’affiche mon propre compte, et je fais descendre l’ascenseur jusqu’au mois précédent, puis copier/coller dans un document traitement de texte (j’utilise Pages). J’ai ainsi, chaque mois, un gros fichier incluant les liens que j’ai retransmis, les conversations, et aussi les images, qui restent cliquables vers l’original (y compris si on exporte en PDF pour simplifier l’archive). Attention mieux vaut faire ça une fois par mois que tenter de le faire une fois par trimestre. Finalement, je me sers peu de ces archives : mais parfois... Du genre : attends c’était vers octobre, un site qui annonçait que... et la recherche par mots-clés (rien de plus facile, dans la petite fenêtre Spotlight du Mac) s’y retrouvera facilement dans le dédale. La British Library archive les twitts britanniques. Je suis plutôt heureux que cela ne soit pas venu à l’idée de la BNF pour la France. On n’enregistre pas les conversations aux terrasses de café. Twitter est à la fois un espace de publication et un espace privé, conversations privées dans un espace public, via un outil de publication. Noter aussi qu’il m’arrive régulièrement, le lendemain ou 3 jours plus tard, d’effacer un twitt dont je préfère qu’il ne fasse pas trace. Pour l’instant, je continue cet archivage manuel et sommaire, mais commode et rapide. J’ai commencé il y a 15 ou 18 mois, je n’ai donc pas d’archive de mes 2 premières années, j’en aurais curiosité là tout de suite – sauf exceptions, comme ce 26 mars 2010. Petit corollaire : nouvelle mode dans les médias presse, ces derniers temps : faire une copie écran d’un twitt et le produire comme image, datée et donc authentifiée, dans le corps de leur article, façon d’ailleurs assez bizarre de s’incliner par avance devant la supériorité de Twitter. Bizarre, tant un twitt sorti de son flux ressemble à un poisson gigotant sur un trottoir. Mais bien fini le temps où on pouvait s’amuser ici entre nous et dire toutes les conneries qui nous chantaient (et moi j’ai besoin de ça aussi, surtout dans les heures de code et de travail utilitaire, seul devant son ordi, mes copains @urbanbike ou autres @sobookonline loin, et quelques fêtards comme @dbourrion près).

 

x – du lien avec blog et site


Lier son site à son activité Twitter. Où les auteurs US ont pris longueur d’avance, c’est qu’ils n’hésitent pas à tremper la chemise, et ici il m’aura fallu un an pour décider @r_klapka à disposer d’un compte pour sa Lettre de la Magdelaine. Les gens de la presse, ici en France, semblent commencer à comprendre. Les politiques et les bateleurs aussi. Mais il ne faudrait pas demander à ces hautes gens de l’édition traditionnelle : les maisons ont toutes un compte, au mieux on emploiera un community manager qui se mangera tous les plâtres, mais ce qu’on identifie comme communication y reste strictement encapsulé. Or c’est précisément ce monde qu’on enterre : Twitter permet d’échapper à la communication comme filtre hiérarchique. On la tue. Alors pensez qu’il vaudra toujours mieux, comme certain ami (ami Twitter, jamais rencontré, opinions politiques et options professionnelles radicalement divergentes, mais du coup une relation qui a pris patine), dire les heures de marée haute et marée basse à Paimpol chaque matin... On fait signe de présence et d’accès. Mais même si votre compte Twitter se donne des limites parfaitement utilitaires, lien sur dernière mise à jour, au moins ça existera. Pour les auteurs @publienet, dans le passage à l’édition papier, le compte Twitter, l’adresse Facebook et bien sûr le nom du site seront imprimés en page de garde du livre. Reste une autre dimension, voir par exemple @edelabranche : lorsque Twitter n’est pas le relais d’une mise à jour du site, comme je le fais moi-même, mais quasiment le mode même de publication de l’intervention web... Le silo des ressources est ailleurs, mais l’espace public de ces ressources passe par Twitter – là on est loin encore d’une stabilisation de l’outil. Nota, enfin : dans les settings de votre compte, vous aurez remarqué l’outil widget, rien de plus simple qu’implanter sur votre propre blog ou site un petit rectangle comme ici à droite, avec vos 5 derniers messages...

 

y – et vous allez où comme ça ?


C’est presque un axiome depuis le début du web : son imprédictible. Dans les premiers mois de Facebook, avant même l’arrivée d’un Facebook en français, on devait y être 40 ou 60, mais on apprenait une nouvelle logique. J’ai créé un compte Google +, tout en me disant que j’aimerais bien que ce truc ne démarre pas, ce qui est le cas, ouf. J’ai un compte dormeur sur LinkedIn, curieux d’y trouver des liens avec des gens qui sinon ne mettent pas le bout du doigt dans l’activité réseau, ma page LinkedIn reflètera les liens css de mon compte Twitter et de ce site, mais je n’en ai jamais eu l’usage (si pourtant, une fois, et pour quelque chose qui a compté au-delà de ce que j’en attendais...). Avec Twitter, l’étonnant c’est qu’on est encore dans la phase de plasticité : qu’il devienne outil de masse le renforce paradoxalement comme outil de proximité, et le caractère permanent de son usage pour nos correspondants en renforce aussi la possibilité d’emploi comme outil de création littéraire en direct. Combien de fois, occupé à lire un livre papier, comme mon Saint-Simon du soir, j’ai iPhone posé sur la page à côté pour envoyer telle citation : est-ce que c’est vraiment pour les quelques connaissances en ligne à cet instant, ou seulement pour mon propre archivage, mon propre carnet ? J’allais dire : l’important dans Twitter n’est pas dans ce qu’on y fait, ni dans ce qu’on y découvre, mais – comme dans l’ensemble de l’aventure web –c’est qu’il faut y participer pour le piger avec les mains, et connaître les possibles par notre propre invention. Rien que cela c’est un merci.

 

z – à vous la suite


Mais vous avez peut-être votre propre idée de ce qui manque ?

 

Image d’en-tête : Monsu Desiderio, musée des Beaux-Arts d’Orléans. Cette toile, niveaux de circulation, agora, rues transversales, a servi de page d’accueil dans les premiers temps de remue.net (1998-2000), je continue de la trouver d’une merveilleuse affinité avec nos pratiques réseau.


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne 26 mai 2012 et dernière modification le 20 janvier 2015
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